| BANDEROLE, subst. fém. A.− Flamme ou étendard terminé en double pointe, dont on se sert, aux jours de combat ou de fêtes, pour orner les mâts d'un navire, les lances, les fanions. Les banderoles aux couleurs russes, françaises; le claquement des banderoles : 1. La brise autour des mâts roulait les banderoles.
Quinet, Napoléon,1836, p. 189. B.− P. anal. Longue bande d'étoffe qui sert d'ornement ou porte une inscription. Agiter, dérouler des banderoles : 2. Visite à travers les tentes. Musiques partout, grands préparatifs d'éclairage et d'illuminations publiques ou privées, officielles ou volontaires pour ce soir. Drapeaux, pavillons, banderoles : les couleurs françaises partout.
Fromentin, Voyage en Égypte,1869, p. 122. 3. La foule forme la haie, et je ne vois qu'elle : le cortège est caché... pas tout à fait : deux grands mâts passent, soutenant une banderole horizontale de calicot blanc, oscillant comme des mâts de navire, et accompagnant en s'inclinant les coups sinistres, les grosses caisses qui dominent tous les cris. Je distingue les caractères qui couvrent la banderole : « mort aux Anglais... »
Malraux, Les Conquérants,1928, p. 127. − P. ext. Bande de papier, de tissu; ruban : 4. « Pendant que je faisais ces réflexions, de grands cris de joie se firent entendre dans toute la place, et je vis passer huit chameaux décorés de banderoles... »
Bernardin de Saint-Pierre, La Chaumière indienne,1791, p. 119. − P. métaph. : 5. Elle [une phrase] fit des grâces un instant, puis s'élança, tirant après elle une banderole de mots toute sale.
Colette, Duo,1934, p. 222. ♦ Emploi adj., rare : 6. Fluide, dépliée à peine, significative, hélas (l'écriture de Claude Chameière) négligeant boucles et barres, effaçant les jambages, une écriture banderole qui rêvait d'évasion, je gagnais à la déchiffrer autant d'irritation que de malaise...
Colette, Fanal bleu,1949, p. 129. − Spécialement 1. ARM., vx. Pièce de buffleterie à laquelle est attachée la giberne du soldat. Bretelle d'un fusil, qui sert à le suspendre à l'épaule. 2. ICONOGR. Long ruban sur lequel, sur une statue, dans un tableau, une gravure, se déroule une inscription concernant l'identité du personnage représenté ou les paroles qui lui sont attribuées. Synon. phylactère : 7. ... ils ont des mots ouatés et blancs de confesseur, des mots tels qu'on en lit au long des banderoles peintes, dans les missels, aux lèvres des élus.
Rodenbach, Le Règne du silence,1891, p. 25. PRONONC. : [bãdʀ
ɔl]. Durée mi-longue pour la 1resyll. dans Passy 1914 et Barbeau-Rodhe 1930. ÉTYMOL. ET HIST. − 1. 1446 bannerolle « bande d'étoffe flottante terminée en double pointe qu'on arbore au sommet d'un mât, au fer d'une lance, autour d'un casque de tournoi » (Mém. d'Oliv. de la Marche, p. 410 dans Gay : Le Seigneur de Ternant entra dans la lice ... il ne portoit point de bannerolle de dévotion, la quelle chose je ne prise point); 2. 1584 banderolle (Nicot dans Jal2: banderolle, c'est une petite bandière et banière telle qu'on porte au bout d'une lance ou qu'on met au hault des arbres d'un navire. Aucuns dient bannerolle); cf. 1578 (H. Estienne, Dial. du lang. franç. ital., I, 367 dans Hug. : Je ne doute ni de l'ancienneté que vous dites [du mot Banniere], ni de l'origine. Mais toutesfois on l'a nommee en quelques lieux Bandiere : et suivant ceci sa fille est appelee Banderole plustost que Bannerole : encore qu'aucuns aiment mieux luy donner ce nom que l'autre).
Empr. à l'ital. banderuola (Est., supra; Kohlm., p. 30; Sar., p. 39; DG; REW3, no929; FEW t. 1, pp. 233-34, t. 151, pp. 53-56; EWFS2; DEI; Bl.-W.5; Dauzat73; Jal2) attesté dep. xves. (DEI); cf. 1618 (Buonarroti Il Giovane, La Fiera, 187 dans Batt.). 1 reflète l'infl. de bannière. STAT. − Fréq. abs. littér. : 117. BBG. − Kuhn 1931, p. 169. − Sar. 1920, p. 39. |