| BANDEAU, subst. masc. A.− Bande généralement d'étoffe dont on ceint le front, la tête : 1. Elle portait un bandeau sur le front, selon la loi de Moïse, pour cacher ses cheveux, afin de ne pas séduire les étrangers.
Erckmann-Chatrian, L'Ami Fritz,1864, p. 66. SYNT. Un bandeau blanc, noir; un bandeau de cuir, de soie, de toile; le bandeau des religieuses; ajuster, dénouer un bandeau. − P. métaph. : 2. ... ce bandeau de tilleul qui borde les quatre faces de la place Royale et en complète la grave harmonie.
Nerval, Nouvelles et fantaisies,1855, p. 181. ♦ Bandeau royal. Diadème dont les rois se ceignaient le front. Ceindre le bandeau royal. Monter sur le trône. − P. anal., spéc. 1. ARCHIT. Plate-bande unie, en saillie autour d'une baie de porte ou de fenêtre. Bandeau décoratif, grec; bandeaux sculptés : 3. ... sa maison de Fiesole qui, rose et couronnée d'un bandeau de balustres, regardait la ville incomparable.
A. France, Le Lys rouge,1894, p. 113. 2. MODES. Coiffure en bandeaux. Coiffure qui sépare les cheveux au milieu du front, les ramenant sur les côtés du visage et couvrant ou non les oreilles. Bandeaux plats ou bouffants, bandeaux d'amour, à la vierge; se coiffer en bandeaux : 4. Mais Gilbert ne voyait que les beaux cheveux blond châtain, bien lissés en bandeaux et relevés en chignon, le cou mince et veiné de bleu, le visage rose, ...
R. Bazin, Le Blé qui lève,1907, p. 280. Rem. Les coiffures en bandeaux encadrant plus ou moins étroitement l'ovale de la tête, conviennent surtout aux visages fins et réguliers et reviennent périodiquement à la mode. B.− P. ext. 1. Bande, morceau d'étoffe que l'on attache sur les yeux de quelqu'un pour l'empêcher de voir : 5. Les deux autres gagnèrent le bois : celui que j'appelle le monsieur, bien qu'il n'eût qu'un chapeau troué, une méchante veste et celui qui porte bandeau noir sur l'œil avec un air de revenir des galères.
Pourrat, Gaspard des montagnes,Le Château des sept portes, 1922, p. 201. 6. Septembre se relâche. Mais Août est tout dur et en feu. (Glissant les doigts sous le bandeau de sa coiffe :) − Que ce bandeau me serre!
Montherlant, Port-Royal,1954, p. 1006. SYNT. Le bandeau de colin-maillard, du condamné à mort; avoir, porter un bandeau sur l'œil, sur les yeux. − P. métaph. : 7. Mais on lit les journaux comme on aime, un bandeau sur les yeux. On ne cherche pas à comprendre les faits. On écoute les douces paroles du rédacteur en chef comme on écoute les paroles de sa maîtresse.
Proust, Le Temps retrouvé,1922, p. 751. 8. J'ai quitté le jardin sans qu'une fois la pensée m'effleurât que je n'y remettrais sans doute jamais les pieds. Ah, la nuit dans laquelle nous sommes tous, et ce bandeau que rien au monde ne peut nous arracher de dessus les yeux!
Green, Journal,1940, p. 30. − Au fig. Mettre un bandeau sur les yeux de qqn. L'abuser. Se mettre un bandeau sur les yeux. S'abuser soi-même. Le bandeau de la crédulité, de la superstition. 2. Synon. de bandage* : 9. Aucun des blessés n'avait changé son bandeau.
Malraux, L'Espoir,1937, p. 600. PRONONC. : [bɑ
̃do]. Pour Fér. 1768 et Fér. Crit. t. 1 1787 la 1resyll. est longue, la 2edouteuse au sing., mais longue au pluriel. ÉTYMOL. ET HIST. − Av. 1105 judéo-fr. bendel (Gloses de Raschi, éd. Darmesteter et Blondheim cité par R. Levy, p. 488); ca 1167-70 a. fr. bendel [au cas sujet bendiaus] « petite bande » (G. d'Arras, Ille et Galeron, éd. W. Foerster, 1805 dans T.-L. : d'un cendé A lasquement son cief bendé. Li bendiax ert këus a val, Et cele esgarde son grant mal), forme encore en usage au xives., J. Lefevre, trad. la Vieille, ibid.; av. 1463 bandeau emploi partic. « ce qui entrave la liberté » (Villon,
Œuvres, IX, 19, éd. Longnon et Foulet : Ou gist, il n'entre escler ne tourbillon : De murs espoix on lui a fait bandeaux. Le laisserez la, le povre Villon?); 1482 « morceau d'étoffe dont on couvre les yeux de qqn [ici d'un condamné] pour l'empêcher de voir » (Molinet, Mystère de Saint Quentin, v. 9811 cité par Dupire dans J. Molinet, la vie, les œuvres, Paris, 1932, p. 163 : Prendrés espees et bandeaux Pour decoller ces trois loudiers); 1601 fig. bandeau d'oubli (Montchrestien, Cartagin, dans
Œuvres, éd. Petit de Julleville, p. 120); 1567 « coiffe de femme » (Arch. Nord, B 19204, fo9 dans IGLF Litt. : Deux coeuvrechiefz, deux collerettes, une huve a femme et ung bendeau); 1676 archit. (A. Félibien, Des Principes de l'archit., de la sculpt., de la peint. et des autres arts qui en dépendent, Paris, J.-B. Coignard, p. 487); 1832 « coiffure de femme divisant les cheveux au milieu de la tête et les ramenant sur les côtés » (Musset, À quoi rêvent les jeunes filles? p. 340).
Dimin. de bande1*; suff. -eau*. STAT. − Fréq. abs. littér. : 663. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 011, b) 1 143; xxes. : a) 1 031, b) 723. BBG. − Gir. t. 2 Nouv. Rem. 1834, pp. 15-16. − Gottsch. Redens. 1930, p. 140. |