| BANALISER, verbe trans. A.− [Le suj. désigne une pers. ou une chose] Rendre banal. Banaliser qqc. ou qqn; forme pronom. se banaliser. 1. Banaliser un objet. Le rendre courant, lui enlever toute originalité, le rendre vulgaire. Synon. égaliser, niveler, polir : 1. Un maquillage qui ne se borne pas à souligner les traits caractéristiques d'une physionomie, qui prétend les corriger et les banaliser au nom d'un canon de beauté − lequel n'est souvent qu'une mode annuelle − affadit les figures et affaiblit leur vertu expressive.
Arts et litt. dans la société contemp.,1935, p. 4403. 2. Dès que tu prends ta plume de romancier, on dirait que l'effort de fabrication, l'habileté technique, un souci excessif de correction et de tenue, étouffent certains dons primordiaux, et banalisent ce que tu écris.
R. Martin du Gard, Souvenirs autobiographiques,1955, p. LXXX. SYNT. Banaliser un geste, une image, un mot, un répertoire, un texte. − De même forme pronom. : 3. Peu à peu le sentiment va se schématiser et se figer dans des formes rigides (...) les images que nous avons d'Annie vont se banaliser.
Sartre, L'Imaginaire,Paris, Gallimard, 1940, p. 186. 2. Banaliser qqn : 4. Si jamais je me présente à l'Académie (...) cela ne me banalisera pas, au contraire...
Zola, Correspondance,1902, p. 700. 5. J'espère ne pas revoir Lady Griffith d'ici longtemps. Je regrette qu'elle nous ait enlevé Vincent, qui, lui, m'intéressait davantage, mais qui se banalise à la fréquenter; roulé par elle, il perd ses angles.
Gide, Les Faux-monnayeurs,1925, p. 1111. 3. Emploi abs. : 6. le baron c. d. − Un homme [Charles Dupin] qui généralise et banalise à propos de tout...
Sainte-Beuve, Causeries du lundi,t. 11, 1851-62, p. 483. B.− Emploi techn., CH. DE FER 1. Banaliser une locomotive. Obtenir un meilleur rendement en la faisant conduire par deux équipes successives. 2. Banaliser une voie de chemin de fer. L'utiliser en faisant circuler les trains tantôt dans un sens, tantôt dans l'autre à la manière des voies uniques; par suite équiper cette voie d'une double signalisation. 3. Banaliser un train. Le faire circuler en sens opposé sur une voie banalisée. Rem. 1. Banalisant, ante, part. prés. de banaliser et adj. (Attesté dans Mounier, Traité du caractère, 1946, p. 749 : ,,rien n'est moins banalisant que...``). 2. Banalisé, ée, part. passé de banaliser et adj. Une ville banalisée; une prière banalisée; un sentiment banalisé; un agent administratif banalisé. PRONONC. : [banalize], (je) banalise [banali:z]. ÉTYMOL. ET HIST. − 1. 1842 trans. et pronom. (J.-B. Richard de Radonvilliers, Enrichissement de la lang. fr., Paris, Pilout : Banaliser (se) [...] rendre, devenir banal; imposer la banalité, rendre un objet à l'usage d'un grand nombre, à un usage commun, et y assujettir); 2. 1960 ch. de fer. (Lar. encyclop.).
1 dér. de banal* étymol. 2; suff. -iser*; 2 formé sur le rad. de banalisation* étymol. 2; dés. -er. STAT. − Fréq. abs. littér. : 19. BBG. − Giraud-Pamart 1971. |