| BALUSTRE, subst. masc. A.− ARCHITECTURE 1. Colonnette de forme renflée, généralement assemblée à d'autres colonnettes par une tablette à hauteur d'appui : 1. Lucien monta par un vieil escalier à balustres de châtaignier dont les marches cessaient d'être en pierre à partir du premier étage.
Balzac, Les Illusions perdues,1843, p. 55. 2. ... un pont de briques et de pierre assez large pour que deux carrosses y pussent rouler de front, et garni de garde-fous à balustres.
T. Gautier, Le Capitaine Fracasse,1863, p. 85. 3. La pierre se prête parfaitement au tournage et au rabotage; c'est ainsi que sont exécutés, notamment, les balustres des balcons et garde-corps, les colonnes, les moulures des marches d'escaliers, bandeaux, etc.
Arts et litt. dans la société contemp.,1935, p. 2004. 4. L'on passe entre des villas qui la dominent de leurs murs de jardins, de leurs grilles, de leurs feuillages, de leurs façades, de leurs pilastres, de leurs balustres, de leurs fleurs : tous les ornements que l'homme peut mettre au service de son loisir, de sa rêverie, ...
Romains, Les Hommes de bonne volonté,La Douceur de la vie, 1939, p. 74. SYNT. Entablement, escalier, garde-fou à balustres; les balustres des balcons, des garde-corps; balustre corinthien, ionique; balustre de bois, de bronze, de marbre (Ac. 1835-1932); pied en balustre. 2. Colonnette soutenant la main-courante d'un escalier : 5. Un escalier en bois, peint en marbre blanc veiné de bleu; une rampe soutenue par des balustres plats, bronzés; ...
E. et J. de Goncourt, Journal,1861, p. 962. 3. P. méton., vx. Balustrade : 6. Au-dessus de ce rez-de-chaussée régnait une galerie saillante avec un balustre de bois à fuseaux tournés, ...
Soulié, Les Mémoires du diable,t. 1, 1837, p. 44. − En partic. a) Petite balustrade servant de clôture dans une église. Balustre d'autel (Ac. 1798-1932); balustre fermeture (Bach.-Dez. 1882); cf. chancel. b) Balustrade servant de clôture dans une chambre de parade. Le balustre du lit d'un prince (Ac. 1835-1878; Besch. 1845). Seigneur à balustre. Prince ayant droit comme le roi, au dais et au balustre. (Attesté dans Lar. 20eet Lar. encyclop.).Entrer dans le balustre. ,,Approcher un prince lorsqu'il est à table, ou à son lever`` (Besch. 1845). Au fig. Les honneurs. (Attesté dans DG). c) ,,Galerie de théâtre`` (DG). P. méton. ,,Spectateurs placés à cette galerie`` (DG). B.− P. anal. 1. ÉBÉNISTERIE. Sorte de colonnette servant d'ornement au dossier d'une chaise. Chaise à balustres (DG). Colonnette servant à soutenir un meuble ou une partie d'un meuble (cf. J. Viaux, Le Meuble en France, 1962, p. 51). Pieds en balustre (J. Viaux, Le Meuble en France,1837p. 149). − Emploi adj. Pieds balustres (attesté dans Quillet 1965). 2. ORFÈVR. ,,La partie de la monture d'un chandelier, qui se trouve ordinairement placée vers le milieu`` (Chesn. 1857). − Emploi adj. Tige balustre (S. Grandjean, L'Orfèvr. du XIXes. en Europe,1962, p. 56). 3. TECHNOL. Compas à balustre, ou, p. ell., balustre. ,,Compas pour tracer de très-petits cercles, qui a ses branches surmontées d'une sorte de petit manche en forme de balustre, au moyen duquel on manœuvre l'instrument entre le pouce et l'index`` (Lar. 19e). Prononc. : [balystʀ
̥]. Étymol. et Hist. 1. 1529 archit. « petit pilier façonné » (J. et R. Parmentier, Disc. de la navigation, 32, Schefer d'apr. Delboulle dans R. Hist. litt. Fr., t. 4, p. 134 : Moulures d'antique... avec balustres mignonnement tournées); 2. 1680 menuis. « colonnette ornant le dos d'un siège » (Rich.) Empr. à l'ital. balaustro (Kohlm, p. 30; Sar. p. 19; FEW t. 1; Nyrop t. 1, § 43, REW3, no896; DEI; Dauzat 1968; Bl.-W.5) comme terme d'archit. dep. av. 1574 (G. Vasari [1511-1574] I-993 dans Batt.) issu de l'a. ital. balaustra (ital. mod. balausta) « fleur et fruit du grenadier » (xives., Crescenzi volgar, ibid.) en raison de l'anal. de forme entre les piliers façonnés et la fleur de grenadier; l'ital. balaustra bot. est dér. de l'ital. balaustio terme de bot. de même sens, attesté dep. 1550 (Mattioli, Volgurizzamento di Dioscoride, I-245, ibid.), empr. au lat. balaustium « fleur du grenadier sauvage » (Pline, Nat., 13, 113 dans TLL s.v., 1692, 50) d'où le m. fr. balauste (1314, H. de Mondev., Chirurgie, éd. A. Bos, 1560); balustre (av. 1590, Paré, II, I, ibid.). L'esp. balaustre terme d'archit., dep. 1600 (Cor.), empr. lui-même à l'ital., ne peut être à l'orig. du mot fr. comme le propose Wind, p. 57; v. aussi Rupp., p. 283. Fréq. abs. littér. : 113. BBG. − Sar. 1920, p. 19. |