| BALIVERNE, subst. fém. A.− Fam. (gén. au plur.). Propos ou écrits futiles et souvent erronés. Dire, conter, débiter, raconter des balivernes. Synon. billevesée, chanson, sornette : 1. Moi, je lui répondis le plus sérieusement que je pus : − nous ne sommes pas ici pour dire des balivernes; il faut aller à la prison, c'est la consigne, et il n'y a pas de remède.
Mérimée, Carmen,1847, p. 34. 2. ... on avait dû se décider à faire venir les ouvriers pour rafistoler tant bien que mal la toiture : Christophe les entendait travailler et causer, au-dessus de sa tête. Il y en avait un, qui l'amusait et l'agaçait; il ne s'interrompait pas un instant de parler tout seul, rire, chanter, dire des balivernes, siffler des inepties, causer avec soi-même, sans cesser de travailler; ...
R. Rolland, Jean-Christophe,Dans la maison, 1909, p. 963. − Spéc. Plaisanterie : 3. Si une tierce personne connaît les règles, s'en mêle et fait fausse route, bref si elle plaisante, je me glace et je souhaite qu'on cesse le feu. Car jouer n'est pas plaisanter et les bonnes histoires ne me font pas rire... Rien n'est plus rare qu'une société qui s'amuse et ne confond pas l'invention et la baliverne.
J. Cocteau, La Difficulté d'être,1947, p. 165. ♦ Trève de balivernes (cf. Malraux, La Condition humaine, 1933, p. 377). B.− Idées, croyances, coutumes, institutions, etc., sans grand fondement ou considérées comme telles : 4. Avez-vous lu, Monsieur, la vie de Descartes? Ayant l'occasion comme vous, de quitter un instant la vie dissipée, il se mit à examiner les 40 ou 50 choses qu'il regardait comme des vérités. Il s'aperçut que ces vérités prétendues n'étaient que des balivernes à la mode... Examinez les balivernes que le charlatanisme parisien fait passer pour des vérités.
Stendhal, Correspondance,t. 3, 1842, p. 110. − Iron. [À la fin d'une énumération] Et autres balivernes. ,,L'art militaire : tactique, stratégie, fortifications, artilleries et autres balivernes`` (A. France, La Révolte des anges,1914, p. 299). C.− Plus rarement. Action, comportement, occupation puérils ou stupides et sans grand intérêt. S'amuser, s'occuper à des balivernes. Synon. bagatelle (cf. bagatelle B 1) : 5. Je suis sérieux, moi, je ne m'amuse pas à des balivernes!
Saint-Exupéry, Le Petit Prince,1943, p. 447. Rem. Besch. 1845 enregistre le synon. balivernerie, subst. fém. et A. Delvau, Dict. de la lang. verte, 1867, p. 28 enregistre baliverneur, subst. masc. ,,diseur de riens``. PRONONC. : [balivε
ʀn]. ÉTYMOL. ET HIST. − 1464 (Maistre Pierre Pathelin, éd. Richard T. Holbrook, 810 : Hé! quelz bailleurs de balivernes sont ce cy?).
Orig. obsc.; peut-être déverbal de baliverner*, malgré un écart chronol. (Guir. Étymol., p. 13). Le rapprochement avec le prov. mod. baiuverno « étincelle », proposé par Schuchardt dans Z. rom. Philol., t. 28, p. 144, est peu vraisemblable, ce mot paraissant d'autre part récent et lui-même d'étymol. obsc. (v. REW3, 3226). STAT. − Fréq. abs. littér. : 102. BBG. − Lammens 1890, p. 40. |