| BALLE4, BALE, BÂLE, subst. fém. AGRIC., BOT. Pellicule qui enveloppe les grains des Graminées (blé, avoine, maïs, etc.) utilisée notamment pour l'alimentation animale. Rem. Dans le lang. cour., se dit surtout à propos de l'avoine dont les balles sont préférées à la plume pour les matelas et oreillers des lits d'enfants : 1. ... Sa paille [du blé] était courte, mais son grain était bien nourri. Il a aussi des harmonies négatives avec l'eau par les balles de son épi. Ces balles sont ce que les botanistes appellent calices dans les autres fleurs...
Bernardin de Saint-Pierre, Harmonies de la nature,1814, p. 54. 2. ... le jeune nourrisson
S'endormit dans la paille et la balle et le son,
Ses deux genoux pliés sous son ventre charnel.
Péguy, Ève,1913, p. 815. − P. ext., région. Menue paille : 3. ... il [le chaulier] la remplit d'eau [une cavité], et la recouvre d'un peu de cette menue paille, de cette balle de blé si légère.
J. de La Varende, La Normandie en fleurs,1950, p. 121. − P. métaph. : 4. C'était un navire symbole, qui flottait toujours, mais vers des rives dénudées, des révoltes sans lendemain, mutilées, avortées (...) transportant sa cargaison qui ne nourrirait jamais personne, non pas le blé d'une moisson, mais seulement un « son », une « balle », sans principes vitaux...
P. Vialar, La Mort est un commencement,Risques et périls, 1948, p. 115. Prononc. et Orth. Cf. balle1. Ac. 1798 et 1932 enregistrent uniquement balle. Cf. aussi DG, Pt Lar. 1968 et Lar. Lang. fr. Ac. 1835 consacre à bâle une vedette de renvoi à balle en signalant que ,,les botanistes écrivent plus ordinairement bâle``. Ac. 1878, s.v. balle, renvoie à bale. On trouve les formes bâle et bale à côté de balle dans Littré; la forme bale seule à côté de balle dans Rob. et Pt Rob. Homon. et homogr. : balle1, balle2, balle3. Étymol. et Hist. Ca 1220 agric. « enveloppe des grains de céréales » (Pean Gatineau, St Martin, éd. W. Söderhjelm, 9851 dans T.-L. : De la balle fesoient coites Et le grain a lor pors donoient), attest. isolée; 1549 bale (Est.). Orig. incertaine. L'existence d'une part, de la forme de l'Ouest bel, bele (Maine et Loire, ALF point 1452 d'apr. Gamillscheg dans Z. rom. Philol., t. 43, p. 563) dont le vocalisme peut représenter un -a- accentué libre, d'autre part des formes bavo, bago, attestées dans le Massif Central et dont le consonantisme représente un traitement local du -l- intervocalique (différent du traitement du -ll-) devenu -v- et -g- (Dauzat dans Fr. mod. t. 21, p. 110), supposent un prototype *bela et non *balla. Gamillscheg (loc. cit., p. 564 et EWFS2) et Dauzat (loc. cit. et Dauzat 1968) attribuent à ce prototype une orig. celt. : *bala serait une forme collective d'un gaul. *balu qui remonterait à la racine i.-e. *bh(e)l- « gonfler, bouffer », élargie en *bh(e)legh- « enfler » qui apparaît dans le gaul. bulga « sac de cuir », le britannique bolc'h « cosse de lin », le kymr. bùl « gousse », v. aussi IEW, p. 120, 125 et 126. Dans cette hyp., la forme en -a- (bale) serait issue des dial. du Sud-Ouest où a- suivi de -l- demeure, d'autre part l'a. fr. baler « vanner » (au fig. ca 1160, B. de Ste Maure, Ducs Normandie, II, 9200, Michel dans Gdf. : Dites lui bien, c'en est la summe. Que ja ne serom mais si home, C'est mais tot escos e balé, N'il a nos sire n'avoé), est à rattacher au mot étudié et différent de l'a. fr. baler (baller*). L'hyp. d'un subst. verbal de l'a. fr. baler « vanner », considéré comme même mot que l'a. fr. baler, baller* « danser » (FEW t. 1, p. 219b et Bl.-W.5), fait difficulté du point de vue phonét., parce que ne pouvant rendre compte des formes dial. énumérées plus haut. STAT. − Balle 1, 2, 3, 4. Fréq. abs. littér. : 2 313. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 873. b) 4 334; xxes. : a) 3 519, b) 3 799. BBG. − Dauzat (A.). Balle. Fr. mod. 1953, t. 21, p. 110. − Nysten 1824. − Stimm (H.). Zu gallo-romanisch balaier. In : [Mél. Wartburg (W. von)]. Tübingen, 1958, p. 797. |