| BALBUTIANT, ANTE, adj. I.− Part. prés. de balbutier*. II.− Adjectif. A.− Qui balbutie, qui parle d'une manière confuse et hésitante (cf. balbutier A 1). 1. [Se dit d'une pers.] :
1. ... je suis un être inconnu, un pays étranger, un mystère. Un pauvre être inconnu, tout gauche et tout balbutiant devant elle; ...
Larbaud, Fermina Marquez,1911, p. 43. 2. P. méton. [Se dit d'un organe intervenant dans l'articulation (bouche, lèvres, langue) ou de son produit (son, voix)] :
2. ... cette prière étouffée n'arrivait à mes lèvres qu'avec la force du souffle d'un agonisant qui dit : Adieu! Elle expirait en sons inarticulés sur ma bouche balbutiante.
Nodier, Smarra,1821, p. 74. 3. Serge, dit-elle, je viens te chercher. Le prêtre leva la tête, très pâle, avec un tressaillement. Il resta à genoux, il se signa, les lèvres balbutiantes encore de sa prière.
Zola, La Faute de l'Abbé Mouret,1875, p. 1462. 4. Immobile, il haletait et béait, ses yeux clignotaient et sa langue balbutiante ne trouvait pas les syllabes.
A. Arnoux, Rêverie d'un policier amateur,1945, p. 50. Rem. S'agissant de la voix d'un enfant, plus précisément : « où la parole est articulée d'une manière enfantine ». − Spéc. [Avec un mot exprimant un énoncé (propos, phrase, prière, adoration, excuse)] Dont les éléments sont prononcés en balbutiant, d'une manière peu distincte : 5. ... elle avait perdu sa mère très jeune [Audeberthe] et élevée par une dolente et vieille aïeule, bouche édentée marmottant sans cesse de balbutiantes prières, elle avait grandi dans la solitude...
J. Lorrain, Sensations et souvenirs,1895, p. 139. 6. Dans ce bar où Claudius m'avait traîné, (...) nous n'avions pu tirer du gros entraîneur que de balbutiants propos d'homme ivre, ...
J. Lorrain, M. de Phocas,1901, p. 265. B.− Fig. [Se dit d'une manifestation de la vie hum.] 1. [En parlant de la connaissance de sciences, de doctrines] Qui est faible ou élémentaire parce que encore dans ses débuts. Science balbutiante : 7. ... le jour où la caractérologie, encore balbutiante, connaîtra les étourdissantes découvertes qui illustrèrent au siècle dernier le développement des sciences physiques, elle viendra elle aussi à se croire maîtresse de nos destins.
Mounier, Traité du caractère,1946, p. 680. 2. [En parlant d'une œuvre de l'intelligence hum.] Qui est informe : 8. On suit même, à travers son œuvre [de Nietzsche] vociférante, chuchotante, balbutiante, bredouillante, les changements de ton et d'accent de cinq ou six ancêtres tyranniques, auxquels il cède tout le terrain, avec des yeux exorbités d'épouvante.
L. Daudet, L'Hérédo,1916, p. 72. 3. [En parlant de tout autre acte hum.] Qui est confus ou débile, en raison par exemple du manque de tempérament ou du grand âge : 9. Cet érotisme sénile et balbutiant (...) provoque toujours la répugnance (...) l'insulte des jeunes gens bien constitués...
A. Arnoux, Pour solde de tout compte,1958, p. 119. 10. ... des mariages récents et de leurs accouplements prolongés et de peu de nerf, aux résolutions émoussées, balbutiantes...
A. Arnoux, Visite à Mathusalem,1961, p. 133. − Emploi subst. [En parlant d'une pers., dans le domaine littér. et artistique] Personne qui s'exprime en balbutiant, d'une manière hésitante ou peu ferme : 11. Des artistes comme Cézanne, ou Péguy par exemple, entraient dans ce qu'il [Barrès] appelait la catégorie des balbutiants.
J. Tharaud, Mes années chez Barrès,1928, p. 270. 12. ... curieuse cette nature d'oisif [R. Boylesve], ce liseur infini, produire une œuvre considérable; ce tempérament assez voluptueux s'astreindre à l'ennui d'une tâche constante; cet hésitant, qui s'avance comme à tâtons dans la vie, procéder de sa modestie première, s'élever au sommet par des mouvements indécis; ce balbutiant, en venir à déclarer même violemment les choses les plus hardies; ...
Valéry, Variété 4,1938, p. 27. PRONONC. : [balbysjɑ
̃], fém. [-ɑ
̃:t]. STAT. − Fréq. abs. littér. : 283. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 234, b) 603; xxes. : a) 812, b) 191. |