| BAIGNOIRE, subst. fém. I.− Cuve de métal ou d'émail de forme ovale dans laquelle on peut prendre des bains en position assise ou couchée. A.− En gén. Appareil sanitaire d'usage individuel. Baignoire en sabot (Lar. 20eet Rob.): 1. L'appartement du quai d'Austerlitz n'avait point de salle de bains. La salle de bains était un luxe, en cette année 1907. Nous fîmes venir une baignoire. Deux hommes en maillot rayé montaient, avec de grands seaux en cuivre rouge, l'eau chaude qu'ils avaient apportée dans un réservoir de tôle.
G. Duhamel, Chronique des Pasquier,Le Désert de Bièvre, 1937, p. 261. SYNT. Baignoire de faïence (Lar. 20e), de zinc (Lar. 19e); baignoire en bronze, en céramique, en porcelaine, en porphyre, en tôle émaillée (Rob.), en marbre blanc; baignoire portative; chaleur humide de baignoire, les robinets de la baignoire; la baignoire est bouchée. − Rare. [En parlant d'une piscine de dimensions réduites] :
2. La messe entendue, nous sommes allés faire une visite aux bains. Il y a plusieurs établissements. (...). C'est tout un monde de malades, boiteux, enrhumés, qui se pressent autour de ces baignoires, comme les paralytiques auprès des piscines miraculeuses.
E. de Guérin, Lettres,1846, p. 483. ♦ (Petit) bassin pour le bain d'un animal : 3. Il s'appelait Loulou. Son corps était vert, le bout de ses ailes rose, son front bleu, et sa gorge dorée. Mais il avait la fatigante manie de mordre son bâton, s'arrachait les plumes, éparpillait ses ordures, répandait l'eau de sa baignoire; ...
Flaubert, Trois contes,Un Cœur simple, 1877, p. 52. − P. métaph. : 4. Cette villa, cette baignoire, où Mmede Guermantes transvasait sa vie, ne me semblaient pas des lieux moins féeriques que ses appartements.
Proust, Le Côté de Guermantes 1,1920, p. 35. B.− MÉD., PHARM. Baignoire oculaire. Petit vase servant à baigner l'œil. Synon.
œillère, gondole : 5. M. L'Ambert traita son nez comme un malade qu'il faut nourrir à part et coûte que coûte. Il commanda pour lui seul une petite baignoire de vermeil. Six fois par jour il le plongea et le maintint patiemment dans des bains de lait, de vin de Bourgogne, de bouillon gras et même de sauce aux tomates. Peine perdue! Le malade sortait du bain aussi pâle, aussi maigre, aussi déplorable qu'il y était entré.
About, Le Nez d'un notaire,1862, p. 155. II.− Emplois spéc. [P. anal de la forme] .
A.− THÉÂTRE. Loge de rez-de-chaussée saillante et arrondie située au bord de l'orchestre et sous le premier balcon. Louer une baignoire (Ac. 1835-1932), prendre une baignoire, baignoire grillée : 6. [Lors de la bataille d'Hernani] l'armée ennemie, dispersée en petits pelotons, occupait le plus grand nombre des loges, le balcon et les baignoires. C'est là qu'elle avait placé son artillerie de sifflets; c'est de là qu'elle dirigeait ses perfides batteries de ricanemens et de murmures.
Musset,« Revue des deux Mondes », 1833, p. 603. 7. Ne sachant que faire de ma triste personne, j'allai à l'Opéra. J'avais besoin d'entendre de la musique et de sentir des harmonies couler dans mon cœur. Je pris une loge de baignoire afin d'être seul et invisible.
Du Camp, Mémoires d'un suicidé,1853, p. 134. Rem. ,,Se dit aussi d'un billet de baignoire que l'on prend à la porte du théâtre (...). Prendre une baignoire, demander deux baignoires`` (Besch. Suppl. 1845-46). B.− Autres emplois 1. Arg. Baignoire à bon Dieu. Calice : 8. Ils ont tout chambardé à Saint-Joseph : ils ont (...) et emporté la baignoire à Bon Dieu (Correspondance d'un Pantinois).
Bruant1901, p. 83. − Arg. milit. Baignoire à serin. ,,Quart`` (A. Rieu-Vernet, L'Arg. du Poilu, 1917, p. 23). 2. BOT. Baignoire de Vénus. ,,Nom vulgaire de la cardère ou chardon à foulon, dont les feuilles opposées et soudées par la base forment une cavité remplie d'eau après les pluies. ``(Lar. 19e) Synon. bain de Vénus (Lar. 19e). 3. MAR. ,,Partie ouverte des embarcations demi-pontées. Synon. d'hiloire pris dans ce sens`` (Soé-Dup. 1906). Synon. cockpit (Gruss 1952). − MAR. MILIT. ,,Sur les sous-marins, on appelle « baignoire » la partie supérieure du kiosque du navire qui sert de poste de navigation en surface à l'officier de quart et au timonier. Son nom vient de sa forme et de ce qu'on y est mouillé s'il y a un peu de mer`` (Le Clère 1960). 4. SPORTS a) ALPINISME. ,,Encoche faite à l'aide d'un piolet dans un glacier pour servir de marche (...). Baignoire ou bénitier désignent aussi, en rocher, des prises rappelant par leur forme la baignoire taillée dans la glace et qui sont confortables, successivement, pour la main et pour le pied`` (Gautrat 1970). b) SKI. ,,Trous dans la neige provoqués par les chutes des skieurs et qui constituent des obstacles artificiels que l'on doit éviter`` (Gautrat Ski 1969). 5. TECHNOL. ,,Chez les hongroyeurs, (...) sorte de poêle dans laquelle on fait chauffer l'eau d'alun et le suif qui servent à l'apprêt des cuirs`` (Chesn. 1857). 6. ZOOL. (conchyliologie). ,,Nom vulgaire de deux coquilles, l'une du genre triton, l'autre du genre avicule`` (Lar. 19e). PRONONC. : [bε
ɳwa:ʀ]. ÉTYMOL. ET HIST. − 1. 1remoitié xiiies. « récipient, bac dans lequel on se baigne » (Sermons écrits en dial. poit., ms. 124, bibl. Poitiers ds A. Boucherie, Le Dial. poit. au XIIIes., Paris, 1873, p. 37 : En icel luc aveit. VI. ydres de peire qui esteient apelées baignoires, où li Jue se baignoient e lovoient par estre nepte e por religion, si cum costume estoit à icel temps); 2. 1833 théâtre, supra ex. 6.
Dér. de baigner*; suff. -oire (-oir*). STAT. − Fréq. abs. littér. : 305. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 109, b) 484; xxes. : a) 515, b) 633. BBG. − Wexler (P. J.). Pour l'ét. du vocab. des vaudevilles. In : [Mél. Cohen (M.)]. The Hague-Paris, 1970, p. 210. |