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BAGAGE, subst. masc.
I.− Lang. cour.
A.− Gén. au plur. Ensemble des objets et des effets que l'on emporte avec soi en voyage ou en déplacement. Emporter peu, beaucoup de bagages (Ac. 1932), voyager sans bagages (DG, Quillet 1965) :
1. Pendant cette conversation, nous étions arrivés à la gare, j'avais pris mon billet et faisais enregistrer mes bagages. Barrès, Le Jardin de Bérénice,1891, p. 165.
B.− Au sing. Valise, sac, malle qui contient les objets ou les effets que l'on emporte avec soi. Bagage à main (Lar. encyclop.) :
2. Tu me diras aussi ce que tu auras comme bagage (probablement une valise) pour que j'avise aux moyens de transport. Rivière, Correspondance[avec Alain-Fournier], 1907, p. 227.
Rem. Dans les ch. de fer ou les transp. par avion on distingue des bagages à main (ou à la main), les bagages non enregistrés, non accompagnés (cf. Lar. comm. 1930 et Barr. 1967).
Fam. Tout son (petit) bagage. Mobilier, biens de toute nature que possèdent des gens de condition modeste. Ils emportèrent tout leur bagage sur une petite voiture (Ac.1835-1932) :
3. ... elle enferma tout son petit bagage dans un mouchoir... Flaubert, Trois contes,Un Cœur simple, 1877, p. 11.
C.− P. ext., emplois techn.
1. MILIT. (TECHN.). Ensemble du matériel nécessaire à une armée en campagne. Les bagages de l'armée (Ac. 1835-1932) :
4. En plus du bagage réglementaire et obligatoire − les deux boîtes de singe, les douze biscuits, les deux tablettes de café et les deux paquets de potage condensé, le sachet de sucre, le linge d'ordonnance et les brodequins de rechange − nous trouvons bien moyen d'y mettre [dans le sac] quelques boîtes de conserves, du tabac, du chocolat, des bougies et des espadrilles, voire du savon, une lampe à alcool, et de l'alcool solidifié et des lainages. Barbusse, Le Feu,1916, p. 197.
2. TRANSP. Cheval de bagage (Ac. 1798-1878; cf. aussi About, La Grèce contemporaine, 1854, p. 15).Porte-bagages. Dispositif adapté à un véhicule, fixé dans un lieu (p. ex. un compartiment de ch. de fer) pour transporter des bagages. Mettre les bagages dans le filet du porte-bagages (Dub.).V. aussi, M. Bailleul, Notions de matériel roulant des ch. de fer, 1951, p. 111.Chariot de/à bagages (cf. R. Martin du Gard, Les Thibault, L'Été 1914, 1936, p. 311).Fourgon à bagages (Ac. 1932, Rob.), wagon à bagages (Lar. 19e, Lar. 20e). Au Canada, on dit char à bagages (Canada 1930) et chambre à bagages (Canada 1930) au sens de « consigne », local où sont consignés les bagages. [Par avion ou par bateau] Soute à bagages (cf. Saint-Exupéry, Terre des hommes, 1939, p. 159).
SYNT. Gros bagage. ,,Celui qui ne peut être transporté que par voitures`` (Lar. 19e; attesté ds Ac. 1798-1932, Besch. 1845, Lar. 19e, Lar. encyclop., Guérin 1892, Rob., Quillet 1965). Menu bagage. ,,Celui qui peut être porté par les soldats ou des bêtes de somme`` (Lar. 19e).
3. Expressions
a) Avec armes et bagages. Avec tout le matériel d'équipement et de guerre. Capituler avec armes et bagages (Rob.), sortir d'une place avec armes et bagages (Lar. encyclop.) :
5. Pendant vingt minutes il somma cet officier silencieux de se rendre avec armes et bagages, en lui promettant la vie sauve et les honneurs militaires pour lui et ses soldats. Maupassant, Contes et nouvelles,t. 2, Les Prisonniers, 1884, p. 285.
P. ext. Passer/débarquer avec armes et bagages. Avec tout ce que l'on possède :
6. Henriette arriva le lendemain. Elle débarquait avec armes et bagages, les vêtements d'Alexis, sa boîte de couleurs, des draps... E. Triolet, Le Premier accroc coûte deux cents francs,1945, p. 107.
b) Trousser bagage (vx), plier bagage. Décamper, s'enfuir hâtivement :
7. Je prierai notre hôte de plier bagages et de déguerpir! Bernstein, Le Secret,1913, II, 3, p. 19.
Au fig., fam. Mourir. Il y aura bientôt un an que le pauvre homme a plié bagage (Ac.1835-1932) :
8. Il [M. de Boisrosé] respirait difficilement (...). − Je ne vais pas tarder à plier bagage. Faites-moi donc la grâce de me laisser mourir ici en paix. Rassurez-vous. Je vois que vous êtes rapide, mais je ne le serai pas moins. Morand, L'Homme pressé,1941, p. 44.
Rem. On rencontre dans l'usage récent le subst. fém. bagagerie, au sens de : 1o« lieu où se vendent des bagages »; 2o« lieu où, dans un hôtel, les clients déposent des bagages ».
II.− Au fig., fam.
A.− Bagage + adj.Ensemble de connaissances acquises, d'expériences accumulées dans une discipline, une profession, un art. Bagage scientifique (Rob.), bagage professionnel (F. Fillon, Le Serrurier,1942, p. 4):
9. Les filles n'ont pas besoin d'être savantes comme les garçons. N'importe, on les élève ordinairement en véritables brutes, tout leur bagage intellectuel se bornant à des sottises mystiques. Flaubert, Bouvard et Pécuchet,t. 2, 1880, p. 154.
B.− Bagage + subst.Ensemble, somme de :
La plupart des hommes (...) quand il s'agit de vie future (...) voudraient, pour y croire, qu'on leur démontrât qu'ils seront transportés dans cette vie nouvelle avec tout leur bagage de souvenirs, et tout l'attirail de leurs manifestations actuelles, absolument comme ils se transportent en voiture d'un lieu à un autre. P. Leroux, De l'Humanité,t. 1, 1840, p. 286.
C.− En constr. abs.
1. Héritage spirituel :
11. La mère n'avait point seulement transmis la vie : elle avait, à ses fils, enseigné un langage, elle leur avait confié le bagage si lentement accumulé au cours des siècles, le patrimoine spirituel qu'elle avait elle-même reçu en dépôt, ce petit lot de traditions, de concepts et de mythes qui constitue toute la différence qui sépare Newton ou Shakespeare de la brute des cavernes. Saint-Exupéry, Terre des hommes,1939, p. 258.
[En parlant d'un écrivain] N'avoir qu'un petit, qu'un mince bagage. N'avoir écrit qu'un petit nombre d'ouvrages.
Rem. Attesté dans la plupart des dict. généraux.
2. Péj. (Sur)charge inutile :
12. Ainsi ceux qui pensent que la spéculation métaphysique, la raison pure, peut sans l'étude pragmatique de ce qui est donner les hautes vérités, doivent nécessairement mépriser ce qui n'est à leurs yeux qu'un bagage inutile, une surcharge embarrassante pour l'esprit. Renan, L'Avenir de la sc.,1890, p. 38.
PRONONC. ET ORTH. − 1. Forme phon. : [baga:ʒ]. Enq. /bagaʒ/. 2. Homon. : baguage ,,action de pratiquer l'incision annulaire sur un végétal, d'adapter une bague à une patte d'oiseau`` (Ortho-vert 1966). Ac. Compl. 1842 enregistre encore l'anc. forme bagaige.
ÉTYMOL. ET HIST. − Ca 1265 baguage « ce qu'on emporte avec soi en voyage » (Brunet Latin, Trésor, 632, Chabaille d'apr. Delboulle ds R. Hist. litt. Fr., t. 4, p. 132 : Et furent l'espace de trente journees a cueillir par le pays les baguages et les dépouilles de leurs ennemis); début xvies. bagage « ce qui encombre inutilement » (R. de Collerye, Monol. de Resolu, p. 64 ds Gdf. Compl. : D'argent, point; ce n'est que bagage, Aussi je ne m'en charge guere); 1880 p. ext. bagage intellectuel « ensemble des connaissances » (Flaubert, Bouvard et Pécuchet, supra, ex. 9). Malgré le hiatus chronol., dér. de bagues*; suff. -age*; l'hyp. d'un empr. à l'esp. bagaje « bête de somme » lui-même empr. à l'ar. bághal, plur. bighál « mulets » (Fokker ds Z. rom. Philol., t. 34, 1910, p. 564-565) ne convient ni du point de vue chronol. (l'esp. n'étant attesté qu'en 1555) ni du point de vue géogr. (bagues* connaissant une large implantation en Italie du Nord).
STAT. − Fréq. abs. littér. : 975. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 848, b) 2 040; xxes. : a) 1 307, b) 1 544.
BBG. − De Gorog 1958, p. 109. − Gottsch. Redens. 1930, p. 51, 102, 322. − Lammens 1890, p. 37. − Lew. 1960, p. 195.