| BABOUIN, subst. masc. A.− ZOOL. Singe cynocéphale, à lèvres proéminentes : 1. « ... − Mais c'est un singe, un macaque, un sapajou, une guenon, un orang, un babouin, un gorille, un sagouin! Notre demeure a été envahie par des singes, qui ont grimpé par l'échelle pendant notre absence! »
Verne, L'Île mystérieuse,1874, p. 263. 2. ... l'ombre de mon épée faisait à mon ombre une façon de queue de babouin désenchanté.
Milosz, L'Amoureuse initiation,1910, p. 100. − Emploi adj. invar. : 3. Ce trou comportemental, cet aveuglement de la sensibilité n'a pas seulement lieu au « niveau social », mais il apparaît aussi au niveau sexuel de la vie animale. Lorsqu'une femelle babouin meurt dans un « combat sexuel » à la « colline aux singes », les mâles n'en continuent pas moins de se disputer le corps mort et de s'en servir comme d'un objet sexuel.
J. Vuillemin, Essai sur la signif. de la mort,1949, p. 5. B.− P. métaph. ou au fig. 1. [En parlant d'une pers.] fam. a) Enfant étourdi, folâtre et mal élevé. C'est un petit babouin, allons donc petit babouin (Ac. 1878, 1932). Rem. Dans ce sens, le fém. est babouine : Faites taire ces petites babouines (Ac. 1932). b) Vieillard laid et ridicule; homme mal bâti, malpropre : 4. Ce n'était pas naturel, voyons, l'antipathie, la haine que lui inspirait ce frotteur, à lui, Léonard Astier, membre de l'Institut! Son compte était bon, le babouin. On lui ferait manger des galères.
A. Daudet, L'Immortel,1888, p. 184. c) Arg. ,,Petit bouton qui vient aux lèvres après avoir bu dans un verre malpropre. Sa gueule est juteuse, elle est pleine de babouins`` (Ch. Virmaître, Dict. d'arg. fin-de-s., Suppl., 1899, p. 30). 2. [En parlant d'une chose] Épouvantail : 5. Les deux petites créatures, comme deux moineaux auxquels on montre un babouin, se sauvèrent terrifiées, − et ce fut là notre présentation, notre première entrevue...
Loti, Le Mariage de Loti,1882, p. 18. − En partic., arg. milit. Mannequin agité par les soldats allemands dans leur tranchée pour illusionner les tireurs français (d'apr. Esn. Poilu 1919). ♦ Faire baiser le babouin à qqn. Le forcer à faire quelque chose malgré lui (d'apr. J.-F. Rolland, Dict. du mauvais lang., 1813, p. 15). Rem. L'idée de grimaces ou de figure ridicule est commune à ces acceptions. PRONONC. ET ORTH. : [babwε
̃], fém. [-bwin]. Land. 1834 écrit babouin ou babou. ÉTYMOL. ET HIST. − 1. 1218-25 « nigaud » (G. de Coincy, Mir. Vierge, ms. Soiss. fo29dds Gdf. Compl. : Mes teus fait moult le babouin [babüin éd. Barbazan et Méon], Le papelart et l'ypocrite); 1507-08 babouyne « drôlesse, coquine » (Eloy d'Amerval, Diablerie, p. 446); 1668 « petit gamin effronté » (La Fontaine, Fabl., L. 19 ds Littré); 2. milieu xiiies. « singe à lèvres proéminentes » ([G. de] Bellep. [Erche], Machab., B.N. 19179, fo12 vods Gdf. Compl. : Es temples eut maint baboin Que li renoié aoroient); p. ext. a) 1465 « homme d'une figure difforme » (Maistre P. Pathelin, éd. Richard T. Holbrook, Paris, 1962, pp. 428-432); b) 1845 (Besch. : Babouin [...] Homme de petite taille); d'où 1932-35 (Ac. : Babouin [...] il se dit aussi d'un vieillard laid et ridicule. C'est un vieux babouin); c) 1468 baiser le babouin « faire à contrecœur qqc. d'humiliant » [babouin, figure ridicule que les soldats dessinaient grossièrement sur la muraille d'un corps de garde, pour la faire baiser, par forme de punition, à ceux qui transgressaient des lois établies entre eux] (G. Chastell., Chron. des D. de Bourg., III, 71, Buchon, ds Gdf. Compl.); d) 1619 « épouvantail » (Aub., Foen., III, p. 15, ibid.); 3. 1834 méd. (Land. : Babouin [...] petite pustule qui vient assez ordinairement à la bouche).
Formation expressive à partir de la racine onomatopéique Bab- (babine*) exprimant le mouvement des lèvres. STAT. − Fréq. abs. littér. : 32. BBG. − Barber. 1969. − Bouillet 1859. − Canada 1930. − Duch. 1967, § 15, 64. − Éd. 1967. − Esn. Poilu 1919. − Gay t. 1 1967 [1887]. − Gottsch. Redens. 1930, pp. 41-42. − Gruss 1952. − Le Clère 1960. − Le Roux 1752. − Méd. Biol. t. 1 1970. − Pierreh. 1926. − Privat-Foc. 1870. − Timm. 1892. |