| BABOUCHE, subst. fém. Pantoufle orientale sans contrefort ni talon : 1. En voyant les Orientaux, sous un ciel brûlant, chargés de pelisses, de schalls, d'étoffes de toute espèce; en remarquant leurs pieds qui jouent dans leurs babouches, ne peut-on pas prononcer, sans autre examen, que ces peuples sont oisifs et paresseux?
Jouy, L'Hermite de la Chaussée d'Antin,t. 4, 1813, p. 260. 2. La jeune Athénienne était laide, comme les neuf dixièmes des filles d'Athènes. Elle avait de jolies dents et de beaux cheveux, mais c'était tout. Sa taille épaisse semblait mal à l'aise dans un corset de Paris. Ses pieds arrondis en forme de fers à repasser devaient souffrir le supplice : ils étaient faits pour se traîner dans des babouches, et non pour se serrer dans des bottines de Meyer.
About, Le Roi des montagnes,1857, p. 35. − P. ext. Chausson d'appartement : 3. ... Miraz s'était mis à son aise, avait enfilé sa veste de travail, chaussé ses babouches, ...
F. Coppée, Vingt contes nouveaux,1883, p. 98. PRONONC. : [babuʃ]. ÉTYMOL. ET HIST. − 1542 papouch « sorte de chaussure orientale » (A. Geuffroy, Estat de la court du grant Turc, éd. 1642 [feuilles non numérotées] : par quoy ilz n'y entrent point avec leurs souliers mais les laissent a la porte, car ilz sont aisez a chausser et deschausser comme noz pantoufles et les appellent Palmach : et ceulx qu'ilz portent aux champs, et tiennent au pied cõme les nostres Papouch); 1600 babuc « id. » (Discours de la Maniere de vivre et ceremonies des Turcs, Liège [feuilles non numérotées], d'apr. R. Arveiller ds Fr. mod., t. 17, p. 129 : Les souliers appellez Babucs [en it. dans le texte] ou Csisme [id.], tant d'hommes que de femmes sont à doubles semelles pour durer plus longuement); 1671 babouche « sorte de pantoufle orientale sans contrefort ni talon » (Suite des Mémoires du SrBernier sur l'empire du Grand Mogol, Paris, 1671, t. 2, p. 5 : la chaleur oblige icy tout le monde [...] d'aller sans bas, avec de simples Babouches ou pantoufles dans les pieds).
Empr. au turc pāpuš
« chaussure », lui-même empr. au persan pāpuš
« id. » composé de pā
« pied » et puš
« couvrir » (Lok., no1625). Il n'est pas nécessaire, comme le font FEW, t. 20 s.v. bābūš
et EWFS2, de faire appel à l'ar. bābūš
pour expliquer les formes fr. en b, car les trois plus anc. attest. fr. sont tirées de textes se rapportant à l'empire ottoman, que les formes soient en b ou en p; d'autre part, l'alternance p/b est fréquente dans les empr. aux lang. orientales. L'esp. babucha, proposé comme étymon par Rupp., p. 180, est empr. au fr. et n'est attesté que dep. la 2emoitié du xixes. (v. Cor. t. 1 s.v.). STAT. − Fréq. abs. littér. : 85. BBG. − Arveiller (R.). Add. au FEW XIX/1. Z. rom. Philol. 1969, t. 85, p. 130. − Bach.-Dez. 1882. − Bouillet 1859. − Boulan 1934, p. 182. − Cost. 1899. − Goug. Lang. pop. 1929, p. 21. − Lammens 1890, p. 189 (s.v. pacha). − Lar. mén. 1926. − Leloir 1961. |