| AÉRONEF, subst. masc. AÉRON. Terme générique désignant tout appareil capable de se diriger dans les airs : 1. ... s'il s'agit de se diriger en tous sens dans l'air et d'y suivre une marche sûre, c'est là un effet que l'on ne peut espérer que des appareils plus lourds que l'air, de ceux que par opposition aux aérostats on a appelé aéronefs.
E. Saveney, L'Aviation et les aviateurs,1865, p. 321 (Guilb. Aviat. 1965, p. 417). 2. D'ailleurs, formées isolément, ces idées de bombes lancées, de mort possible, n'ajoutèrent pour moi rien de tragique à l'image que je me faisais du passage des aéronefs allemands, jusqu'à ce que, de l'un d'eux, ballotté, segmenté à mes regards par les flots de brume d'un ciel agité, d'un aéroplane que, bien que je le susse meurtrier, je n'imaginais que stellaire et céleste, j'eusse vu, un soir, le geste de la bombe lancée vers nous.
M. Proust, À la recherche du temps perdu,Le Temps retrouvé, 1922, p. 802. 3. [En circulation aérienne] L'aéronef le plus manœuvrant cède sa place, à l'autre.
A.-B. Duval, L. Hébrard, Traité pratique de navigation aérienne,1928, p. 182. 4. Quand le zeppelin eut disparu, ils rallumèrent les phares et rentrèrent à L. en forçant la vitesse. Ils ne rencontrèrent en chemin que deux convois. Le premier avait bien vu passer l'aéronef, mais il ne savait rien de plus.
J. Romains, Les Hommes de bonne volonté,Verdun, 1938, p. 185. 5. Une enquête est actuellement ouverte. D'ores et déjà, il est précisé que lorsque des dégâts sont commis aux immeubles, à la suite des passages du mur du son par des aéronefs de l'armée, des indemnités doivent être accordées à la condition qu'une plainte précise soit déposée, à la suite de laquelle l'enquête est effectuée par l'armée de l'air, qui, si ces résultats sont positifs, aboutit à l'indemnisation des intéressés.
L'Est républicain,13 mai 1971, p. 6. Rem. À l'orig. vers 1850 et jusqu'au début du xxes. le mot aéronef était réservé aux engins capables de manœuvrer et reposant pour la plupart sur le principe du plus lourd que l'air, p. oppos. au mot aérostat (engins d'une techn. plus anc. reposant sur le principe du plus léger que l'air et très difficilement manœuvrables). Au xxes., vieilli comme terme techn., le mot est supplanté par avion qui désigne l'espèce la plus développée du genre; aéronef est cependant resté vivant comme terme jur. dans les textes réglementant la navigation aérienne, où il désigne tout obj. aérien : ballons captifs ou libres, dirigeables (dans ce sens aéronef a évincé aérostat), aéroplanes, avions, hélicoptères, etc. (ex. 5). Prononc. : [aeʀ
ɔnεf]. Étymol. ET HIST. − 1844 aéronef (Transon, Aérostats et aéronefs, ou nouveaux principes de la navigation aérienne ds Mag. Pitt., 1844, p. 148, d'apr. Zastrow, Franz. Vokab. der Luftfahrt, p. 207 : ... le véritable aérostat, c'est-à-dire le ballon stationnaire... l'aéronef, ou ballon libre dirigeable à volonté...; 1847 aérinef (Latouche, Notice sur « l'aérinef » à hélices et à vapeurs différentes alternantes, dirigeable et applicable aux transports par air, inventée par Mte Latouche. Sté fr. aéron... : Résumé des 14 séances, 2-18 janvier 1847, Meulan, 2eéd. 1853 d'apr. Id., ibid.).
Aéronef, composé de l'élément préf. aéro-* et de nef*.
[Aérinef : à l'orig., on trouve des mots composés, dans le domaine de l'aéron., aussi bien avec aéri- (forme lat.), aéro- (forme gr.) ou aer- (forme à la fois lat. et gr.). Mais l'évolution diachr. montre, d'une part que aéri- n'entre que dans des formations de type lat. (aérifier, aérifère, aéricole, etc...), d'autre part que les formations en aéri- dans le domaine de l'aéron. ne représentent que des cas isolés, tel aérinef. − D'où l'élément grécisant aéro-, qui, dominant, s'est imposé dans tout le vocab. de la navigation aérienne.] STAT. − Fréq. abs. litt. : 4. BBG. − Bailly (R.) 1969 [1946]. − Barr. 1967. − Bél. 1957. − Bénac 1956. − Cap. 1936. − Dauzat Ling. fr. 1946, p. 171. − Fromh.-King 1968. − Galiana Astronaut. 1963. − Galiana Déc. sc. 1968. − Guilb. Astronaut. 1967. − Guilb. Aviat. 1965. − Hanse 1949. − Pohl (J.). Contribution à l'histoire de quelques mots. Arch. St. n. Spr. 1969, t. 205, p. 361. − Réau-Rond. 1951. − Thomas 1956. |