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AÉRIEN1, IENNE, adj.
I.− Relatif à l'air, milieu gazeux entourant le globe terrestre.
A.− Qui a l'air pour matière ou pour contenu.
1. Qui est constitué par l'air, qui est fait d'air. L'espace aérien :
1. Il me semble, ici, être dans un grand vaisseau à mille hublots immobile dans la haute mer aérienne. V. Larbaud, A. O. Barnabooth,1913, p. 224.
2. Et si la brise éclôt, aussi loin qu'elle va, tout le pays en est embaumé. On dirait une onde éparse, un flux aérien chargé de tendresse et d'attente, qui vibre et flotte autour des choses, et se balance au gré du vent. J. de Pesquidoux, Chez nous,t. 1, 1921, p. 112.
2. BIOL. Synon. de aérifère :
3. Voilà pourquoi les poumons des mammifères et des oiseaux ne semblent composés que d'un tissu inextricable de vaisseaux sanguins et de vaisseaux aériens, et de petites vésicules ou cellules. G. Cuvier, Leçons d'anatomie comparée,t. 4, 1805, p. 335.
B.− Qui a l'air pour contenant, pour lieu.
1. BIOL. Qui vit à l'air libre (p. oppos. à dans l'eau, sous terre) :
4. Tel végétal aquatique, cultivé dans l'air, modifie la forme de ses feuilles, et tel végétal aérien pousse, dès qu'on le submerge, des racines respiratoires. J. Rostand, La Vie et ses problèmes,1939, p. 151.
2.
a) Qui se trouve en l'air, au-dessus du sol. Câble aérien. Anton. sous-terrain, enterré, terrestre :
5. Pour passer d'une vallée à l'autre − elles sont nombreuses et étroites − pour conduire les eaux, des ponts, des aqueducs, jetés hardiment sur l'espace. Ces voies aériennes qui s'entre-croisent, ces arcades à travers lesquelles se joue la lumière, ennoblissent singulièrement la contrée. J. Michelet, Sur les chemins de l'Europe,1874, p. 73.
Rem. Autres syntagmes : métro aérien, ligne (téléphonique) aérienne.
b) Qui s'élève dans le ciel. Dôme aérien.
Rem. 1. Autres syntagmes : pins aériens, faîte aérien d'un immeuble etc. 2. Lorsque de descriptif l'adj. devient qualificatif-appréc., il se rapproche de l'emploi fig. mentionné infra sous II :
6. Ceci est éclatant dans la révolution qui substitue à la massive église romane l'aérienne église ogivale se peuplant peu à peu de reliefs où l'ombre et la lumière jouent, ... É. Faure, L'Esprit des formes,1927, pp. 35-36.
3. AÉRON. Qui a lieu dans l'air, dans les airs, dans le ciel. Navigation aérienne.
− En partic. Qui se déplace dans l'air :
7. Oui, j'ai vu... j'ai vu... le premier navire aérien, le premier navire sidéral lancé dans l'infini par des êtres pensants..., à moins que je n'aie assisté simplement à la mort d'une étoile filante capturée par la Terre. G. de Maupassant, Contes et nouvelles,t. 2, L'Homme de Mars, 1889, p. 1185.
Rem. C'est à cet emploi que se rattache aérien2.
II.− Au fig. Qui est comparable à une des qualités de l'air : léger, mobile, transparent, ténu, immatériel... comme l'air.
1. [En parlant d'impressions visuelles produites]
− [Par des choses] :
8. Le matin, lorsque, encore au lit, elle avait jeté son petit bonnet, ses jolis cheveux, assez courts, mais abondants, fins, légers, transparents, aériens, qui ondulaient, frisaient d'eux-mêmes, se redressaient de tous côtés, lui faisaient comme une auréole. J. Michelet, Journal,Appendices, 1849-1860, p. 588.
9. La chambre tout entière venait d'émerger d'une brume bleue, pareille à une eau impalpable, aérienne, ... G. Bernanos, L'Imposture,1927, p. 523.
− [Par un corps humain en mouvement] :
10. Une dernière résistance s'était brisée au fond d'elle-même et tout était léger... léger, défait, délié, volant, chatoyant, irréel, emmêlé comme les fils d'un écheveau de soie dans le grand vent au fond de la nuit de cette chambre où elle reposait, immobile, environnée de son corps aérien, flottant, volant, irréel comme les nuages du ciel et comme eux chassé sans retour par un grand vent. J. Gracq, Au Château d'Argol,1938, p. 135.
2. [En parlant d'une impression musicale] :
11. C'était une mélodie lointaine et proche tout à la fois, qui s'élevait, montait, mourait à l'horizon de nos sensations et de nos pensées, nous berçant dans la mélodie d'un songe et d'une musique flottante, aérienne, vague comme la lumière d'une apparition qui s'en va, vous laissant au cœur le bruit d'ailes qui s'envolent et d'une nuée qui s'enfuit. E. et J. de Goncourt, Journal,sept. 1861, p. 965.
3. [En parlant d'esprits, de génies, d'êtres surnaturels] :
12. À la place de cet être aérien, de cet ange qui m'avait bercée dans le vent de ses ailes, je retrouvais l'homme, l'homme brutal et vorace comme une bête fauve et je m'enfuyais avec horreur. G. Sand, Lélia,1833, p. 175.
Rem. Pour les assoc. paradigm., particulièrement riches en raison de l'imprécision du sens, cf. les ex. supra.