| AVILISSEMENT, subst. masc. A.− Action d'avilir, de s'avilir; résultat de cette action. 1. Littér. [En parlant de pers.] Tomber dans l'avilissement (Ac. 1835-1932, Besch. 1845). Vivre dans l'avilissement et la honte (Ac. 1798-1932, Besch. 1845) : 1. Le tableau des mœurs qu'on observe dans les empires fondés par les conquérants, nous présente au contraire toutes les nuances de l'avilissement et de la corruption, où le despotisme et la superstition peuvent amener l'espèce humaine.
Condorcet, Esquisse d'un tableau hist. des progrès de l'esprit hum.,1794, p. 36. 2. Je n'ai jamais compris la sécurité dans un pays toujours menacé de l'invasion des eaux, ni le bonheur moral dans une société qui suppose l'avilissement d'une partie de la race humaine.
Renan, Avenir de la sc.,1890, p. 333. 2. [En parlant des attributs d'une pers., d'une charge, d'une institution] Dégradation. L'avilissement d'une dignité (Ac. 1798-1932, Besch. 1845) : 3. ... si l'on objecte l'avilissement de la pairie par des créations de pairs trop multipliées, je dirai que le seul remède est l'intérêt du prince à ne pas rabaisser la dignité du corps qui l'entoure et le soutient.
Constant, Principes de pol.,1815, p. 38. 4. « ... De perfides ennemis, sans songer à vous, méditent de rendre la France à l'esclavage dont vous l'avez affranchie pour toujours. Le fanatisme, l'intrigue, la corruption, le désordre dans les finances, l'avilissement des institutions républicaines et des hommes qui ont rendu de grands services, voilà les armes qu'ils emploient pour arriver à une dissolution sociale, qu'ils disent être l'effet des circonstances... etc. » [Hoche cité par Chauvel].
Erckmann-Chatrian, Histoire d'un paysan,t. 2, 1870, p. 454. B.− Action de se déprécier, de perdre de sa valeur; résultat de cette action. 1. COMM. et FIN. L'avilissement des marchandises (Ac. 1878-1932, DG, Rob.) : 5. Beaucoup de Français, excédés de l'anarchie, de la misère et des souffrances causées par l'avilissement du papier-monnaie, aspiraient à l'ordre et le concevaient sous la forme d'un retour à la royauté.
Bainville, Histoire de France,t. 2, 1924, p. 87. 6. La chute des revenus agricoles fut plus grave encore que celle du secteur industriel et l'avilissement des prix agricoles réduisit considérablement les achats d'engrais, dont les prix, bien qu'en forte baisse eux aussi, n'avaient pas diminué dans les mêmes proportions.
L'Industr. fr. des engrais chim.,t. 1, 1954, p. 24. − P. ext. : 7. Mais de tous ces amateurs le type le plus passionné est une collectionneuse de porcelaines, qui, après avoir donné dans la Chine et le Japon, dégoûtée par l'avilissement apporté à ces porcelaines par les envois de la Compagnie des Indes, s'est jetée dans le Saxe...
E. de Goncourt, La Maison d'un artiste,1881, p. 291. 8. On déplorait la misère des campagnes, le manque de bras, l'avilissement de la terre, dont on ne faisait plus d'argent, quand on la vendait.
Moselly, Terres lorraines,1907, p. 43. 2. Au fig., STYL. Avilissement d'un mot. Dépréciation d'un mot, qui de noble qu'il était devient populaire, familier : 9. L'avilissement des mots est une de ces bizarreries des mœurs, qui pour être expliquée, demanderait des volumes... Monsieur veut dire monseigneur; autrefois réservé à certaines classes de la société, il est aujourd'hui une qualification banale qu'on donne au premier venu.
Balzac (Lar. 19e,1866). PRONONC. : [avilismɑ
̃]. ÉTYMOL. ET HIST. − 1. 1587 « dépréciation morale » (Lanoue, Discours politiques, p. 56 ds Gdf. Compl. : L'avilissement des lettres et sciences); 2. 1710 « dépréciation, perte de valeur » (Rich. : Avilissement [...] Ces mots se disent aussi des choses qui deviennent d'un plus bas prix).
Dér. du rad. du part. prés. de avilir*; suff. -ment1*. STAT. − Fréq. abs. littér. : 165. BBG. − Baldinger 1950, p. 28. − Kuhn 1931, p. 78. − Sexol. 1970. |