| AVIDEMENT, adv. A.− De manière avide. 1. [Employé avec les verbes manger et boire] Voracement, gloutonnement : 1. La nuit se passa. Une fièvre ardente le dévorait et il buvait avidement, à même sa cruche, une eau qui augmentait son mal.
A. France, Les Dieux ont soif,1912, p. 233. 2. Berthe sortit de la cuisine, mais, songeant à ce mets qu'elle avait hâte de goûter, elle revint sur ses pas. Elle baissa la flamme du gaz, prit la cuillère et continua à la tourner dans la casserole, en ajoutant du lait. Puis elle versa la crème fumante dans une assiette, et, s'asseyant, elle se mit à manger avidement avec une gourmandise d'enfant.
Chardonne, L'Épithalame,1921, p. 370. 2. [Avec un verbe de perception] :
3. Je regardais curieusement, avidement, cet homme que j'avais entendu parler de l'amitié comme un héros de l'antiquité et que je venais de voir caressant ma maîtresse.
Musset, La Confession d'un enfant du siècle,1836, p. 30. 4. Je tendis avidement les deux oreilles.
About, La Grèce contemporaine,1854, p. 384. 5. ... chaque matin, j'avais l'habitude de faire une longue promenade à pied aux Champs-Élysées. C'était au mois de mai; je marchais en respirant avidement cette bonne odeur des premières feuilles.
Maupassant, Contes et nouvelles,t. 1, Rouerie, 1882, p. 857. 3. P. anal. ♦ Baiser ou embrasser avidement : 6. En proie à une sorte de délire, Raphaël tenait les mains de Pauline et les baisait si ardemment, si avidement, que son baiser semblait être une sorte de convulsion.
Balzac, La Peau de chagrin,1831, p. 219. 7. Elle s'était jetée vers lui, il l'embrassait, hâtivement, sur la joue, dans les cheveux, au hasard, avidement, en affamé, comme si depuis toujours elle avait été sienne.
Van der Meersch, Invasion 14,1935, p. 462. ♦ Lire avidement : 8. Je lus la Bible avidement, gloutonnement, mais avec méthode. Je commençai par le commencement, puis lus à la suite, mais entamant par plusieurs côtés à la fois.
Gide, Si le grain ne meurt,1924, p. 499. B.− Au fig. De manière ardente, passionnée. Courir avidement aux honneurs (Ac. 1798-1878, Besch. 1845, Quillet 1965), souhaiter avidement les honneurs (Ac. 1932) : 9. Ce spartiate [Agésilas] possédoit de grandes propriétés, et se trouvoit en même temps écrasé de dettes. Il embrassa donc avidement l'occasion de se décharger de celles-ci, mais il ne voulut plus de la réforme aussitôt qu'elle atteignit ses biens.
Chateaubriand, Essai sur les Révolutions,t. 2, 1797, p. 176. PRONONC. : [avidmɑ
̃]. ÉTYMOL. ET HIST. − 1. 1555 « avec avidité » (Georges de La Bouthière, Des Prodiges, Lyon, p. 241 : si, lors qu'ilz se paissent très avidement pour la faim qui les presse, quelque chose leur tombe du bec?); 2. fin xvie-début xviies. au fig. (D'Aubigné, Vie, LXXXV ds Littré : Et de chercher avidement s'il pourroit trouver dans la Romaine [religion] quelqu'ombre de salut).
Dér. de avide*; suff. -ment2*. STAT. − Fréq. abs. littér. : 429. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 543, b) 643; xxes. : a) 777, b) 548. BBG. − Bruant 1901. |