| AVERTISSEMENT, subst. masc. A.− Action d'attirer l'attention de quelqu'un sur quelque chose. 1. Action d'attirer l'attention de quelqu'un sur une action déterminée à accomplir : 1. ... puisqu'il faut à l'infirmité mortelle, pour marcher constamment vers les sentiers sûrs, un signal, un appel, un souvenir, âme chaste et chère, intercédez près du maître pour que vous nous soyez ce souvenir d'au-delà, cette croix apparente aux angles des chemins, pour que vous soyez de préférence l'esprit d'avertissement et l'ange qu'il nous envoie!
Sainte-Beuve, Volupté,t. 2, 1834, p. 257. 2. En partic. a) Appel à l'attention de quelqu'un pour le garder d'une chose fâcheuse, d'un danger; mise en garde (contre qqc.) : 2. Je passe devant, pour que vous ne tombiez pas, dit Bourras dans l'allée humide qui longeait la boutique. Il buta contre une marche, il monta, en multipliant les avertissements. Attention! La rampe était contre la muraille, il y avait un trou au tournant, parfois les locataires laissaient leurs boîtes à ordures.
Zola, Au Bonheur des dames,1883, p. 563. 3. ... quelqu'un qui vous aurait donné des conseils, des avertissements, qui vous aurait mis en garde; on ne sait pas; qui vous aurait peut-être trouvé des solutions...
Romains, Les Hommes de bonne volonté,le 6 octobre, 1932, p. 228. b) Appel à l'attention de quelqu'un pour le détourner d'une action, rappel à l'ordre : 4. Maître Grégoire, le tribunal vous somme de vous renfermer dans une plaidoirie plus décente et plus convenable : nous ne sommes pas à la foire, rappelez-vous-le, et songez à prendre modèle sur le discours plein de convenance de votre adversaire. Depuis dix ans l'avocat Grégoire plaidait de la sorte, et il était de bronze contre ces avertissements du tribunal.
Champfleury, Les Bourgeois de Molinchat,1855, p. 208. 5. Il est donc clair, nous téléphone notre correspondant de Londres, que les Britanniques, opérant une « retraite élastique » par rapport à leur position antérieure, s'associent aux « avertissements solennels » que Washington entend adresser à Pékin.
Le Monde,14 janv. 1952, p. 1, col. 2. − P. ext. Peine infligée à quelqu'un pour réprimer une mauvaise action qu'il a commise et l'en détourner. Synon. punition, sanction. Rem. À propos de cet emploi, cf. Ac. 1932 : ,,En termes de Discipline administrative et scolaire, il signifie spécialement Réprimande pour faute de gestion ou insubordination adressée à un fonctionnaire ou à un élève``. ♦ HIST. DU JOURN. [Sous le Second Empire] Invitation que l'autorité adressait à un journal de cesser la publication de certains articles, sous peine de suspension ou de suppression : 6. ... Sa Majesté décida, ce jour-là, qu'un avertissement serait envoyé au Siècle.
Zola, Son Excellence Rougon,1876, p. 283. B.− Action d'annoncer un événement, de prévenir (de qqc.) : 7. Le songe nous arrive afin de nous instruire,
Et Jupiter l'envoie, en avertissement,
Comme un avant-coureur d'un grand événement.
Ponsard, Lucrèce,1843, IV, 1, p. 70. − Ce qui annonce : 8. Il y a deux grands glas, deux grands avertissements qui annoncent chez l'homme la mort de la jeunesse. Le premier est quand l'homme prend l'horreur des sauces de restaurant; le second, quand il songe à se retirer à la campagne.
E. et J. de Goncourt, Journal,1859, p. 640. 9. Tout est signe, avertissement, lumière pour les poètes.
F. Carco, Nostalgie de Paris,1941, p. 210. − Emplois spéciaux 1. ,,Texte préliminaire d'un ouvrage destiné à éclairer le lecteur`` (Rolland-Coul. 1969). Avertissement au lecteur, avertissement de l'éditeur. 2. FIN. ,,Écrit envoyé par un agent fiscal à un contribuable pour lui faire connaître le montant de l'impôt dont il est débiteur`` (Cap. 1936). − P. ext., littér. : 10. M. Galatin a reçu mon avertissement pour les 7.500 francs remboursables au 19ejuillet.
Constant, Journaux intimes,1805, p. 234. 3. JUST. ,,Convocation rédigée sur papier timbré et adressée à l'adversaire pour qu'il se présente devant le tribunal d'instance en vue de la formalité de la tentative de conciliation`` (Barr. 1967). Billet d'avertissement. PRONONC. : [avε
ʀtismɑ
̃]. ÉTYMOL. ET HIST. − xives. « petite préface pour attirer l'attention sur qq points partic. d'un ouvrage » (N. Oresme ds Meunier, La vie et les ouvrages de N. Oresme, Paris, 1857, pp. 67-68 : toutefois soit cestui advertissement entendu et pris pour le bon couraige et vouloir que j'ay au bien universel, et ne m'en soit imputée aucune temeraire opprobre par les lisans); xves. en gén. « action d'avertir » (Louis XI, Nouv. LII ds Littré : Le bon fils mercia son pere de son bon avertissement); spéc. 1549 dr. « premières écritures qui servaient à l'instruction d'un procès » (Est.); 1751 fin. (Encyclop.).
Dér. du rad. du part. prés. de avertir* étymol. 3; suff. -ment1*. STAT. − Fréq. abs. littér. : 781. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 717, b) 992; xxes. : a) 1 031, b) 1 557. BBG. − Bach.-Dez. 1882. − Barr. 1967. − Blanche 1857. − Bruant 1901. − Cap. 1936. − Delc. t. 1 1926. − Éd. 1913. − Goug. Mots t. 2 1966, p. 28. − Lacr. 1963. − Lafon 1969. − Lar. comm. 1930. − Le Roux 1752. − Méd. Biol. t. 1 1970. − Réau-Rond. 1951. − Rolland-Coul. 1969. − St-Edme t. 2 1825. − Spr. 1967. |