| AVEN, subst. masc. GÉOL., dans les Causses. Puits naturel aux parois abruptes, creusé dans un plateau calcaire par les eaux d'infiltration et formé, soit par dissolution, soit par effondrement de la voûte de cavités karstiques : 1. § 204. Vus d'en haut, les puits apparaissent comme des gouffres; des abîmes; des « avens » (Causses). Vus d'en bas comme des cheminées.
Baulig1956. 2. La surface des Causses présente une structure analogue. Ces dépressions circulaires appelées, en France, dolines, sont en liaison avec des cavités profondes ou avens, et souvent un réseau hydrographique souterrain aboutissant parfois à des résurgences remarquables : « fontaine » de Vaucluse, « source » de la Loue dans le Jura.
Ch. Combaluzier, Introd. à la géol.,1961, p. 83. PRONONC. : [avεn]. Barbeau-Rodhe 1930 transcrit : avε
̃. Fouché Prononc. 1959, p. 385 indique que l'on prononce [εn] dans aven, dolmen. ÉTYMOL. ET HIST. − 1893 (Martel, Les Cevennes et la région des Causses, 4eéd. [1reéd. 1890], p. 7 : les eaux des pluies sont absorbées à la surface des Causses par les gouffres ou avens, abimes ouverts dans le calcaire, entre 800 et 1200 mètres d'altitude).
Mot du Rouergue, région où ce type géol. est bien représenté, attesté comme topon. en 1151 sous la forme avenc (Archiv. de Haute Garonne, Ordre de Malte, prieuré de Saint-Gilles, commanderie de Sainte-Eulalie, noII, liasse V, titre 15 ds Brunel, no66 : [...] esteirs, aco quel mornga de l'hospital de l'Avenc ne te [...]). Avenc est prob. formé de la racine celt. ab- « eau, rivière » (i.-e. ab- cf. lat. amnis, I.E.W.; Ern.-Meillet, s.v. amnis) représenté par ses dér. gaul. abono-, abona, thèmes de noms de rivière, d'où le gall. afon, le bret. avon, aven, l'irl. abann « rivière » (Dottin, p. 223) et les hydronymes fr. Avon1affluent de l'Ardusson (Aube), Avon2(Seine et Marne), d'apr. Dauzat, Topon. fr., 1960, 107; à la racine celt. a été accolé le suff. gallo-ligure -inco (Philipon ds Romania, 35, p. 1 et sqq.). Dauzat Ling. fr., pp. 201-02, puis Topon. fr., 1960, 108 émet aussi l'hyp. d'une racine av- présente dans divers hydronymes (Avara > Yèvre; Avario > Aveyron) dans laquelle -v- serait primitif (cf. Bourges nommée Avaricum par César, Α
υ
α
ρ
ι
κ
ο
́
ν par Ptolemée) et donc différente de la racine celt., hyp. devant encore être étayée par des recherches topon. ultérieures − Du rouergat avenc, les topon. les Avens (Lozère), Lavenc (Sérénac, Lot), Lavenças (St Georges de Luzençon, Aveyron) d'apr. Negre, Les noms de lieux en France, 1963, p. 53. STAT. − Fréq. abs. littér. : 7. BBG. − Baulig 1956. − Dauzat Ling. fr. 1946, p. 201. − George 1970. − Mots rares 1965. − Noël 1968. − Plais.-Caill. 1958. |