| AVANT-HIER, loc. adv. A.− Au jour qui précède hier, deux jours avant aujourd'hui : 1. crockson − (...) Pourquoi vous n'êtes pas venue hier soir? ... Pourquoi vous n'êtes pas venue avant-hier soir? (De plus en plus vite.) Pourquoi vous n'êtes pas venue vendredi? Pourquoi vous n'êtes pas venue jeudi? Pourquoi vous n'êtes pas venue mercredi?
Achard, Voulez-vous jouer avec moâ?,1924, III, 1, p. 189. − Au fig. Dans une période qui précède une autre période révolue : 2. Ils partiront, ayant tout blasphémé, mais certains d'avoir augmenté ce qu'ils nomment leur culture, et plus convaincus que jamais de l'excellence des esprits médiocres, qui sont les seuls bien ordonnés, les seuls respectables, enfin la majorité écrasante, la voix du peuple, l'homme normal des aliénistes, n'ayant que les passions que l'on doit avoir, chacune en son temps : christianisme au ivesiècle, patriotisme avant-hier, socialisme hier matin, ...
Larbaud, A. O. Barnabooth,1913, p. 113. B.− Emploi subst. masc. (toujours sans art.). Le jour d'avant-hier. Vous aviez tout avant-hier pour prendre un parti; avant-hier s'était bien passé (Littré); il y travailla tout avant-hier (Ac. 1878-1932). PRONONC. ET ORTH. − 1. Forme phon. : [avɑ
̃tjε
ʀ] ou [avɑ
̃jε:ʀ]. Passy 1914 transcrit la 2eforme; Harrap's 1963, Pt Rob. et Pt Lar. 1968 transcrivent la 1re. Barbeau-Rodhe 1930, Dub. et Warn. 1968 donnent les 2 possibilités de prononc. Nyrop Phonét. 1951, § 164 écrit à ce sujet : ,,On prononce généralement avant-hier; mais la prononciation avant/hier s'entend aussi. Il est curieux d'observer dans la langue moderne cette hésitation sur la qualité de l'h initiale du mot hier : beaucoup de Français ne savent pas au juste si elle est aspirée ou muette``. 2. Forme graph. − Noter la graph. avant'hier (avec apostrophe) ds E. et J. de Goncourt, Journal, 1885, p. 432. 3. Hist. : [avɑ
̃tjε:ʀ] ds Fér. 1768 qui souligne : ,,en conversation on prononce avan-ièr``. Gattel 1841, Besch. 1845, Littré (qui signale également : d'autres prononcent sans faire sentir le t : a-van-ièr) et DG. Land. 1834 donne les 2 possibilités de prononc. Fér. Crit. t. 1 1787 pose la question : ,,Doit-on prononcer avant-hier ou avan-ièr?'' Il y répond lui-même : ,,Il semble que l'h dans hier n'étant pas aspirée, le t doit se prononcer dans avant. C'est ainsi en effet que prononcent les personnes qui parlent bien. Th. Corneille blâme des personnes de qualité de son temps, qui prononçaient avan-hier, et dit que le mot hier n'étant pas aspiré, oblige à dire avantier, en faisant sentir le t devant hier. Ce qui est plus sûr encore, c'est que, avanzier est un gasconisme et une faute grossière``. Cf. aussi Mart. Comment prononce 1913, pp. 366-367 : ,,on dit assez souvent, à tort, avan(t)-hier sans liaison, et en trois syllabes; c'était même, malgré Ménage, la prononciation la plus usitée au xviieet au xviiiesiècle; mais je crois qu'en ce cas on aspirait l'h, et je crois aussi qu'on avait tort. En tout cas, avant-hier a aujourd'hui quatre syllabes, et la liaison s'y impose``. Pour Littré, ,,avant-hier est de trois syllabes, bien que hier soit aujourd'hui de deux``. ÉTYMOL. ET HIST. − Ca 1170 avant ier (Rois, p. 83 ds Gdf. Compl. : Des ier e de avant ier); 1220-35 avant-hier (Lancelot, II, 144 ds IGLF Litt.).
Dér. de hier*; élément préf. avant-*. STAT. − Fréq. abs. littér. : 1 066. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 176, b) 2 143; xxes. : a) 1 279, b) 1 612. BBG. − Dem. 1802. − Goug. Lang. pop. 1929, p. 47. − Guyot 1953. |