| AVANT-GOÛT, subst. masc. A.− Peu usité. Goût que l'on a par avance d'un aliment ou d'une boisson. Anton. arrière-goût : 1. La grappe a la longueur d'un doigt et l'aspect d'un cône effilé. Que l'on se figure la petitesse des fleurs dans chaque grapillon : c'est un minuscule amas de calices d'où s'élève le plus fin et le plus pénétrant des parfums, comme si la plante précieuse voulait donner par là un avant-goût de la saveur du fruit et de l'arôme du vin.
Pesquidoux, Le Livre de raison,1925, p. 84. − P. anal. [En parlant de la beauté d'un pays] :
2. J'allais voir le soleil de Provence, ce ciel qui devait me donner un avant-goût de l'Italie et de la Grèce...
Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe,t. 2, 1848, p. 63. B.− Au fig. Sensation ou sentiment que l'on éprouve à l'idée d'un bien futur, moral ou physique, ou d'un mal à venir ou à la représentation d'une situation, d'une personne, de ses qualités ou de ses défauts. 1. [En parlant d'une pers., d'une condition soc.] :
3. Vachette, le Vachette fils du restaurant, dont Claudin nous avait donné un avant-goût par l'écho de ses charges, vient à notre table au dessert...
E. et J. de Goncourt, Journal,1861, p. 927. Rem. Cf. aussi E. et J. de Goncourt, Journal, 1858, p. 490 : ,,une instruction enfin des façons et de ce que l'on pourrait appeler l'âme sociale de l'homme par l'éducation, par un avant-goût du monde...`` 2. [En parlant de la vie et de la mort] Avant-goût de la mort : 4. À cet appétit de la mort, qui s'en donnait tous les avant-goûts, succéda bientôt dans cette âme un autre sentiment de l'agonie chrétienne : ...
E. et J. de Goncourt, MmeGervaisais,1869, p. 291. 5. ... Évariste s'enfuit et courut chercher auprès d'Élodie l'oubli, le sommeil, l'avant-goût délicieux du néant.
A. France, Les Dieux ont soif,1912, p. 230. − P. anal. [En parlant de la vie éternelle] Avant-goût de Paradis (Ac. 1798-1878), avant-goût des joies du Paradis (Ac. 1932) : 6. ... le christianisme l'a [l'homme] placé dans les champs de l'espérance. La jouissance. La jouissance des sentimens honnêtes sur la terre, n'est que l'avant-goût des délices dont nous serons comblés.
Chateaubriand, Génie du Christianisme,t. 1, 1803, p. 371. 7. On y suit une douceur, une majesté, et comme un avant-goût des joies éternelles.
Claudel, Correspondance[avec Gide], 1899-1926, p. 121. Rem. Parfois empl. p. plaisant. pour souligner les effets néfastes de la mysticité; p. anal. et p. iron., Chateaubriand parle de ,,l'avant-goût des joies`` que donne la loi de la presse (La Liberté de la presse, 1822-28, p. 314). PRONONC. : [avɑ
̃gu]. ÉTYMOL. ET HIST. − 1610 (F. de Rémond ds Delboulle, Rec. ds DG : Avant goust).
Dér. de goût*; élément préf. avant-*. STAT. − Fréq. abs. littér. : 94. BBG. − Ac. Gastr. 1962. |