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AVANIE, subst. fém.
A.− Vx. Vexations que les Turcs du Levant faisaient subir notamment aux chrétiens pour leur confisquer de l'argent :
1. J'avais été prévenu de ne me laisser jamais plaisanter par ces Turcs, si je ne voulais m'exposer à mille avanies. Chateaubriand, Itinéraire de Paris à Jérusalem,t. 1, 1811, p. 49.
2. ... [il] exerçait les fonctions d'agent consulaire pour je ne sais quelle nation d'Europe; cela lui donnait le droit d'avoir un drapeau européen sur le toit de sa maison : c'est la sauvegarde la plus certaine contre les avanies des Turcs et des Arabes. Lamartine, Voyage en Orient,t. 1, 1835, p. 398.
Au fig. :
3. Vous n'êtes pas assez injuste pour demander, à deux siècles de suite, des Voltaire, des Montesquieu, des Rousseau et des Buffon; si vous ne remarquez plus de fortunes colossales dans la république des lettres, peut-être y trouverez-vous un état d'aisance plus général, et même, en cherchant bien, quelques riches qui craignent, en trahissant le secret de leur opulence, de s'exposer, comme les marchands grecs, aux avanies dont les menacent les Turcs de la littérature. Jouy, L'Hermite de la Chaussée d'Antin,t. 4, 1813, p. 355.
B.− P. ext. Affront public. Essuyer, subir une avanie. Faire une avanie sanglante à qqn (Ac.1798-1932) :
4. Mahomet a proscrit le prêt à intérêt; qu'arrive-t-il dans les états musulmans? On prête à usure : (...). La même chose est arrivée chez les chrétiens aussi longtemps qu'ils ont prohibé le prêt à intérêt; et quand le besoin d'emprunter le leur fesait tolérer chez les juifs, ceux-ci étaient exposés à tant d'humiliations, d'avanies, d'extorsions, tantôt sous un prétexte, tantôt sous un autre, qu'un intérêt considérable était seul capable de couvrir des dégoûts et des pertes si multipliés. Say, Traité d'écon. pol.,1832, p. 386.
5. ... si j'essuie une avanie, le lendemain tout le monde en parle, ou y fait allusion. Stendhal, Lucien Leuwen,t. 1, 1836, p. 46.
6. « Cher ami, c'est vrai, pourquoi ne l'avouerais-je pas? J'ai cru que, mécontent de moi pour des raisons ignorées, vous aviez résolu de me traiter, à l'avenir, en homme du monde − ce qui, pour un chrétien de ma sorte, est l'avanie suprême, l'humiliation au delà de laquelle il n'est plus d'opprobre... » Bloy, Journal,1904, p. 13.
7. Depuis le jour où Luzzati était entré dans la maison, elle [Amalia] l'avait pris en grippe. Entre nous, elle l'appelait toujours « le vieux porc ». Elle le trouvait obséquieux, répugnant. Elle lui faisait avanie sur avanie. R. Martin du Gard, Confidence africaine,1931, p. 1123.
8. Gaspard dut subir des avanies et des affronts, on lui reprocha d'être un pique-assiette, de manger le pain des autres. Van der Meersch, Invasion 14,1935, p. 219.
DÉR.
Avaniser, verbe trans.Infliger des avanies. Être avanisé et bâtonné par le pacha de Damas (Chateaubriand,Itinéraire de Paris à Jérusalem,t. 21811, p. 118, note).Absent des dict. consultés.(1811, Chateaubriand, Itinéraire de Paris à Jérusalem, t. 2, p. 118, note; suff. -iser*).
PRONONC. : [avani].
ÉTYMOL. ET HIST. − 1287 aveinie Namur « injure humiliante » (Cartul. de Namur, XIV, Mon. pour serv. à l'hist. des prov. de Namur, Hain. et Lux., I, 101 ds Gdf. Compl. : Ke boine pais soit entre nous tous de toutes aveinies et de tous descors ki ont esteit jusques au jour de hui), attest. isolée; 1557 8 janv., avanye « vexation que les Turcs se plaisaient à faire subir aux chrétiens dans le Levant pour leur extorquer de l'argent » (M. de la Vigne à l'évêque de Lodève d'apr. Charrière, Négociations de la France dans le Levant ds Dict. hist. Ac. fr. : Arramon, partant d'icy, emporta le privilège que la Forest avoit obtenues pour les libertés et franchises que les François doivent avoir par deçà [...]; je vous prie d'en voulloir escrire [...] un mot audict Arramon, autrement ils me feront mille avanyes par deçà [...]), qualifié de ,,vieilli`` par DG; 1713 avanie « affront fait de gaieté de cœur, traitement humiliant qu'une personne reçoit en présence de plusieurs autres » (Hamilton, Mémoires de Grammont, VII, ds Dict. hist. Ac. fr. : La Middleton fait impunément de nouvelles conquêtes, et de vos présents vous souffrez qu'elle vous crève les yeux sans la moindre avanie). Empr. prob. par l'intermédiaire de l'ital. (attesté au sens de « imposition, taxe injustifiée et vexation » dep. la 1remoitié du xives., Balducci Pegolotti [fin xiiies.-ca 1347] I − 164 ds Batt.) au sens dér. de « vexation, violence, abus de pouvoir » dep. le 1erquart xvies. (Machiavel, 6-6-33, ibid) au gr. médiév. α ̓ ϐ α ν ι ́ α « calumnia, criminatio, delatio » (Du Cange, Glossarium ad scriptores mediae et infimae graecitatis, 1688), lui-même dér. de l'ar. hawān « traître », peut-être par l'intermédiaire du turc. La forme et le cheminement de aveinie, 1287 demeurent obscurs; (peut-être, influence de l'a. fr. venie, veine « pardon, pénitence », 1155, Wace Brut, 14472 ds Keller 1953 et xiiies., Règle de Citeaux, ms. Dijon, fo24 vods Gdf. compl., du lat. venia « pardon »).
STAT. − Fréq. abs. littér. : 140.
BBG. − Bach.-Dez. 1882. − Bouillet 1859. − Bonnaire 1835. − Duch. 1967, p. 31. − Kuhn 1931, p. 206, 231. − Lammens 1890, p. 31.