| AVALEUR, EUSE, subst. A.− Péj. et fam. Personne ou animal qui boit ou mange avec avidité ou excès : 1. Donc il fut décidé qu'on aurait un chien, un tout petit chien. On se mit à sa recherche, mais on n'en trouvait que des grands, des avaleurs de soupe à faire frémir.
Maupassant, Contes et nouvelles,t. 2, Pierrot, 1882, p. 348. − P. ext., SPECTACLES. Avaleur de sabres, d'épées, de feu : 2. C'est à une autre soirée (ou matinée) de Médrano, que je vis un avaleur de poissons rouges et de grenouilles. Spectacle on ne peut plus pénible; et qui le paraissait d'autant plus que le malheureux avaleur paraissait moins fait pour cette exhibition répugnante.
Gide, Ainsi soit-il,1951, p. 1186. ♦ P. métaph. : 3. 22 mars − Appris la mort de Rodolphe Salis, l'avaleur de sabres littéraires et artistiques, le triste rodomont qu'il plut à Dieu de mettre au commencement de mes écritures, comme un avis paternel du néant de ce terrible labeur.
Bloy, Journal,1897, p. 244. − Au fig., peu usité. Personne qui se laisse facilement éblouir et tromper, qui subit les événements sans réagir (cf. avaler1C 3) : 4. ... c'est un honnête jeune homme, pauvre et malheureux comme vous et moi, ayant soif et faim comme moi et vous, plein de courage comme moi et non comme vous qui êtes un véritable Indien sur sa natte, remettant tout au lendemain et se contentant de bâiller sur ses projets, qui passez votre vie à partir et n'arrivez pas, un avaleur de drames.
Balzac, Correspondance,1831, p. 527. 5. ... dans toute époque moins tristement relâchée que la nôtre, la publication, l'idée même d'un tel livre ne serait pas possible... ou que posthume. Au reste, comme bien je m'y attendais, les avaleurs de nébuleuses crient au génie et l'article de Mauclair n'a pas raté.
Gide, Correspondance[avec Claudel], 1907, p. 75. SYNT. (fam.). Avaleur de gens, avaleur de charrettes ferrées. Charlatan, fanfaron. Avaleur de pois gris. Glouton. Avaleur de cuivre. ,,Musicien qui joue du trombone à coulisse`` (L. Merlin, La Lang. verte du troupier, 1888). B.− Emplois techn. 1. MINES. Avaleur de bois. ,,Meneur de bois`` (Mét. 1955). Avaleur en veine. ,,Ouvrier qui creuse une descenderie`` (Mét. 1955). 2. Anc. Avaleur de vin. Personne qui descend les pièces de vin dans la cave (cf. avaler1A 1). Rem. Uniquement attesté ds Guérin 1892. PRONONC. : [avalœ:ʀ], fém. [-ø:z]. ÉTYMOL. ET HIST. − 1. Ca 1422 « celui qui descend qqc. (du vin en cave) » (1erregistre aux privileges de la ville de Douai, fo55 ds Gdf. Compl. : Sentence rendue par eschevins le IIejour de mai l'an 1422 touchant les salaires des querqueurs et avaleurs de vin) − xvies. ds Hug.; 2. av. 1449 mines « celui qui travaille dans une mine » (J. de Stavelot, 230 ds Gdf. Compl. : Ilh n'en doient avoir nulle paniers, fours mis avaleurs et descombreurs), attest. isolée, repris au xviiies. : 1776-77 (Morand, L'Art d'exploiter les mines de charbon de terre ds Descriptions des Arts et Métiers faites et approuvées par Messieurs de l'Ac. royale des Sc., t. 16, section I, § 47-65, 1780), rare; 3. ca 1450 « celui qui dévore avec avidité (au propre et au fig.) » (Myst. du Viel Testament, éd. du Baron James de Rothschild, XLI, 40421, V, 161 : Quel avalleur).
Dér. de avaler1* étymol. A et B; suff. -eur2*. STAT. − Fréq. abs. littér. : 17. BBG. − Gottsch. Redens. 1930, p. 178, 271. − Le Roux 1752. − Lew. 1960, p. 140, 360, 388. − Mét. 1955. |