| AVALANCHE, subst. fém. GÉOLOGIE A.− Chute soudaine et brutale d'une masse de neige qui se détache de la montagne et s'abat sur la vallée. B.− La neige qui constitue cette masse : 1. On sait en effet qu'une avalanche c'est une pelote de neige qui, venant à se détacher des hauteurs, se grossit des neiges sur lesquelles elle roule, devient en peu d'instants une masse formidable, et, dans sa chute précipitée, brise, renverse, écrase tout sur son passage.
Toepffer, Nouvelles genevoises,1839, p. 449. 2. On préfère le versant nord mieux ensoleillé, les maisons y montent à une altitude plus élevée que sur le côté sud; on bâtit près des sources, à l'abri d'un rideau de forêt protecteur contre les avalanches et les éboulis...
J. Brunhes, La Géogr. humaine,1942, p. 75. SYNT. Avalanche venteuse, compacte ou de fond, sèche, de poudre; couloir, cône, glacier d'avalanche; rouler, tomber en avalanche. − P. ext. Chute d'une grande quantité de pierres dévalant de la montagne : 3. De toutes parts, ruisseaux qui sourdent, torrents qui grondent, avalanches de pierre et de boue à travers la route.
Michelet, Journal,1838, p. 283. − P. métaph. : 4. Je reçois tous les matins une avalanche de lettres.
L. Halévy, Un Mariage d'amour,1881, p. 140. 5. ... une avalanche de malheurs ou de maladies se succédant sans interruption dans une famille ne la fera pas douter de la bonté de son Dieu ou du talent de son médecin.
Proust, Du côté de chez Swann,1913, p. 148. 6. Jamais, de mémoire de biffins partis au premier jour, et revenus, on ne sait comme, de la Marne et de l'Yser, de l'Artois et de la Champagne, on n'a subi pareille avalanche de fer et de feu.
Bordeaux, Les Derniers jours du fort de Vaux,1916, p. 31. − Au fig. [En parlant de l'avance d'une foule, d'une multitude comparable par sa force et par sa violence au déferlement irrésistible de l'avalanche] :
7. ... puis tout à coup, la porte de sa cellule s'ouvrit et il vit une avalanche de prisonniers rouler d'un bout à l'autre du corridor.
A. France, Les Désirs de Jean Servien,1882, p. 243. 8. Dans l'escalier (...) les deux femmes furent obligées de se ranger contre le mur, devant une dégringolade, une avalanche de figurants (...) sortant d'une répétition...
E. de Goncourt, La Faustin,1882, p. 30. PRONONC. ET ORTH. − 1. Forme phon. [avalɑ
̃:ʃ]. 2. Forme graph. − Fér. 1768 écrit avalanges qu'il transcrit : ava-lange. Ac. 1798 admet parallèlement comme vedette avalanche ou avalange (cf. aussi Land. 1834, qui note cependant sa préférence pour la 1reforme). Ac. 1835 signale s.v. avalanche : ,,quelques-uns disent avalange``; cette forme (avec la finale sonore [ʒ]) est encore mentionnée ds Besch. 1845 (qui cite également lavange), ds Littré, s.v. avalanje et Lar. 19e: ,,quelques-uns disent avalange; mais c'est par abus``. Noter que Besch. et Littré citent également la forme lavanje (s.v. avalanche). ÉTYMOL. ET HIST.
A.− a) 1572 lavanche « coulée de neige » (J. Pelletier du Mans, La Savoye, p. 238 ds Littré : Que dirons-nous de la neige qui tombe En un monceau tout le long de la combe? ... Cette lavanche au choir se vient ouvrir Au heurt des rocz et tout le val couvrir), forme encore mentionnée ds Littré, de même lavange; 1690 avalange, avalanche (Fur.), b) 1611 avallanche « masse de matériau qui se détache d'une hauteur et se précipite vers le bas » (Cotgr.), rare, mentionné à nouveau ds Land. 1834 qui repousse la forme avalange.
B.− 1845 avalanche humaine (Besch.).
Empr. au terme alpin avalanche 1487, Fribourg (Comptes de l'hôpital, Archives cantonales ds Pat. Suisse rom.) et 1490, id. (Ibid. : Pour decupillie una avalanche que ere chisa en la raye dou mulin), croisement de aval, avaler* « descendre » et du terme alpin la lavanche, répandu dans toute la région montagneuse du sud-est de la France, y compris le val d'Aoste (FEW t. 5, p. 101a), cf. a. prov. lavanca « lavange, ravine » xiies., P. Vidal, Cara amiga ds Rayn., t. 4, p. 33a : Non tem folzer ni lavanca; l'orig. de lavanche est obsc. : prob. d'un type *lavanca soit entièrement (rad. et suff.) prélatin (Bl.-W.5), -anca étant un suff. ligure adopté par le gaulois, fréquent dans la toponymie alpine; soit plus vraisemblablement composé du même suff. accolé par substitution au rad. du lat. labina « éboulement » (Isidore, lib., 16 Orig. cap. 1 ds Du Cange s.v. lavina) lui-même dér. du lat. labi « glisser » (Ern.-Meillet); en faveur de cette dernière hyp., les formes dauphinoises de type lavino, attestées au sens de « rocher qui s'écroule » (FEW t. 5, p. 101a) dér. directement du lat. labina, v. E. Muret ds B. du gloss. du pat. de la Suisse rom., Lausanne, t. 7, p. 26; moins vraisemblable (FEW t. 5, p. 102a) est l'hyp. d'une orig. germanique attribuée par Hubschmied ds Mél. Duraffour, p. 268, 269 à ce suff. accolé selon lui au même mot lat.
L'hyp. selon laquelle le rad. de lavanche serait constitué par le gaul. *lausa « pierre plate, dalle » (v. lozange) présentée par Dauzat ds Fr. mod., t. 6, pp. 105-106, et celle émise par Nigra ds Archivio glottologico italiano, t. 14, p. 284, qui rattache lavanche, avalanche à lave*, sont trop insuffisamment étayées pour pouvoir être retenues. STAT. − Fréq. abs. littér. : 326. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 448, b) 571; xxes. : a) 438, b) 433. BBG. − Baulig 1956. − Bouillet 1859. − Brard 1838. − Canada 1930. − Charles 1960. − Chass. 1970. − Duval 1959. − Électron. 1963-64. − Gautrat 1970. − Gautrat, Ski 1969. − George 1970. − Littré-Robin 1865. − Méd. Biol. t. 1 1970. − Métrol. 1969. − Musset-Lloret 1964. − Neyron 1970. − Nucl. 1964. − Plais.-Caill. 1958. − Siz. 1968. |