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AUTONOMIE, subst. fém.
A.− [En parlant d'un pays, d'une province, d'une commune, ou encore d'une nation, d'un peuple, gén. p. oppos. à une collectivité intégrante ou intégrée]
1. Fait de se gouverner par ses propres lois (p. anal. avec le droit dont jouissaient, sous les Romains, certaines villes grecques).
P. ext. Fait, pour une collectivité, de s'administrer elle-même :
1. Chaque ville tenait fort à son autonomie; elle appelait ainsi un ensemble qui comprenait son culte, son droit, son gouvernement, toute son indépendance religieuse et politique. Fustel de Coulanges, La Cité antique,1864, p. 259.
2. Les Alsaciens-Lorrains subissent un régime d'exception dans l'Empire allemand et ils demandent à être traités comme le sont les Bavarois, les Saxons, les Wurtembourgeois; voilà l'autonomie qu'ils réclament et que d'ailleurs on leur refuse. Mais il n'est nullement question de leur faire une situation autonome entre la France et l'Allemagne. Non, ce n'est pas d'une telle autonomie, d'une indépendance quelconque qu'il est question entre les Alsaciens-Lorrains et les Allemands. Barrès, Mes cahiers,t. 8, 1909-10, p. 26.
SYNT. Autonomie administrative, douanière, économique, fiscale, politique; autonomie d'une commune, des colonies, des forces; les autonomies corporatives, locales; perdre, réclamer, refuser, retrouver l'autonomie; tenir à son autonomie; jouir de l'autonomie; être un champion de l'autonomie; être jaloux de son autonomie; besoin, volonté d'autonomie.
Spéc. Autonomie des ports. ,,Régime administratif d'un port qui reçoit par décret la personnalité morale et s'administre lui-même. Ex. : Bordeaux, Le Havre. (L. 12 juin 1920)`` (Cap. 1936).
2. Fait, pour une collectivité, d'assumer et de vivre son particularisme, son individualité morale, culturelle :
3. Le secret, c'est que la Provence a ses dieux, qu'elle retrouvera son autonomie, sa personnalité, sa langue. Barrès, Mes cahiers,t. 13, 1921, p. 113.
B.− P. anal.
1. [En parlant d'une pers.]
Faculté de se déterminer par soi-même, de choisir, d'agir librement :
4. ... le désir d'autonomie est d'autant plus prononcé que la dépendance a été plus ressentie, mais il est aussi d'autant plus redouté par le sujet comme dangereux ou coupable que s'est formée en lui une secrète valorisation de sa soumission. Le révolutionnaire hésitant ou déchiré naît parfois de ce conflit... Mounier, Traité du caractère,1946, p. 442.
Liberté, indépendance morale ou intellectuelle :
5. C'est te déclarer libre, indépendant, sans maître, sans obligation; c'est par conséquent t'affranchir de la loi morale. Le principe de ton quiétisme, c'est donc un refus d'obéissance, c'est une sécession et en quelque sorte une révolte. Si dur, si triste, si pénible que soit l'isolement, il flatte néanmoins notre instinct d'antivasselage; il nous crée une autonomie altière et entière, il nous fait souverains, souverains sans sujets, sans puissance, sans grandeur, mais n'ayant à s'humilier devant rien ni devant personne. Amiel, Journal intime,1866, p. 442.
SYNT. Autonomie intellectuelle, morale; l'autonomie de la conscience, de la pensée, de la raison, de la volonté; affirmer son autonomie.
PÉDAG. ,,Organisation scolaire telle que les écoliers participent, dans une mesure plus ou moins grande, au choix des matières enseignées et à la discipline générale de l'école, de manière à apprendre à se gouverner eux-mêmes`` (Piéron 1963). L'autonomie des écoliers.
PHILOSOPHIE :
6. Dans ce paradoxe d'une « détermination imprévisible » ne pourrait-on reconnaître la synthèse de nécessité et de contingence que les grands métaphysiciens identifièrent toujours à la liberté du sage, et qu'ils appellent « autonomie » parce qu'elle associe la spontanéité à la loi? Jankélévitch, Le Je-ne-sais-quoi et le presque-rien,1957, p. 211.
PSYCHOLOGIE :
7. Quand la psychanalyse a remplacé un conflit inconscient et névrotique par un conflit conscient et humain, elle n'a pas, remarque Dalbiez, apporté une solution à ce dernier conflit, que seul le malade peut résoudre. Mais elle a haussé d'un plan les conditions de l'action et donné de meilleurs cartes à l'autonomie du moi contre les tyrannies du surmoi. Mounier, Traité du caractère,1946, p. 730.
2. Spéc. [En parlant de la struct. ou du fonctionnement d'organismes naturels ou créés par l'industr. hum.]
a) ANAT. et PHYSIOL. L'autonomie biologique de la cellule :
8. Chacun de ces éléments possède son autonomie, c'est-à-dire sa vie propre. Ils ont chacun des propriétés spéciales (...) il y a aussi subordination et harmonie dans les mécanismes vitaux, sans quoi il ne pourrait pas y avoir d'unité ni d'ensemble dans la vie de l'organisme total. C. Bernard, Principes de méd. exp.,1878, p. 11.
P. ext. Autonomie biologique de l'être :
9. Adieu, vous que j'aimais. Ce n'est point ma faute si le corps humain ne peut résister trois jours sans boire. Je ne me croyais pas prisonnier ainsi des fontaines. Je ne soupçonnais pas une aussi courte autonomie. On croit que l'homme peut s'en aller droit devant soi. On croit que l'homme est libre... On ne voit pas la corde qui le rattache au puits, qui le rattache, comme un cordon ombilical, au ventre de la terre. S'il fait un pas de plus, il meurt. Saint-Exupéry, Terre des hommes,1939, p. 237.
b) TECHNOL. (aéron., astronaut.). Autonomie cinétique; autonomie de manœuvre, de vol; autonomie d'un avion, d'un navire, d'un véhicule.
PRONONC. : [otɔnɔmi] ou [ɔtɔ-]. Également [oˑtɔ-] (Passy 1914).
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. 1596 « fait de se gouverner d'apr. ses propres lois » (Hulsius, Dict. françois-alemand et alemand-françois d'apr. Behrens ds Z. fr. Spr. Lit. t. 23, 2epart., p. 12) attest. isolée; p. ext. av. 1815 « indépendance » contexte philos. (Villers, Kant, p. 138 ds Littré : Descartes effaça le honteux jurer sur la parole du maître, qui ôtait toute autonomie à la raison). 2. 1762 hist. anc. (Ac.). Empr. au gr. α υ ̓ τ ο ν ο μ ι ́ α « droit de se régir par ses propres lois, indépendance, autonomie (en parlant d'un État) » (Thucydide 3, 46 ds Bailly).
STAT. − Fréq. abs. littér. : 303. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 19, b) 198; xxes. : a) 240, b) 1 021.
BBG. − Aquist. 1966. − Bach.-Dez. 1882. − Barr. 1967. − Bastin 1970. − Battro 1966. − Cap. 1936. − Dub. Pol. 1962, p. 68, 91, 105, 132, 134, 136, 187. − Foulq.-St-Jean 1962. − Franck 1875. − Goblot 1920. − Julia 1964. − Lafon 1969. − Lal. 1968. − Lar. comm. 1930. − Lemeunier 1969. − Littré-Robin 1865. − Méd. Biol. t. 1 1970. − Miq. 1967. − Piéron 1963. − Réau-Rond. 1951. − Romeuf t. 1 1956.