| AUTOCRATIE, subst. fém. A.− Pouvoir politique sans contrôle ni partage, qui trouve en lui-même sa propre légitimité : 1. ... en Assyrie, l'autocratie sans contrepoids se glorifiant de couper les mains, d'arracher les yeux, de broyer les têtes, de faire bouillir des vivants, la guerre sans arrêt, ...
É. Faure, L'Esprit des formes,1927, p. 99. 2. La révolution, avant d'être économique, ou sentimentale, est militaire. Jusqu'au jour où elle éclatera, l'action révolutionnaire se confond avec la stratégie. L'autocratie est l'ennemi; sa force principale, la police, corps professionnel de soldats politiques.
Camus, L'Homme révolté,1951, p. 281. SYNT. autocratie féodale, impériale, militaire, tsariste; autocratie puissante; lutte contre l'autocratie; combattre l'autocratie. − P. ext. 1. Pouvoir excessif : 3. ... au moment même où la Finlande, qui avait tout de même un peu résisté à l'autocratie pure, à la bureaucratie autocratique, ne peut plus résister à l'autocratie parlementaire...
Péguy, Notre jeunesse,1910, p. 92. 4. L'autocratie technicienne, possible dans quelques actions extrêmement limitées, n'est pas compatible, en tant que moyen systématique de gouvernement, ni avec le bon fonctionnement des mécanismes psychologiques qui commandent l'économie et la vie sociale, ni avec le contrôle démocratique.
G. Belorgey, Le Gouvernement et l'admin. de la France,1967, p. 433. ♦ Au fig. : 5. Le paupérisme, les crimes, les révoltes, les guerres, ont eu pour mère l'inégalité des conditions, qui fut fille de la propriété, qui naquit de l'égoïsme, qui fut engendrée du sens privé, qui descend en ligne directe de l'autocratie de la raison.
Proudhon, Qu'est-ce que la propriété?1840, p. 320. 2. Dans le domaine de la vie privéeAutorité absolue : 6. Dans la famille, les enfants sont égaux (...) en vertu de la tendresse et de l'autocratie paternelles...
Proudhon, De la Création de l'ordre dans l'humanité,1843, p. 197. B.− P. méton. Régime politique dans lequel un tel pouvoir s'exerce : 7. Il y a un peu plus d'un siècle, Chaka transforma rapidement en un état despotique la petite monarchie des Zoulou et fit de cette tribu une puissance de première grandeur dans l'Afrique du Sud indigène (page 251). Son exemple nous prouve bien à quel point les autocraties sont instables, puisque sous ses successeurs, moins capables et cruels, une grande partie de l'autorité royale disparut.
R. H. Lowie, Manuel d'anthropol. culturelle,1936, p. 320. PRONONC. : [otɔkʀasi] ou [ɔ-]. Dub. transcrit uniquement [o] fermé pour la 1reet la 2esyll. À ce sujet, cf. auto-1. ÉTYMOL. ET HIST. − Av. 1794 (C. Desmoulins, Les Révolutions de France et de Brabant, no10, Buchez et Roux, t. 21, p. 37 ds Brunot t. 9, p. 832 : ... les observations que j'ai faites m'obligent à [...] me servir désormais du mot générique « autocrate », « autocratie »; il désigne mieux [que « brissotin »] le but de toutes ces intrigues qu'on voit dans l'assemblée).
Dér. de autocrate*; suff. -ie*, ou empr. au gr. α
υ
̓
τ
ο
κ
ρ
α
́
τ
ε
ι
α « pouvoir absolu » (Platon ds Bailly). STAT. − Fréq. abs. littér. : 32. BBG. − Bach.-Dez. 1882. − Birou 1966. − Cap. 1936. − Dub. Pol. 1962, p. 48, 81, 130. − Littré-Robin 1865. − Nysten 1824. − Pol. 1868. − Sociol. 1970. |