| AUSPICE, subst. masc. HIST. ANC. A.− [Chez les Romains] Signe que certaines personnes (magistrats, prêtres) interprétaient pour prévoir l'avenir. Prendre les auspices (Littré) : 1. Avant qu'aucun orateur prît la parole, une prière était prononcée devant le peuple silencieux. On consultait aussi les auspices, et s'il se manifestait dans le ciel quelque signe d'un caractère funeste, l'assemblée se séparait aussitôt.
Fustel de Coulanges, La Cité antique,1864, p. 205. − P. ext. Présage, circonstance qui annonce quelque chose de bon ou de mauvais. Sous de cruels, de funestes, de tristes auspices; sous de favorables, d'heureux auspices : 2. Tu as vu sous quels affreux auspices je reçus la main de Célanire : hélas! Tous les événemens qui suivirent ne s'accordèrent que trop avec ces sinistres présages! ...
Mmede Genlis, Les Chevaliers du Cygne,t. 2, 1795, p. 88. − Au fig. Appui, protection : 3. Ainsi voilà Racine qui, si Boileau n'y met bon ordre, va débuter sous le patronage de Perrault et de Chapelain. Son ode, quoique pleine, nombreuse et élégante, n'est d'ailleurs pas indigne de leurs auspices...
Sainte-Beuve, Port-Royal,t. 5, 1859, p. 448. ♦ [Gén. suivi d'un nom d'animé, d'un nom coll., parfois d'un inanimé concr. ou abstr.] Sous les auspices de : 4. En différents endroits les prisonniers ont été tenus régulièrement au courant, par les autorités allemandes, des événements de la guerre et des prétendues « réformes » opérées chez nous sous les auspices du gouvernement de Vichy.
Ambrière, Les Grandes vacances,1946, p. 65. B.− Rare. Celui qui, à Rome, prédisait l'avenir en observant certains signes, particulièrement le vol des oiseaux. Synon. augure : 5. Il y eut partout sur la terre des apparitions, des maléfices, des envoûtements, des sacrifices humains; il y eut des auspices et des aruspices, et des chevreaux sacrifiés aux sources, aux nuages orageux, aux forces printanières.
Alain, Propos,1922, p. 408. Rem. Les emplois A et B sont nettement distincts du point de vue étymol. (cf. infra); il n'est pas sûr qu'ils ne soient pas sentis, en fr., comme liés par un rapport métonymique. PRONONC. ET ORTH. − 1. Forme phon. : [ɔspis] ou [o-]. Passy 1914, Dub. et Pt Lar. 1968 transcrivent l'initiale avec [o] fermé (cf. aussi les dict. hist.). Passy note pour cette syll. une durée mi-longue. Barbeau-Rodhe 1930 et Harrap's 1963 transcrivent uniquement [ɔ] ouvert; Pt Rob. et Warn. 1968 donnent les deux possibilités de prononc. À ce sujet, cf. augmenter. 2. Homon. : hospice. Fér. Crit. t. 1 1787 souligne que le mot ,,se prononce comme hospice, mais [que] le sens est bien différent``. Il signale que ,,les ignorans sont sujets à les confondre, comme autel et hôtel``. Noter que Dub. enregistre la vedette au pluriel. ÉTYMOL. ET HIST.
I.− a) 1366 Antiq. romaine euspices « présages tirés du vol des oiseaux » (Oresme, Contre les divinations, B.N. 19951, fo2 vods Gdf. Compl. : D'euspices de esternuier, des encontres etc.); b) ca 1355 sing. auspice « heureux présage, fortune, bonheur » (Bers., Tite-Live, B.N. 20312 ter, fo1e, ibid.) − 1690, Fur. (plur.); c) 1641 plur. « circonstances qui présagent quelque chose d'heureux ou de malheureux » (Corn., Cinna, V, 3 ds Littré).
II.− a) 1570 Antiq. romaine « témoin dans un mariage, paranymphe » (Gentian Hervet, Cité de Dieu, I, 182 ds Hug. : Il envoya deux auspices, et le lict nuptial fut apresté, et les torches des nopces), attest. isolée; b) 1697-1703 gén. « prêtre qui prenait les auspices » (J. B. Thiers, Traité des superstitions qui regardent les sacrements, ch. 17 ds Rich. 1706 : L'Antiquité Payenne étoit si atachée aux auspices, qu'elle n'eût pas voulu faire la moindre chose sans les consulter auparavant).
I empr. au lat. auspicium, sens a (Naevius, Carm. frg. ds TLL s.v., 1545, 62), sens b « bonheur » lat. médiév. (1146-48, Nivardus, Ysengr., 3, 910 ds Mittellat. W. s.v., 1269, 32) etc. « présage » (Tite Live, 1, 55, 5 ds TLL s.v., 1548, 38). II empr. au lat. auspex, -icis, a (Plaute, Cas., 86, ibid., 1541, 38); b (Cicéron, Att., 2, 7, 2, ibid., 1541, 14); v. Kl. Pauly, I, 734. Le rapport étymol. entre les deux éléments associés (rad. de avis « oiseau » et de specere « regarder ») tendait à s'estomper dès le latin. STAT. − Fréq. abs. littér. : 192. BBG. − Bouillet 1859. − Goug. Lang. pop. 1929, p. 90. − Lavedan 1964. − Perraud 1963. − Pol. 1868. − St-Edme t. 2 1825. |