| AUROCHS, subst. masc. ZOOL. Sorte de taureau sauvage, ancêtre probable du bœuf actuel, répandu autrefois dans toute l'Europe, en voie d'extinction. Dit aussi ure, urus : 1. On ne pourrait guère expliquer autrement la longue persistance de la faune originale de grands animaux dont parlent les témoignages historiques. Il y avait dans les Vosges, encore vers l'an 1000, des bisons, des aurochs, des élans, hôtes des grandes forêts hercyniennes, et qui ont disparu ou se réduisent à quelques individus confinés en Lithuanie ou sur les bords de la Baltique, gibier magnifique qui fit des Vosges un domaine de chasse cher aux Carolingiens.
Vidal de La Blache, Tabl. de la géogr. de la France,1908, p. 192. 2. Car les bêtes les premières ont dessiné la route. Ours et loups, aurochs massifs, aussi sauvages sans doute que les taureaux de combat d'aujourd'hui, qui, guidés par l'instinct, au cours de migrations primitives, en changeant de versant pour trouver pâture, en se ménageant des issues en cas d'alerte ou en cherchant les points d'eau, devinaient et suivaient le chemin le plus court et le plus facile (...).
Pesquidoux, Le Livre de raison,1925, p. 173. 3. Ces diverses races paraissent dériver toutes du B. primigenus Bojanus et d'une forme plus petite, à cornes beaucoup plus courtes (B. brachyceros Ow.). Le premier n'est autre que l'Ur ou Aurochs, nom que l'on a appliqué très inexactement, à partir du xvesiècle au Bison d'Europe, qui vivait encore, tandis que le véritable Aurochs n'existait plus qu'à l'état d'extrême rareté, et que son souvenir même était perdu, son nom restant appliqué à la seule espèce sauvage persistante de Bœuf de l'Europe centrale.
E. Perrier, Traité de zool.,t. 4, 1932, p. 3595. − P. métaph. : 4. Or, Mona, du milieu de la mer rude et haute,
Dressait rigidement les granits de sa côte,
Qui, massifs et baignés d'écume et pleins de bruit,
Brisaient l'eau furieuse en gerbes dans la nuit,
Sombres spectres, vêtus de blanc dans ces ténèbres,
Et vomissant les flots par leurs gueules funèbres.
L'esprit rauque du vent, au faîte noir des rocs,
Tournoyait et soufflait dans ses cornes d'aurochs;
Et c'était un fracas si vaste et si sauvage,
Que la mer s'en taisait tout le long du rivage, ...
Leconte de Lisle, Poèmes barbares,Le Massacre de Mona, 1878, p. 113. PRONONC. ET ORTH. : [ɔ
ʀ
ɔks] ou [o-]. [ɔ] ouvert pour la 1resyll. ds Barbeau-Rodhe 1930 et Harrap's 1963, [o] fermé ds Pt Lar. 1968 (cf. aussi les dict. hist.). Pt Rob. et Warn. 1968 donnent les deux possibilités de prononc. Pour l'hésitation entre [ɔ] et [o], cf. augmenter et auréole. Pour la prononc. [k] du groupe ch dans le mot, cf. Fouché Prononc. 1959, p. 417. Le s final se prononce ds Barbeau-Rodhe 1930, Harrap's 1963 et Warn. 1968 (cf. aussi Nod. 1844, Littré et DG). Il est facultatif ds Pt Rob. et Pt Lar. 1968. Barbeau-Rodhe rappelle que Victor Hugo écrivait auroch et Mart. Comment prononce 1913 écrit à ce sujet : ,,On articule aussi intégralement rams et aurochs (aurox). On notera seulement la tendance qui se manifeste, notamment chez Victor Hugo, à remplacer aurochs par auroch : en ce cas, le pluriel se prononce comme le singulier; mais c'est aurochs qui est le vrai mot.`` Cf. aussi Fouché Prononc. 1959, p. 422. Noter que Land. 1834, Besch. 1845 et Fél. 1851 ne transcrivent pas s final et que Besch. emploie comme vedette aurochs ou urus. ÉTYMOL. ET HIST. − 1. 1414 ourofl « bœuf sauvage » (Ghill. de Lannoy, Voy. et Ambass., 41, Potvin d'apr. Delboulle ds R. Hist. litt. Fr., t. 4, p. 128 : Et sont les aucunes [des bêtes] comme bœufz sauvages, nommez ouroflz); 2. 1611 aurox (Artus Thomas, Comm. sur la trad. d'Apollonius par Vigenère, t. 2, p. 384, ibid.); ca 1752 aurocks (Buffon, Hist. Nat., Quadrupèdes, t. 1, p. 273, éd. Lanessan, Paris, 1883); ca 1752 aurochs (Id., Ibid., t. 4, p. 359).
1. empr. au m.h.all. urohse « aurochs » composé de ur « aurochs » et de ohse « bœuf » (all.mod. Ochse), Lexer30; 2 empr. à l'all. mod. Auerochse (Paul-Betz5); cf. m.b.all. ūrosse, néerl. mod.
œros, norv. urokse « aurochs » (Kluge20). Le germ. ur, a.nord. urr est d'orig. incertaine. Le mot germ. a été empr. par le lat. urus (César, De Bello gallico, 6, 28, 1), lui-même empr. au xvies. par le fr. ure*. STAT. − Fréq. abs. littér. : 19. BBG. − Bible 1912. − Bouillet 1859. − Bréz. 1969. − Littré-Robin 1865. − Marcel 1938. − Mont. 1967. − Privat-Foc. 1870. |