| AUNER, verbe trans. A.− Mesurer à l'aide d'une aune; p. ext. mesurer avec une unité quelconque de longueur. Auner de la soie : 1. Laure n'aimait pas Gaspard, mais c'était là le dernier des soucis de Laure. Il n'était jamais entré dans son esprit qu'elle dût aimer son mari. Ce qui la chagrinait, c'est que Gaspard n'était que vicomte; elle eût voulu tout au moins un marquis. Le titre de vicomtesse n'était pourtant pas à dédaigner, quand on s'appelait Mademoiselle Levrault, et qu'on se souvenait d'avoir vu son père auner du drap rue des Bourdonnais.
Sandeau, Sacs et parchemins,1851, p. 12. − P. plaisant., vx. Auner l'habit de qqn. Lui donner des coups de bâton. Rem. Attesté ds Littré, Guérin 1892, Nouv. Lar. ill., DG. B.− Au fig. [Le compl. désigne des pers. ou des notions morales] Juger, apprécier : 2. Dans la vie pesée à son poids léger, aunée à sa courte mesure, dégagée de toute piperie, il n'est que deux choses vraies : la religion avec l'intelligence, l'amour avec la jeunesse, ...
Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe,t. 1, 1848, p. 160. 3. Un Van Cassel, nous aunant à sa mesure, nous reprochait, aux applaudissements d'Esterhazy, de nous cacher derrière l'armée.
Clemenceau, L'Iniquité,1899, p. 303. PRONONC. ET ORTH. − 1. Forme phon. : [one], j'aune [ʒo:n]. 2. Homon. : aunai(en)t (il, ils), aunai(s) (je, tu), au(l)naie. ÉTYMOL. ET HIST. − Ca 1180 « mesurer à l'aune » (Renart, éd. M. Roques, branche I, vers 2298 : Si estoit alez querre une aune Dont il voloit un drap auner); 1833 p. ext. « mesurer », (Scribe, Bertrand et Raton, acte II, scène II, p. 149).
Dénominatif de aune1*; dés. -er. STAT. − Fréq. abs. littér. : 11. BBG. − Dupin-Lab. 1846. |