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AUGURER, verbe trans.
A.− ANTIQ. ROMAINE [En parlant de l'augure] Faire des prédictions d'après l'observation, en particulier du vol des oiseaux.
B.− P. ext. Tirer un augure, avoir le pressentiment de ce qui se produira à partir d'un signe pris comme présage.
1. Augurer + adv. qualitatif (bien, mal, au mieux, etc.) de (à propos de) qqn ou qqc. :
1. Ce début nous promet un combattant de plus dans la sainte lutte de la philosophie religieuse et morale que ce siècle livre contre une réaction matérialiste. Comme vous, j'augure bien du succès. Lamartine, Correspondance,1831, p. 194.
2. ... j'augure mal de cette rousse bien faite, la taille et les hanches rondes, mais d'une laideur flagrante... Colette, Claudine à l'école,1900, p. 16.
2. Augurer qqc.Avoir le pressentiment que cette chose se produira :
3. « Il semble se montrer le partisan, l'obséquieux associé de cette mystérieuse sainte alliance, alliance universelle dont je ne saurais d'ici deviner ni le sens ni le but; qui ne peut présenter rien d'utile, ni faire augurer rien de bon. (...) » Las Cases, Le Mémorial de Sainte-Hélène,t. 2, 1823, p. 353.
4. ... je me contente d'attendre de pied ferme la prochaine grande exposition de 1937. L'espèce de fureur sacrée avec laquelle les organisateurs se sont précipités, dès le premier jour, sur l'incompétence, laisse augurer de bien paradoxales réalisations. Lhote, Peint. d'abord,1942, p. 50.
3. Augurer qqc. de qqn (à propos de qqn) :
5. Il [Véron, en publiant son livre] confirme malheureusement tout ce que les gens plus fins que le vulgaire pouvaient augurer de lui. E. Delacroix, Journal2, 1856, p. 94.
4. Augurer qqc. de qqc. (à propos de qqc.) :
6. D'un air affecté qui n'était pas sans grâce, elle prit place dans un des fauteuils vides et se tournant vers Élizabeth comme une dame en visite, elle lui demanda ce qu'elle augurait du temps. Green, Journal,1928-34, p. 291.
Rem. 1. On peut trouver dans un emploi poét., augurer à la forme pronom. passive « se laisser deviner, prévoir » :
7. Car la rose déjà s'augure à l'églantier. H. de Régnier, Les Jeux rustiques et divins,1897, p. 189.
Rem. 2. Pour l'oppos. augurer/présager, cf. augure.
Rare. Supposer quelque chose (l'hypothèse porte sur un fait passé que l'avenir doit confirmer) :
8. J'augurai que cette femme [Mariton], obligée de soigner son bourgeois, n'avait pas pu, la veille, s'occuper de son garçon autant qu'elle l'aurait souhaité... G. Sand, Les Maîtres sonneurs,1853, p. 231.
PRONONC. : [ogyʀe] ou [ɔ-], j'augure [ʒogy:ʀ] ou [ʒ ɔ-]. Pour [o] fermé ou [ɔ] ouvert, cf. augure.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1352-56 Antiq. rom. « (des augures), tirer des présages, en partic. d'apr. le vol, le chant des oiseaux » (Bersuire, Tite-live, B.N. 10312 ter, fo69 vods Gdf. Compl. : Nulle chose ne estoit faite, ne a l'ostel, ne a la bataille, se premierement elle ne fust auguree); p. ext. av. 1614 « conjecturer » (Brantôme, Des Dames, La Reine d'Ecosse ds Dict. hist. Ac. fr. : Il y en eut qui auguroient sur ledict brouillard qu'il signifioit qu'on alloit prendre terre dans un royaume brouillé, brouillon et mal plaisant); av. 1650 « id. » (Vaugelas, trad. de Quinte-Curce, Histoire d'Alexandre, X, ibid. : Dès que la cavalerie commença à s'esbranler, il prit une soudaine frayeur aux gens de pied, d'avoir en teste leurs ennemis nouvellement reconciliez, et n'en augurant rien de bon, ils furent en branle de regagner la ville). Empr. du lat. augurare « prendre les augures » (Plaute, Cist, 694 ds TLL s.v., 1376, 34); « conjecturer » (Ennius, Trag., 246, ibid., 1377, 3).
STAT. − Fréq. abs. littér. : 119.
BBG. − Ac. Can.-Fr. 1968. − Canada 1930.