| AUBADE, subst. fém. A.− Concert de voix ou d'instruments donné à l'aube en l'honneur de quelqu'un, sous ses fenêtres ou à sa porte; air composé pour ce concert. Courir les aubades : 1. Ils sortent au-devant du député de gauche, et vont à sa rencontre avec musique, violons, flûtes, fifres, hautbois. Les gentilshommes de la garnison (...), résolus de troubler la fête, attaquent les donneurs d'aubade, croyant ne courir aucun risque.
Courier, Pamphlets pol.,1824, p. 58. 2. Le lendemain, cette aubade de trompettes qu'on appelle la diane dans les régiments réveilla Leuwen à cinq heures, mais il se mit à se promener gravement dans sa chambre.
Stendhal, Lucien Leuwen,t. 2, 1836, p. 57. 3. Te souvient-il de l'aubade que les gondoliers te donnèrent l'an passé sous les fenêtres de ta belle? Tu l'entendis dans le demi-sommeil, au fond du grand lit ancien tout parfumé des songes d'Annalena assoupie.
Milosz, L'Amoureuse initiation,1910, p. 207. B.− P. anal., plais. et p. iron., fam., vx ou région. Vacarme produit dans l'intention d'insulter, de faire une avanie, charivari (d'apr. Ac. 1835). PRONONC. : [obad]. Passy 1914 note une durée mi-longue pour la 2esyll. du mot, Barbeau-Rodhe 1930 pour la 1re. ÉTYMOL. ET HIST. − Début xves. albade (Myst. de S. Bern. de Menthon, 1923 ds Gdf. Compl. : Une albade bien gracieuse); 1432 aubade (Hist. du chevalier Paris et de la belle Vienne, fo4 ro, ibid.).
Empr. à l'a. prov. albada « aubade », prov. mod. aubada, attesté dep. 1458 (d'apr. Pansier t. 3, p. 7), dér. de alba « aubade » (dep. début xiiies., H. de La Bachelerie ds Rayn.), d'abord « aube », du lat. alba, subst. fém. tiré du lat. albus « blanc » (aube1*). Cette hyp. est préférable à celle de Marty t. 1, p. 183, pour qui aubade est empr. à l'esp. albada, car le Myst. de S. Bernard de Menthon est un texte appartenant au domaine fr.-prov., et P. de La Cépède, aut. de Paris et Vienne, est d'orig. marseillaise. STAT. − Fréq. abs. littér. : 29. BBG. − Bach.-Dez. 1882. − Baldinger 1950, p. 109. − France Suppl. 1907. − Le Roux 1752. − Lew. 1960, p. 22. − Rougnon 1935, p. 163. |