| ATTROUPER, verbe trans. I.− Emploi trans. A.− Rare. Rassembler plusieurs personnes en troupe plus ou moins tumultueuse. Rem. Attesté ds la plupart des dict. gén. du xixeet du xxesiècle. B.− Causer un rassemblement plus ou moins fortuit de personnes. Attrouper la foule, les gens; attrouper des curieux, des badauds. 1. [Le suj. est une pers.] :
1. ... et elles balançaient les hanches, se pelotonnaient, se dégingandaient, histoire d'attrouper le monde et de faire craquer leur corsage sous leurs formes naissantes.
Zola, L'Assommoir,1877, p. 711. 2. [Le suj. est un inanimé] :
2. ... les étalages attroupaient la foule, celui d'un orfèvre surtout, flambant de grosses pièces d'argenterie.
Zola, L'Argent,1891, p. 29. 3. Au fig. : 3. Combien de femmes sont comme Circé! Elles n'ont pas de plus grand bonheur que d'attrouper les hommes autour d'elles, de leur ôter toute dignité, de les faire tous manger dans la même auge.
Sainte-Beuve, Mes poisons,1869, p. 68. II.− Emploi pronom. A.− Rare. [Le suj. désigne des pers.] Se rassembler, se former en troupe bruyante et tumultueuse : 4. La disette, et la guerre qui se faisait presque jusqu'aux portes de la ville, portèrent enfin la populace à un nouvel accès de fureur. Le 20 août, elle s'attroupa encore devant le Châtelet, criant qu'on ne voulait pas faire justice des Armagnacs, et que tous les jours on en délivrait pour de l'argent.
Barante, Hist. des ducs de Bourgogne,t. 4, 1824, p. 186. B.− Former un rassemblement (supra I B). Les gens s'attroupent. 1. [Le suj. désigne des pers.] :
5. Des escamoteurs, des hercules arrivaient, qui étalaient sur la terre de l'avenue un tapis mangé d'usure. Alors, les badauds s'attroupaient, un cercle se formait, tandis que le saltimbanque, au milieu, jouait des muscles dans son maillot fané. Nana et Pauline restaient des heures debout, au plus épais de la foule.
Zola, L'Assommoir,1877, p. 713. 2. P. ext. [Le suj. désigne des animaux] :
6. La chasse royale, tant de gens de bonne foi l'ont entendue qu'il est difficile de la nier tout net. Jérôme Grange disait que ce pouvait être les oiseaux de nuit qui s'attroupaient, − de même que les chiens de village courent parfois, en bande, comme des loups, − et pris de folie, menaient à corps perdu leur sabbat.
Pourrat, Gaspard des montagnes,Le Château des sept portes, 1922, p. 24. 3. Au fig. et littér. Se réunir, s'assembler, se grouper : 7. ... depuis que les hommes se sont attroupés en nations, l'argent a été une religion universelle, un culte éternel...
Balzac,
Œuvres diverses,t. 2, 1850, p. 482. − Par personnification : 8. Une nuée impénétrable sourd des étendues, naguère surchauffées. L'eau cherche l'eau, s'attroupe, se fraie des routes, s'ameute en cascades et, ruisseaux, dévale sur les pentes, bondit vers la rivière.
Maran, Batouala,1921, p. 59. PRONONC. ET ORTH. : (s')attrouper [atʀupe], j(e m)'attroupe [ʒatʀup]. Fér. Crit. t. 1 1787 écrit atrouper avec un seul t. ÉTYMOL. ET HIST. − 1205 trans. (Doon de Mayence, 10627 ds Gdf. Compl. : De leviers et de busches entour li atroper); 1611 pronom., Cotgr.
Dér. de troupe*; préf. a-1*; dés. -er. STAT. − Fréq. abs. littér. : 57. BBG. − Bruant 1901. |