| ATTIRANCE, subst. fém. A.− Effet produit par une force qui attire. L'attirance d'un aimant : 1. ... il marchait jamais que de biais, comme un véritable crabe, le long des boutiques... Il neutralisait ainsi les attirances de mercure et puis les effluves du soleil, les « ioniques » qui traversent les nuages...
Céline, Mort à crédit,1936, p. 464. − L'attirance du gouffre. Vertige qui entraîne quand on se penche sur un précipice. ♦ Au fig., p. métaph. : 2. ... une foule d'actions humaines resteront inexpliquées, inexplicables. Ces actions n'ont d'attrait que parce que elles sont mauvaises, dangereuses; elles possèdent l'attirance du gouffre.
Baudelaire, Nouvelles histoires extraordinaires,trad. de E. Poë, 1857, p. 6. B.− Au fig. Force qui s'exerce sur une personne pour l'entraîner vers quelqu'un ou vers quelque chose : 3. Dès la première fois que vous apercevez ce visage, cette bouche, ces cheveux, ce sourire, vous sentez leur charme entrer en vous avec une joie douce et délicieuse, vous sentez une sorte de bien-être heureux vous pénétrer, et l'éveil subit d'une tendresse encore confuse qui vous pousse vers cette femme inconnue. Il semble qu'il y ait en elle un appel auquel vous répondez, une attirance qui vous sollicite; ...
Maupassant, Contes et nouvelles,t. 1, La Patronne, 1884, p. 695. 4. Dans l'âme de Jean-Noël venait de se déposer, ou plutôt de se fixer, pour la première fois, le goût du morbide, l'attirance vers les spectacles de déchéance et les actes qui heurtent la saine nature.
Druon, Les Grandes familles,t. 2, 1948, p. 16. − Fréq. au plur. : 5. Par-delà toutes sortes de goûts que je me connais, d'affinités que je me sens, d'attirances que je subis, d'événements qui m'arrivent et n'arrivent qu'à moi, par-delà quantité de mouvements que je me vois faire, d'émotions que je suis seul à éprouver, je m'efforce, par rapport aux autres hommes, de savoir en quoi consiste, sinon à quoi tient, ma différenciation.
Breton, Nadja,1928, p. 9. 6. ... chaque maison, comme si elle eût été une seule chair, ressentait certaines attirances ou certaines aversions, en face d'une autre maison. À cet égard, le cas des Haudouin et des Maloret n'avait donc rien d'exceptionnel.
Aymé, La Jument Verte,1933, p. 239. Rem. Ce mot n'est pas mentionné ds les dict. du xixes., à l'exception de Littré qui s.v. attirail le signale comme mot d'a. fr., et de Guérin 1892 qui le considère comme un néol. L'Ac. ne l'enregistre que dans l'éd. de 1932. Figure également ds Rob., Lar. encyclop., Quillet 1965, Dub. PRONONC. : [atiʀ
ɑ
̃:s]. ÉTYMOL. ET HIST. − 1855 « force qui attire vers qqc. » (Ch. Baudelaire ds la Revue des Deux Mondes, cité par A. François, la désinence « ance » dans le vocab. français, Genève, Droz, 1950, p. 37 ds Fr. mod., t. 21, p. 221 : Des cieux spirituels l'inaccessible azur [...] s'ouvre et s'enfonce avec l'attirance du gouffre); cf. Fleurs du mal, 1857-61, p. 76 et aussi supra ex. 2.
Dér. de attirer*; suff. -ance*. On trouve en m. fr. le subst. atirance « disposition, convention », dér. de l'a. fr. atirier « (ar)ranger, disposer », lui-même dér. de l'a. fr. tire « ordre » (d'une racine germ. *tira- exprimant une idée de « (bel) arrangement, beauté »), qu'on trouve aussi dans le fr. mod. attirail. Le fr. mod. attirance n'a rien de commun avec son homonyme du m. français. STAT. − Fréq. abs. littér. : 102. BBG. − Darm. 1877, p. 87. − Plowert 1968 [1888]. |