Police de caractères:

Surligner les objets textuels
Colorer les objets :
 
 
 
 
 
 

Entrez une forme

options d'affichagecatégorie :
ATTICISME, subst. masc.
A.− LING. Forme propre au dialecte attique; p. ext., forme ou construction attique introduite dans une autre langue :
1. ... il [Vaugelas] est, en un mot, pour les gallicismes et les atticismes. Sainte-Beuve, Nouv. lundis,t. 6, 1863-69, p. 353.
B.− HIST., LITT., B.-A.
1. Ensemble des qualités de pensée et d'expression propres aux grands écrivains attiques (élégance, finesse, pureté de la langue, propriété et vigueur de l'expression, précision, simplicité, concision, etc.) :
2. ... si Hésiode plaisait tant aux Athéniens, c'est que les qualités de son style, un peu sec, mais net, élégant et agréable, se rapprochaient beaucoup de l'atticisme. Avec Périclès, l'atticisme change un peu de caractère, non qu'il perde rien de sa précision, de sa netteté, de son élégance, mais, tout en restant sobre, il s'anime davantage, et prend plus de vigueur et de feu (...) Ce nouvel atticisme arrive à sa plus haute expression dans les discours de Démosthène dont le style austère et robuste joint à une mâle élégance dans le mouvement, la rapidité et la chaleur. Ce qui, chez lui, rappelle l'ancien et pur atticisme, c'est qu'il ne cherche point le beau, comme dit Fénelon, mais il le fait sans y penser; ... Bach.-Dez.1882.
2. Ensemble des qualités d'élégance, de politesse, de mesure propres aux Attiques. Anton. béotisme :
3. La civilisation d'un peuple est la perfection de ses lois, sa politesse est la perfection de ses arts. Les Romains et les Grecs, avec leurs lois atroces ou licencieuses, étoient de vrais barbares, malgré toute leur politesse, leur urbanité, leur atticisme; et les Germains (s'ils étoient tels que nous les peint Tacite), avec leurs lois naturelles, étoient des peuples plus civilisés, malgré leur état inculte et grossier. Bonald, Législ. primitive,t. 2, 1802, p. 60.
3. P. ext.
a) Dans le domaine de la crit. littér., du jugement ling.Ces mêmes qualités, indépendamment de l'époque et du lieu; idéal littéraire proche de celui des grands écrivains attiques :
4. On ne sait plus la valeur des mots. Alloury accorde à Mignet pour son éloge de Portalis (Journal des débats du 30 mai 1860) entre autres qualités, l'atticisme. C'est le contraire du vrai. Lysias, Xénophon, sont des attiques : en français, Mmede Caylus, Mmede la Fayette sont des modèles d'atticisme. Quant à Mignet, il a de l'apprêt, un apprêt sentencieux et académique. Il appuie beaucoup trop pour être attique. Alloury a voulu dire politesse ou élégance ornée. L'atticisme! On abuse de ce mot. Sainte-Beuve, Pensées et maximes,1869, p. 135.
5. ... il régalait fréquemment ses collègues de carrière, tantôt en citant une période ridicule dite par un homme politique coutumier du fait et qui les faisait longues et pleines d'images incohérentes, tantôt telle formule lapidaire d'un diplomate plein d'atticisme. Proust, À l'ombre des jeunes filles en fleurs,1918, p. 458.
b) Dans d'autres domaines artistiques. Idéal de perfection, de goût, de beauté, comparable à celui des écrivains attiques :
6. Haydn est le père de la musique instrumentale moderne, (...). Haydn possède un atticisme étonnant, analogue à celui de nos écrivains du temps passé (...), sa musique n'engendre jamais l'ennui. C. Saint-Saëns, Portraits et souvenirs,1909, p. 270.
c) Dans le domaine de la vie soc., de l'idéal personnel ou collectif.Manière de sentir, de penser, d'agir, qui consiste à cultiver les qualités dont les auteurs attiques ont imprégné leurs œuvres :
7. N'allez pas me demander de définir l'atticisme : l'atticisme chez un peuple, et au moment heureux de sa société ou de sa littérature, est une qualité légère qui ne tient pas moins à ceux qui la sentent qu'à celui qui parle ou qui écrit; je me contenterai de dire que c'est une propriété dans les termes et un naturel dans le tour, une simplicité et netteté, une aisance et familiarité entre gens qui s'entendent sans appuyer trop, et qui sont tous de la maison. Sainte-Beuve, Causeries du lundi,t. 12, 1851-62, p. 481.
8. L'atticisme est l'amour de toute beauté. La beauté de la pensée a pour fin la poésie la plus parfaite qui est le plus grand effort de la pensée conservée par les langues. La beauté des actions a pour fin les marques de grandeur, de dignité et d'honneur qui rendent la vie d'un homme digne de mémoire. Vigny, Le Journal d'un poète,1851, p. 1277.
PRONONC. ET ORTH. − 1. Forme phon. : [attisism̥]. Pt Rob. donne la possibilité de prononcer [tt] géminées : a(t)t-. Le reste des dict. transcrit [tt]. Fouché Prononc. 1959, p. 320, écrit à ce sujet : ,,on prononce [tt] dans atticisme, atticiste, atticurge, attique`` (cf. aussi Kamm. 1964, p. 172, et Mart. Comment prononce 1913, p. 339). 2. Hist. : [tt] ds la majorité des dict.; [t] ds Fér. 1768, Fér. Crit. t. 1 1787 (qui propose la graph. aticisme avec un seul t) et Gattel 1841.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1543 styl. « tournure élégante, idiotisme » (Ramus, Grammaire, c. 10 ds Dict. hist. Ac. fr. t. 4, p. 329 : Avons-nous point quelque atticisme en nos participes? − Nous avons quelques façons de parler fort élégantes par le participe), 1687 « pureté de style, délicatesse de langage rappelant celles des écrivains athéniens » (La Bruyère, Caractères, c. 12, ibid.). Empr. au lat. atticismus, dér. de atticus « attique », attesté dep. Diomède au sens de « qualité propre au style attique » (TLL s.v., 1139, 14), empr. au gr. α ̓ τ τ ι κ ι σ μ ο ́ ς employé par Thucydide au sens de « attachement au parti des Athéniens » (Liddell-Scott) et attesté chez Cicéron au sens de « qualité propre au langage attique » (Cicéron, Att., 4, 17, 1 ds TLL s.v., 1139, 13); cf. aussi l'emploi laudatif du mot par Quintilien pour qualifier une certaine élégance sobre du langage des Athéniens (Quintilien, Inst., 6, 3, 107, ibid., s.v. Athena, 1028, 51).
STAT. − Fréq. abs. littér. : 38.
BBG. − Bach.-Dez. 1882. − Bouillet 1859. − Rog. 1965, p. 115. − Springh. 1962.