| ATTENTIF, IVE, adj. I.− Emploi abs. A.− [En parlant d'une pers. ou d'un groupe de pers.] Qui prête attention, qui a l'esprit tendu vers. Un élève, un homme, un public attentif. PARAD. a) Synon. absorbé, averti, consciencieux, éclairé, éveillé, minutieux, sensible. b) Anton. distrait, étourdi, inappliqué. Rem. Ce sens est le plus anc., attesté dès Ac. 1798. 1. [En parlant d'une pers. ou d'un groupe de pers.] Qui fait preuve d'attention. a) [L'attention est stimulée par une appréhension] Qui est aux aguets, sur la défensive, en haleine. Des yeux attentifs; l'Europe attentive : 1. Valentine, en reconnaissant sa belle-mère, fut saisie d'un frisson aigu qui imprima un mouvement à son lit. Mmede Villefort s'effaça aussitôt le long du mur, et là, abritée derrière le rideau du lit, muette, attentive, elle épia jusqu'au moindre mouvement de Valentine.
A. Dumas Père, Le Comte de Monte-Cristo,t. 2, 1846, p. 565. − P. anal. [En parlant d'un animal] :
2. Le vent s'est calmé, les cités sont loin, le désert partout s'étend autour de toi, et le sable sous la lune scintille comme des grains d'acier. L'œil, fendant l'espace, navigue à l'aise dans les horizons; là-bas, l'odeur des foins, maintenant, circule avec la brise; la clarté des nuits blanchit le tronc des arbres, et les bêtes attentives, allant boire aux fontaines, regardent sur la mousse l'ombre des fleurs qui remue.
Flaubert, La Tentation de st Antoine,1849, p. 368. b) [L'attention est stimulée par l'obj. dont on s'occupe] Vigilant, diligent, soigneux. Un chef attentif : 3. ... il dirige une maison de commerce, il est un chef posé, attentif, prudent, au regard clair.
La Civilisation écrite,1939, p. 1410. 2. [En parlant d'une attitude physique] Qui manifeste de l'attention. SYNT. Un air, un œil, un regard attentif; une figure, une mine, une oreille attentive. 3. [L'attention concerne une opération ou une attitude de l'esprit] Qui requiert de l'attention. Un examen attentif. SYNT. Une analyse, une étude attentive; une curiosité, une surveillance attentive. − Spéc., PHILOS. [Pour caractériser l'homme pensant, suj. de l'attention] Conscience attentive : 4. C'est par l'intention que toute pensée est pensée de ceci ou de cela et toujours à quelque degré conscience attentive ou inattentive, réfléchie ou irréfléchie et, comme nous le dirons plus loin, responsable de soi; ...
Ricœur, Philos. de la volonté,1949, p. 368. B.− En partic. [En parlant de l'attitude d'une pers. dans ses rapports avec une (les) autre(s)] Qui est plein d'égards, de déférence (cf. avoir des attentions). La politesse la plus attentive. Synon. attentionné, empressé. 5. Soyons justes : ce n'est pas par caprice qu'il est inconstant, ni par satiété ou négligence qu'il écarte certaines relations d'hier. Pas d'ami plus attentif, plus patient, plus dévoué, plus fidèle! Alors? Eh bien, il fait seulement ce que nous devrions tous faire, de temps à autre : il révise ses traités d'alliance...
R. Martin du Gard, Notes sur André Gide,1951, p. 1414. − Vieilli. C'est un homme très(-)attentif. Se dit d'un homme rempli d'attentions, de politesse et de soin pour les autres (cf. Ac. 1835-1932, Besch. 1845, Guérin 1892). II.− [Suivi d'un compl. prép.] A.− [En parlant d'une pers.] Être attentif à 1. [Le compl. est un inf.] :
6. Plusieurs jours avant la date, entre toutes glorieuses, que je connaissais bien, j'étais aux aguets, attentif à ne rien laisser échapper qui puisse éveiller l'attention et la mémoire de ceux dont j'escomptais la défaillance...
Camus, La Chute,1956, p. 1517. 2. [Le compl. est un subst.] a) [Il désigne une pers.] Être attentif à ses devoirs, aux faits et gestes de qqn, à ses sentiments. b) [Il désigne une chose] Être attentif au bruit d'une porte; un tigre attentif à sa proie. Synon. aux aguets, en éveil. B.− En partic., vieilli. [En parlant le plus souvent d'un homme dans son attitude à l'égard d'une femme] (Être) attentif avec, auprès de qqn. Lui faire la cour : 7. Sorti du collège, Henri demeura sage et cacha ses vingt ans. Sa vie de garçon ne fit pas de bruit. On ne le rencontra ni où l'on joue, ni où l'on boit, ni où l'on se compromet, mais dans des salons graves, attentif et empressé auprès des femmes déjà mûres.
E. et J. de Goncourt, Renée Mauperin,1864, p. 88. Rem. 1. L'emploi subst. masc. est vieilli et rare. Un attentif signifie un amoureux, chevalier servant d'une femme : 8. Le quatrième était Monsieur de Canalis, un des plus illustres poètes de cette époque, un jeune homme encore à l'aube de sa gloire et qui, plus fier d'être gentilhomme que de son talent, se posait comme l'attentif de Madame d'Espard pour cacher sa passion pour la duchesse de Chaulieu.
Balzac, Les Illusions perdues,1843, p. 185. Rem. 2. Emploi attesté comme néol. ds les dict. du xixes. Besch. 1845, Lar. 19e, Guérin 1892, mais avec la mention ,,peu usité``; ,,vieilli`` selon Lar. encyclop. PRONONC. : [atɑ
̃tif], fém. [-i:v]. ÉTYMOL. ET HIST. − xives. [date du ms.] être attentif à qqn « prêter attention à qqn, obéir » (B. de Ste-Maure, Troie, éd. L. Constans, v. 19181, Paris, 1907, t. 3, p. 233 : Or savons bien, ne poons estre Senz prince ne senz chevetaine qui tote l'ost ait en demeine, A cui nos seions ententif [var. du ms. M : attentif]); rare av. le xviiiesiècle.
Dér. du rad. du part. passé lat. attentus « attentif », de attendere, v. attendre; suff. -if*. STAT. − Fréq. abs. littér. : 2 235. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 2 890, b) 2 349; xxes. : a) 2 537, b) 4 254. BBG. − Bruant 1901. − Mat. Louis-Philippe. 1951, p. 61. − Pierreh. Suppl. 1926. |