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ATTENTAT, subst. masc.
I.− Lang. cour.
A.− [En parlant des règles de la vie en société]
1. Entreprise criminelle perpétrée contre une personne ou contre une communauté, et particulièrement dans un contexte politique.
a) [Contre une pers.] Attentat contre qqn, être victime d'un attentat :
1. Vers ce temps, un homme, auquel il faut épargner son nom, proposa de brûler vifs ceux qui seraient convaincus d'un attentat contre la vie du premier consul. Mmede Staël, Considérations sur les princ. événements de la Révolution fr.,t. 2, 1817, p. 38.
b) [Contre une communauté] :
2. Quelle paix peut exister entre l'oppresseur et l'opprimé? Quelle concorde peut régner où la liberté des suffrages n'est pas même respectée? Toute manière de la violer est un attentat contre la nation. Robespierre, Discours,Sur la guerre, t. 8, 1792, p. 198.
c) Spéc. Attentat contre soi-même. Tentative de suicide :
3. Quoi! monsieur le curé, vous approuveriez, vous absoudriez un attentat contre soi, contre une créature de Dieu, attentat que l'Église condamne absolument. A. Arnoux, Les Crimes innocents,1952, p. 301.
2. Tentative criminelle contre un objet, une propriété, un bien matériel :
4. Les pauvres, quittant leurs villages, s'entassaient dans les villes ou, vagabondant, s'attroupaient, couraient le pays, envahissaient les fermes, même de nuit, et s'imposaient par la crainte de l'incendie et d'attentats contre le bétail, les arbres, la moisson surtout qu'ils pouvaient couper en vert, enfin par la menace du pillage. G. Lefebvre, La Révolution fr.,1963, p. 137.
3. Acte qui heurte des droits, des principes, inscrits dans la loi. Attentat aux droits, aux privilèges (Ac. 1835-1932) :
5. J'établirai pour premier principe que, dans aucun cas, le gouvernement ne peut, ni ne doit enlever d'autorité les enfants à leurs parents, pour les élever et en disposer sans leur participation. C'est un attentat contre les sentiments naturels, et la société doit suivre la nature et non l'étouffer. Destutt de Tracy, Commentaire sur l'Esprit des lois de Montesquieu,1807, p. 32.
6. − « On intervient pour remettre un prince sur le trône, pour affranchir un peuple, ou, par précaution, en vue d'un danger. Dans les deux cas, c'est un attentat au droit d'autrui, un abus de la force une violence hypocrite! » Flaubert, Bouvard et Pécuchet,t. 2, 1880, p. 38.
B.− P. anal. Acte qui heurte les lois artistiques ou morales, la raison ou la nature; acte qui rompt avec une tradition respectable. Un attentat contre le bon goût (Pt Rob.) :
7. Sans la divine fable de La Fontaine, cette esquisse aurait eu pour titre Les Deux amis. Mais n'eût-ce pas été comme un attentat littéraire, une profanation devant laquelle tout véritable écrivain reculera? Le chef-d'œuvre de notre faiblesse, à la fois la confidence de son âme et l'histoire de ses rêves, doit avoir le privilège éternel de ce titre. Balzac, Le Cousin Pons,1847, p. 16.
8. Point de peintre dont la bourgeoisie du xixesiècle ait davantage admiré le rendu fidèle et fignolé que M. Ingres. En ses portraits surtout, elle trouvait cette image plus précise que nature de la réalité dont elle n'osait rêver. C'est pourtant M. Ingres qui fournit quelques-uns des attentats les plus prémédités, les mieux organisés contre elle. Faut-il rappeler, une fois de plus, les vertèbres supplémentaires de la Grande Odalisque du Louvre, ou le cou gonflé jusqu'au goître de la Thétis d'Aix? Huyghe, Dialogue avec le visible,1955, p. 79.
II.− DR. PÉNAL
A.− Attentat à la sûreté de l'État. ,,Crime se réalisant par tout acte matériel (...) ayant comme but (...), soit de détruire ou de changer le gouvernement (...), soit d'exciter les citoyens ou habitants à s'armer contre l'autorité constitutionnelle (...), soit d'exciter à la guerre civile en armant ou en portant les citoyens ou habitants à s'armer les uns contre les autres (...), soit de porter la dévastation, le massacre et le pillage dans une ou plusieurs communes`` (Cap. 1936) :
9. − L'Acte constitutionnel (...) supprimait les dispositions de la Constitution de 1875 érigeant le Sénat en Haute Cour de Justice. Une loi du même jour organisait une « Cour suprême de Justice » ayant compétence, tant à l'égard des ministres, anciens ministres et subordonnés immédiats de ceux-ci pour crimes ou délits commis dans l'exercice de leurs fonctions ou accusés d'avoir trahi les devoirs de leur charge, que contre les auteurs d'attentats à la sûreté de l'état. G. Vedel, Manuel élémentaire de dr. constitutionnel,1949, p. 262.
B.− Attentat à la liberté. ,,... Tout acte non autorisé par la loi, dirigé [soit] contre le droit de liberté individuel, telle qu'une arrestation, une séquestration, une détention illégale, (...)``, soit [contre les] ,,droits civiques d'un ou plusieurs citoyens, soit [contre] la Constitution...`` (Cap. 1936) :
10. Un pareil décret décerné avec tant de légèreté contre un acte qu'autorisait le soin de veiller au salut de l'état, était un attentat contre la liberté individuelle, un outrage contre la liberté publique. Marat, Les Pamphlets,Appel à la Nation, 1790, p. 131.
C.− Attentat à la pudeur. ,,Acte matériel contraire aux mœurs (...) portant atteinte à la pudeur physique d'une personne`` (Cap. 1936) :
11. Encore un attentat à la pudeur; commis sur la personne de sa fille par un journalier de Barentin, père de cinq enfants dont l'aîné à douze ans. On demande le huis clos. Gide, Souvenirs de la Cour d'assises,1913, p. 634.
D.− Attentat aux mœurs. ,,Tout acte contraire aux bonnes mœurs ou à la pudeur`` (Cap. 1936) :
12. Ce petit homme maigre, à cheveux et à barbe grêles, à figure étiolée, pâlotte, plus fatiguée que ridée, les yeux à paupières légèrement rougies et harnachées de lunettes, de piètre allure et de plus piètre maintien, réalisait le type que chacun se dessine d'un homme traduit aux assises pour attentats aux mœurs. Balzac, La Cousine Bette,1846, p. 52.
PRONONC. : [atɑ ̃ta]. Barbeau-Rodhe 1930 note une durée mi-longue pour la 2esyll. du mot. Pour la non-prononc. de t final, cf. Lab. 1881, p. 73.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. 1326 attenta « tentative criminelle, action portant préjudice à qqn » (Cartulaire de l'Eglise de St Pierre de Lille, 2, 642, Hautcœur ds Quem. : Plusieurs attemtas que il ont faitz ou fet faire en prejudice des dis doien et chapitre); 1374, janv., attentat (Reg. du Parlem., ms. Ste-Gen., p. 193 ds Gdf. Compl.); 2. 1656 attentat contre (qqc.) (Pascal, Provinciales, XIII ds Dict. hist. Ac. fr., t. 4, p. 320 : Vous vous imaginez que le crédit que vous avez dans l'Eglise empêchera qu'on ne punisse vos attentats contre la vérité); 1665 attentat à « acte qui va à l'encontre de l'autorité d'une personne ou d'un principe » (Requête du conseil d'Artois au Roi, ibid., p. 319). Empr. au lat. attemptatum, attentatum part. passé neutre du verbe attemptare « attaquer qqn, entreprendre qqc. contre qqn » (attenter*).
STAT. − Fréq. abs. littér. : 640. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 051, b) 619; xxes. : a) 1 123, b) 816.
BBG. − Bach.-Dez. 1882. − Bouillet 1859. − Cap. 1936. − Foi t. 1 1968. − Lacr. 1963. − Lafon 1969. − Littré-Robin 1865. − March. 1970. − Pol. 1868. − Réau-Rond. 1951. − Réau-Rond. Suppl. 1962. − St-Edme t. 2 1825.