| ATAVISME, subst. masc. A.− BIOL. ,,Réapparition chez un descendant d'un caractère quelconque des ascendants, caractère demeuré latent pendant une ou plusieurs générations intermédiaires.`` (Le Gendre ds Garnier-Del. 1961). Le phénomène de l'atavisme; un lointain atavisme; tel trait réapparaît par atavisme : 1. Quelle manifestation irréfragable de l'atavisme! (...) Pendant que je me colletais avec ce jeune énergumène, je fus frappé de lui voir absolument les mêmes yeux qu'au portrait de son infâme trisaïeul maternel, ...
Gobineau, Les Pléiades,1874, p. 96. − Spéc., ZOOL. ,,Présence dans une race d'un caractère ou d'une fonction qui n'a plus de raison d'être dans son état actuel, mais qui pourrait s'expliquer comme persistance d'un état antérieur.`` (Lal. 1968). − BOT. ,,Tendance des plantes hybrides à retourner à leur type primitif.`` (Littré). Rem. Attesté aussi ds Ac. compl. 1842, Besch. 1845, Lar. 19e, Nouv. Lar. ill., DG, Ac. 1932, Rob., Quillet. − ÉLEV. Naissance d'animaux de moindre valeur rappelant les types d'animaux exploités avant que les races soient améliorées. Synon. vulg. coup en arrière. − P. méton. Un trait ainsi réapparu. Un atavisme de cannibale, retrouvé intact chez un civilisé (P. Bourget, Nos actes nous suivent,1926, p. 140). B.− P. ext. Transmission continue, de génération en génération, des caractères héréditaires, physiques ou moraux : 2. Tant pis tous les désastres, sauf celui-ci, celui de ressembler, plus tard, à son père indélicat, à sa mère vicieuse et frivole... On dit que l'atavisme est une loi fatale, qu'on retombe tôt ou tard sous sa sanction, malgré toute morale, tout effort...
Miomandre, Écrit sur de l'eau,1908, p. 126. 3. Un long atavisme, des lignées sélectionnées promettent seules des séries d'individus fixes, de modèle et d'aptitudes, comme en Irlande.
Pesquidoux, Le Livre de raison,1928, p. 205. − P. méton. Ensemble des caractères héréditaires d'une race : 4. Ses sourcils arqués comme je ne les avais jamais vus entouraient les globes de ses paupières comme un doux nid d'alcyon. Des races, des atavismes, des vices reposaient sur son visage.
Proust, La Prisonnière,1922, p. 72. ♦ Instincts héréditaires : 5. J'essayais de me procurer la sauvage griserie animale que j'avais connue jadis dans des courses semblables. Persuadé, comme je le suis, des lois de l'atavisme préhistorique, je m'efforçais, par cette sensation de la marche forcée et celle des hauteurs, d'éveiller en moi l'esprit rudimentaire de la brute ancestrale, de l'homme des cavernes dont je descends, moi comme les autres.
P. Bourget, Le disciple,1889, p. 172. − Péjoratif : 6. Il y a eu d'abord des attaques portant sur des points de détail : la notion d'anormal, les divers stigmates, l'atavisme, les vues sur l'épilepsie, la fatalité et la statique lombrosienne. On s'est ainsi rapidement dirigé vers un « minimum lombrosien » inattaquable : caractères somatiques déterminant le crime; ...
A. David, La Cybernétique et l'humain,1965, p. 118. C.− P. anal. Transmission à l'intérieur d'une communauté humaine, d'une façon de vivre, d'un savoir-faire. Faire une chose par atavisme : 7. La primitivité la plus totale préside à l'extraction du rubis comme du saphir; la technique n'a pas été modifiée depuis des siècles; les mineurs, sans doute par atavisme, travaillent si adroitement qu'une tentative de mécanisation n'a pas apporté de profit pratique et financier.
A. et N. Metta, Les Pierres précieuses,1960, p. 73. − P. méton. Cette façon de vivre transmise, habitudes ancestrales : 8. La tendance invincible de sa grande statuaire à poursuivre le modelé sphérique qui bourdonne sans fin autour d'un noyau central invisible, ne viendrait-elle pas des lointains atavismes transmis par les chaudronniers et les potiers primitifs que l'une des plus anciennes musiques connues aurait dorlotés dans leurs habitudes?
É. Faure, L'Esprit des formes,1927, p. 67. PARAD. Hérédité, race, ressemblance, tare. − SYNT. Atavisme bourgeois, chrétien, commun, féroce, hébraïque, indéfectible, indéniable, inexpliqué, millénaire, nord-africain, polynésien, prédominant, puritain; effroyable, lointain, long, malsain, monstrueux, puissant, secret, vieil atavisme; cas, crise, défi d'atavisme, fatalité de l'atavisme, mélange, phénomène, symbole d'atavisme; atavisme d'aristocrate, de barbare, de mysticité, de rapacité, de vagabondage; attribuer qqc. à cet atavisme, réapparaître par-, revenir par-, tenir qqc. de son-, triomphe de l'-; l'atavisme pèse sur ..., prédispose à. PRONONC. : [atavism̥]. ÉTYMOL. ET HIST. − 1. a) 1838 biol. (Ac. Compl. 1842 : Atavisme ... Ressemblance d'une plante ou d'un animal avec ses aïeux, même éloignés); b) spéc. 1865 bot. (Littré-Robin : Atavisme ... tendance des hybrides à retourner à leur type primitif); 1877 biol. (Littré Suppl. : Atavisme ... réapparition d'un caractère primitif, après un nombre indéterminé de générations); 2. 1876 « transmission de caractères héréditaires de génération en génération » (Ménard, Rêveries d'un païen mystique, p. 202 : Rappelle-toi ce que nous disait dernièrement le docteur sur ces étranges ressemblances constatées dans les familles où l'on conserve des portraits d'ancêtres. C'est ce qu'il appelait l'atavisme).
Dér. du rad. du lat. atavi (atave*); suff. -isme*. 1 du sens « quadrisaïeuls, aïeux éloignés »; 2 du sens « ancêtres (en ligne continue) ». STAT. − Fréq. abs. littér. : 109. BBG. − Garnier-Del. 1961 [1958]. − Goblot 1920. − Goug. Mots t. 1 1962, p. 151. − Husson 1970. − Lafon 1969. − Lal. 1968. − Lar. méd. 1970. − Littré-Robin 1865. − Marcel 1938. − Mat. Louis-Philippe 1951, p. 39. − Méd. 1966. − Méd. Biol. t. 1 1970. |