| ASTRINGENT, ENTE, adj. MÉD. [En parlant de médicaments] Qui a la propriété de resserrer les tissus : 1. C'est dommage que l'eau soit si salée.
− On eût dit en effet de l'eau de mer, ou plutôt quelque chose d'astringent comme une forte solution d'alun.
Fromentin, Un Été dans le Sahara,1857, p. 228. SYNT. Remède astringent; drogue, herbe, plante, potion, poudre, tisane astringente. − P. anal. : 2. « Moi pour travailler, − c'est Tourguéneff qui parle, − il me faut l'hiver, une gelée comme nous en avons en Russie, un froid astringent, avec des arbres chargés de cristaux. »
E. et J. de Goncourt, Journal,1876, p. 1133. − P. ext. [En parlant de substances, de plantes, de leur odeur, de leur goût] Amer : 3. Apprendre par le sens du goût que le sel marin a, comme on dit, une saveur franche et que le sulfate de fer a une saveur astringente, c'est apprendre que ces deux sels sont susceptibles d'affecter, chacun à sa manière, l'organe du goût, mais ce n'est rien apprendre quant à la nature du sel marin ou du sulfate de fer.
Cournot, Essai sur les fondements de nos connaissances,1851, p. 144. − Au fig. : 4. Quand j'ai passé la frontière, je remplace la défiance par la cordialité humaine. Il y a donc bien ici, dans notre atmosphère morale, quelque chose d'astringent et d'agressif qui contracte les natures un peu impressionnables. Ce quelque chose c'est le soupçon ironique, la malignité envieuse et dénigrante, la parole perfide, la mauvaise joie de faire de la peine à autrui, ...
Amiel, Journal intime,1866, p. 254. 5. Un peu d'amertume dans les talents sur l'âge est quelque chose d'astringent et qui donne du ton. Chateaubriand en a de reste. Lamartine en manque tout à fait : il va à la fadeur.
Sainte-Beuve, Mes poisons,1869, p. 24. ♦ Néol., inus. [En parlant d'une pers.] :
6. Dans Bonsoir d'avant-hier... on le félicitait [Béraud] d'avoir réussi ce tour de force d'occuper dignement la place tenue jusque-là par l'astringent Léautaud-Boissard, − Astringent? J'avoue que je ne comprends pas l'application de ce mot.
P. Léautaud, Journal littér.,4, 1922-24, p. 103. − Emploi subst. Substance chimique ou végétale ayant la propriété de resserrer les tissus. Synon. styptique : 7. ..., il sera avantageux de sécher la muqueuse par des astringents : sels de zinc..., sulfate de fer (0,10), de cuivre...
Hudelo ds(F. Widal, G.-H. Roger, P.-J. Teissier, Nouv. traité de méd.,fasc. 1, 1926, p. 504). ♦ Au fig. : 8. Ah! Ce n'était pas pour dire, mais le parti catholique était bien peu difficile dans le choix de ses protégées et bien peu artiste! Ces lymphes qu'il avait tant choyées et pour lesquelles il avait épuisé l'obéissance de ses feuilles, écrivaient toutes comme des pensionnaires de couvent, dans une langue blanche, dans un de ces flux de la phrase qu'aucun astringent n'arrête!
Huysmans, À Rebours,1884, p. 196. PRONONC. : [astʀ
ε
̃
ʒ
ɑ
̃], fém. [-ɑ
̃:t]. ÉTYMOL. ET HIST. − 1537 (J. Canappe, 4elivre de la méthode thérap. ds Presse médicale, 57, 579 sans attest.); 1553 (P. Belon, Observations, II, 39 ds Rev. Philol., t. 43, p. 178 : Ayans ... recouvré un petit rameau, duquel goustasmes, et aussi de ses fueilles, les trouvasmes estre quelque peu adstringentes).
Empr. au lat. astringens, part. prés. de astringere « resserrer », cont. méd. (Cicéron, Nat. deor., 2, 136 ds TLL s.v., 901, 50); cf. Pline, Nat., 31, 98, ibid., 81. STAT. − Fréq. abs. littér. : 23. BBG. − Bouillet 1859. − Duval 1959. − Garnier-Del. 1961 [1958]. − Lar. méd. 1970. − Lar. mén. 1926. − Littré-Robin 1865. − Méd. 1966. − Méd. Biol. t. 1 1970. − Mont. 1967. − Nysten 1824. − Privat-Foc. 1870. |