| ASTIQUER, verbe trans. A.− Fam. [Le compl. désigne des objets métalliques, ou en cuir, ou des surfaces polies] Faire briller en frottant : 1. ... elle [la locomotive] était luisante et propre, d'une de ces propretés gaies qui annoncent les bons soins tendres d'un mécanicien. Sans cesse, on le voyait l'essuyer, l'astiquer; à l'arrivée surtout, de même qu'on bouchonne les bêtes fumantes d'une longue course, il la frottait vigoureusement, il profitait de ce qu'elle était chaude pour la mieux nettoyer des taches et des bavures.
Zola, La Bête humaine,1890, p. 116. 2. Il n'a pas fini d'attacher ses bretelles que déjà il prépare le café. Il apporte à la toilette du « perco » tous les soins qu'il marchande à la sienne. Et je te frotte, et je t'astique!
Dabit, L'Hôtel du Nord,1929, p. 47. − En partic. Faire briller les équipements du soldat : 3. Un ancien, en ce temps, c'était comme la moitié du bon Dieu; initiateur et protecteur à la fois. Le mien s'appelait Pédousseau (...). De lui, j'appris à faire mon lit, ma charge, à fourbir les aciers, à astiquer les boutons, à cirer et à lustrer les cuirs.
Pesquidoux, Le Livre de raison,1925, p. 209. − Emploi abs. : 4. Elle portait toujours des gants de fil, ornait sa tête d'un bonnet à rubans multicolores sans cesse chaviré sur une oreille, et répétait, chaque fois qu'on la surprenait cirant, brossant, astiquant ou lessivant : « je ne suis pas riche, chez moi tout est simple, mais la propreté c'est mon luxe, et celui-ci en vaut bien un autre ».
Maupassant, Contes et nouvelles,t. 1, En famille, 1881, p. 343. − TECHNOL., vieilli. Chez les cordonniers, polir le cuir des semelles avec un astic*. − P. anal., emploi pronom., pop. Faire une toilette minutieuse, se pomponner : 5. premier cadet, aux autres. − Elle reste!
tous, se précipitant, se bousculant, s'astiquant. − Un peigne! − un savon! − ma basane est trouée : une aiguille! − un ruban! − ton miroir!
E. Rostand, Cyrano de Bergerac,1898, IV, 6, p. 174. B.− Au fig., arg. 1. Rosser quelqu'un : 6. ... sinon [,] je t'astique (...) [=] sinon [,] des coups!!!
L. Paillet, Voleurs et volés,1855, p. 75. − Emploi pronom. réciproque. Se battre. 2. Regarder (le plus souvent à l'impér.) : 7. Tranquillement, de ses deux mains, il [La Guillaumette] écarta la poche de son pantalon, où la menue monnaie (...) se massait en un petit lingot blanchâtre. − Astique, fit-il avec solennité.
Courteline, Le Train de 8 h 47,1888, p. 66. 3. ,,Jouer avant son tour pour montrer une carte au compère`` (Notes manuscrites ajoutées sur les feuillets de notes de Nouguier, p. 19). PRONONC. : [astike], j'astique [ʒastik]. ÉTYMOL. ET HIST. − 1. 1833 milit. « nettoyer, fourbir » (Vidal, J. Delmart, La caserne, mœurs militaires, p. 210); 2. 1833 pronom. arg. milit. s'astiquer « se porter des coups » (Balzac, Le médecin de campagne, p. 168) à rapprocher du terme dial. ang. astiquer « appliquer avec vigueur » (Verr.-On.); 1847 trans. arg. (Dict. de l'argot ou la langue des voleurs dévoilée, p. 117 : Battre. Astiquer); 3. 1847 arg. « être engagé dans le conflit amoureux » (ibid., p. 140).
Dér. de astic1*; dés. -er. Terme formé dans la lang. militaire. STAT. − Fréq. abs. littér. : 68. BBG. − Chesn. 1857. − Esn. 1966. − Larch. 1880. − Michel 1856. − Sain. Lang. par. 1920, p. 199. − Wartburg (W. von). Glanures étymol. R. Ling. rom. 1960, t. 24, p. 284. |