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ASTICOTER, verbe trans.
Fam. Agacer, irriter physiquement ou moralement un homme ou un animal par des taquineries ou des tracasseries insignifiantes mais fréquentes :
1. ... bien que madame se force pour être aimable, elle n'est sûrement pas à la coule, comme des fois j'en ai vu... Je la crois très méchante, très moucharde, très ronchonneuse; un sale caractère et un méchant cœur... Elle doit être, sans cesse, sur le dos des gens, à les asticoter de toutes les manières... et des « Savez-vous faire ceci? » ... et des « Savez-vous faire cela? » ou bien encore : « Êtes-vous casseuse? ... Êtes-vous soigneuse? ... Avez-vous beaucoup de mémoire? Avez-vous beaucoup d'ordre » Ça n'en finit pas... Et aussi : « Êtes-vous très propre? » ... Mirbeau, Le Journal d'une femme de chambre,1900, p. 28.
2. Des ondes alternées d'honnêteté et de rouerie, de gravité et de rigolade passaient sur son visage, sans arrêt. Et c'était vrai qu'il se sentait plus mobile qu'elle, pareil à un chien canaille qui fait des sauts autour d'une brebis, avec un goût merveilleux pour l'asticoter. Montherlant, Les Jeunes filles,1936, p. 981.
P. ext. [Le compl. désigne une chose] Tripoter sans cesse :
3. Les hommes agités de passions passent leur temps à asticoter leurs boutonnières : ce rite forme le plus usité des dérivatifs... A. Arnoux, Rêveries d'un policier amateur,1945, p. 121.
4. Le conducteur asticotait le moteur pendant que les passagers impatientés descendaient... E. Triolet, Le Premier accroc coûte deux cents francs,1945, p. 27.
Rem. Une femme peut asticoter sa beauté (se refaire une « beauté » par touches successives) :
5. Il s'abstenait de l'engueuler lorsque, chaque fois qu'il tournait la tête, elle en profitait pour chercher ses engins dans son sac, et asticoter sa beauté. Montherlant, Les Lépreuses,1939, p. 1495.
Emploi pronom. S'asticoter.S'agacer, se harceler mutuellement sans raisons ni conséquences graves, se chamailler :
6. Il ne me déplaît pas de les voir s'asticoter ainsi... Je les divise pour régner... Là est le secret de ma grandeur. Meilhac, Halévy, Hélène,1865, II, 5, p. 226.
7. − En v'là des bêtises! ... On s'asticote, mais on s'aime tout de même, pas vrai? Ça serait propre, de ne pas être d'accord entre sœurs. Zola, La Terre,1887, p. 206.
PRONONC. : [astikɔte], j'asticote [ʒastikɔt].
ÉTYMOL. ET HIST. − Av. 1765 trans. « agacer, harceler, tourmenter » (Caylus, Œuvres badines, X, 77 Guillaume : l'abbé, qui se mit à asticoter le moine pendant le dîner, et il [le moine] lui répondoit bravement sur toutes les choses qu'il [l'abbé] mettoit en avant, pour disputer; d'autant plus que madame [la maîtresse de céans] étoit du côté du révérend); 1865 pronom., supra. Altération du m. fr. dasticoter « parler allemand » 1640 (Oudin, Curiositez françoises, Paris), devenu tasticoter 1718 (Ph.-J. Le Roux, Dict. comique, satyrique, critique, burlesque, libre et proverbial, Amsterdam ds Sain. Lang. par., p. 339), très attesté ds les dial. du Nord et de l'Est; pic. testicoter « contester, discuter » (Corblet), lorr. [Moselle] tasticotè « tergiverser » (Zeliqzon), v. aussi FEW t. 5, 2epart., p. 58. La perte de la consonne initiale s'explique peut-être par infl. de astiquer* apparu postérieurement en fr., mais dont la solide implantation dans les dial. du Nord atteste l'existence antérieure (FEW t. 17, p. 233b); cf. aussi la loc. d'asticot, D'Aubigné, infra. Dasticoter est dér. de dasticot espèce de juron 1574 (Des Autels, Mitistoire Barragouyne, ch. 5 ds Hug.), 1616 Aubigné, Hist. univ., I, 331, ibid. : Les lansquenets s'acharnent sur eux en criant d'asticot : Schelme Montcontour, souvenez-vous de la bataille de Montcontour [qui doit se comprendre « en criant : malédiction! infâme » ... plutôt qu' « en criant avec provocation » comme le suggère Hug.], empr. à l'all. Dass dich Gott... « Que Dieu te... » premiers mots de jurons all. prob. introduits par les lansquenets all. (cf. Rabelais, Gargantua, chap. 17, éd. antérieure à 1535 c.-à-d. éd. de 1534 ds Marty-Laveaux, Les Œuvres de Maistre François Rabelais, t. IV, 1881, p. 107 [énumération de jurons] Ie renye dieu, Frandiene vez tu ben, la merde, po cab de bious, das dich gots leyden schend [Que la Passion de Dieu te confonde!], pote de christo, ventre sainct Quenet...). [La date de 1747 fournie par la plupart des dict. étymol. à la suite de Esnault ds Fr. mod., t. 11, p. 206 ne semble pas sûre pour le texte de Caylus que Cioranesco, Bibliographie de la littérature française du XVIIIesiècle, I, 465a, date de 1785 (?), l'aut. étant mort en 1765].
STAT. − Fréq. abs. littér. : 38.
BBG. − Colomb. 1952/53, p. 89, 118; pp. 199-201. − France 1907. − Goug. Lang. pop. 1929, p. 173.