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ASSÉCHER, verbe.
I.− Emploi trans.
A.− [Le compl. désigne un marais, un étang, un lac, un bassin, une mine, etc.] Mettre à sec, en extraire l'eau (en partic. au moyen de pompes) :
1. Les eaux que laissent filtrer les calcaires des plateaux et les sables des pentes, s'y rassemblent assez abondantes et assez irrégulières parfois pour nourrir des marécages, qu'il a fallu assécher en leur donnant un écoulement. Vidal de La Blache, Tabl. de la géogr. de la France,1908, p. 104.
2. Saint Louis essaya d'abord d'assécher le lit du Bahr es-Séghir en faisant, par la construction d'un barrage, refluer vers le Nil les eaux de ce canal. Grousset, L'Épopée des croisades,1939, p. 354.
B.− [Le compl. désigne un terrain, des terres, une route, le milieu où l'on vit, l'air, etc.] Enlever l'eau ou l'humidité :
3. À la risée des voisins, il a creusé des fossés, drainé l'eau, asséché le sol, et, profitant des pentes, combiné un système d'irrigation à l'aide de petites écluses à pelles, de son invention. R. Martin du Gard, Vieille France,1933, p. 1050.
4. Dans les installations de conditionnement, l'air pris dans les parties hautes de la construction et préalablement purifié peut, suivant les besoins, être réchauffé ou réfrigéré, humidifié ou asséché, ce qui permet de le distribuer partout à l'état hygrothermique qui convient, avec un chauffage préalable par radiateurs à eau chaude, ou plancher chauffant, suivant le cas. La Civilisation écrite,1939, p. 5012.
Rare, vieilli, plus gén. Rendre sec (un objet quelconque). Synon. sécher :
5. « Comme vous êtes aimable et comme c'est bien dit : la mer entre les feuillages. C'est ravissant, on dirait... un éventail. » Et je sentis à une respiration profonde destinée à rattraper la salive et à assècher la moustache, que le compliment était sincère. Proust, Sodome et Gomorrhe,1922, p. 809.
P. métaph. Vider de ses ressources, faire perdre son argent :
6. Le trésor royal était non seulement asséché, mais endetté pour plusieurs années. Druon, La Loi des mâles,1957, p. 63.
Pop. Boire jusqu'à la dernière goutte :
7. De rage, Zazie assèche son demi, puis elle la boucle. Queneau, Zazie dans le métro,1959, p. 70.
II.− Emploi intrans. [Se dit d'un rocher, d'un banc, d'un chenal, d'un port] Assécher à basse mer ou de basse mer. Rester à sec à marée basse :
8. L'île Tond a à peine un mille dans sa plus grande longueur. Le récif qui l'environne et qui assèche à basse mer, augmente beaucoup son étendue du nord au sud. Dumont d'Urville, Voyage au Pôle Sud,t. 9,1846, p. 234.
III.− Emploi pronom. Perdre son humidité :
9. On dit aussi que le climat progressivement s'y assèche, et que les rares taches de végétation d'année en année s'y amenuisent d'elles-mêmes, comme rongées par les vents qui viennent du désert. Gracq, Le Rivage des Syrtes,1951, p. 11.
Au fig., rare. Devenir sec, sans résonance, sans douceur :
10. ... la corde devenant de plus en plus courte, la sonorité [du pizzicato] s'assèche en proportion. Ch.-M. Widor, Techn. de l'orchestre mod.,1904, p. 210.
Littér. ou région. S'assécher de.Se vider de :
11. Et côte à côte [dans le lit], les deux femmes, sans rien dire, ont écouté le bruit du troupeau dans la nuit. Toujours. Comme si la montagne voulait s'assécher de bêtes vivantes. Giono, Le Grand troupeau,1931, p. 24.
Rem. Le part. passé en emploi adj. peut être suivi de la prép. de + subst. (vx ou région.). C'est ce subst. qui donne son sens à asséché. Asséché de soif « assoiffé », asséché de souffle « essoufflé » :
12. [Brulette à Joseph :] − (...) Ta mère, qui entend causer les cornemuseux le dimanche, car ils sont gens très-asséchés de soif et coutumiers de boire bien avant dans la nuit après les danses, est très-chagrinée de te voir penser à entrer dans une pareille corporation. G. Sand, Les Maîtres sonneurs,1853, p. 51.
13. [Le potier :] « (...) lui [le patron], un soir, comme ça lui arrive, il se met à courir. Et du pied dans celle-là [une jarre] et du pied dans celle-ci, et du coude à tort et à travers, en courant, un bruit de mille diables, qu'à la fin, tout asséché de souffle, il s'est abattu dans la paille. Vous pensez qu'on est descendu, nous les trois ouvriers, et la patronne en caraco de nuit. Giono, L'Eau vive,1943, p. 13.
DÉR.
Assécheur, subst. masc.Celui qui assèche. Assécheurs de marais. (1968, J.-A. Lesourd, C. Gérard, Hist. écon., XIXeet XXes., t. 1, p. 196; suff. -eur2*).
PRONONC. ET ORTH. : [aseʃe], j'assèche [ʒasε ʃ]. Passy 1914 donne également la possibilité de prononcer [ε] ouvert pour la 2esyll. de l'inf. (cf. abréger). Conjug. cf. abréger.
ÉTYMOL. ET HIST. − Début xiies. « rendre sec, dessécher » (Psautier Oxford, éd. F. Michel, 105, 9 ds T.-L. : encrepa la mer ruge, e assechede est), attest. isolée jusqu'en 1409 (Dénombr. du baill. de Constentin, Arch. P. 304, fo108 vods Gdf.); ca 1155 « (en parlant d'une embarcation) rester à sec » (Wace, Brut, 11195 ds Keller, p. 222 : Mult veïssiez nés aturner, Nés atachier, nés aancrer, Nés assechier e nés floter). Empr. au lat. adsiccare « sécher » de siccare (sécher*) dep. Sénèque (Dial. 12, 6, 5 ds TLL s.v., 876, 79).
STAT. − Fréq. abs. littér. : 46.
BBG. − Barber. 1969. − Baudr. Pêches 1827. − Baulig 1956. − Bél. 1957. − Canada 1930. − Jal 1848. − Soé-Dup. 1906. − Will. 1831.