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ASSOUPIR, verbe trans.
I.− Emploi trans.
A.− [L'obj. désigne une pers. ou une partie du corps] Endormir à moitié, amener à un sommeil léger :
1. Je regardais en liberté et en paix ces murs qui l'avaient enfermée, (...), cette fontaine qui bouillonnait sous le cloître et dont le murmure l'avait éveillée ou assoupie trois ans! Lamartine, Nouvelles Confidences,1851, p. 179.
LITT. [L'obj. est personnifié] :
2. Pour les paysans, tout ce qui touche à la terre qui les nourrit, et aussi aux saisons qui tour à tour assoupissent et réveillent la terre, est si important qu'on peut en parler même à côté de la mort sans profanation. Hémon, Maria Chapdelaine,1916, p. 231.
B.− P. ext. [L'obj. désigne un bruit, une lumière, un élément éclatant de la nature, etc.] Rendre plus faible, moins violent; atténuer :
3. Le brouillard fait le silence sur l'océan; il assoupit la vague et étouffe le vent. Hugo, Les Travailleurs de la mer,1866, p. 203.
C.− Au fig.
1. [L'obj. désigne un inanimé abstr.] Affaiblir, atténuer. Assoupir une douleur, un mal; une affaire, un malaise. Synon. expr. de endormir :
4. Ils /sir Ralph et madame Delmare/ s'étaient enfuis d'abord, disait-on, pour assoupir l'affaire... G. Sand, Indiana,1832, p. 325.
5. C'est de là qu'est venu dans notre vie économique un malaise que les préoccupations actuelles ont assoupi, mais qui n'est pas du tout dissipé. J. Wilbois, Comment fonctionne une entr.,1941, p. 55.
2. [L'obj. désigne une pers. ou un coll.] Rendre calme et même inactif, sans énergie :
6. Mécène semblait fait exprès pour calmer et assoupir l'Italie après tant d'agitations. Michelet, Hist. romaine,t. 2, 1831, p. 307.
II.− Emploi pronom.
A.− [Le suj. désigne un animé, un coll., une partie ou un mouvement du corps] S'endormir à moitié, se laisser aller doucement au sommeil, à la somnolence :
7. Les tiraillements nerveux de son estomac s'étaient assoupis; les ardeurs de sa soif s'étaient calmées; ... A. Dumas Père, Le Comte de Monte-Cristo,t. 1, 1846, p. 169.
8. Le jour naissait, lorsque Jacques parvint à s'assoupir, et d'une somnolence si légère, que le débat continuait confusément en lui, abominable. Zola, La Bête humaine,1890, p. 205.
LITT. [Le suj. est personnifié] :
9. ... cependant les sentiers s'emplissaient d'ombre et la campagne s'assoupissait déjà dans ce beau silence des nuits d'été. Flaubert, Par les champs et par les grèves,1848, p. 326.
B.− P. ext. [Le suj. désigne un bruit, un élément vif de la nature, etc.] Devenir moins violent, moins fort :
10. Si le feu s'assoupit ou que le feu s'emporte, son caprice est désastre, la partie est perdue [arts du feu]. Valéry, Pièces sur l'art,1931, p. 9.
C.− Au fig.
1. [Le suj. désigne un inanimé abstr.] S'affaiblir, diminuer :
11. La guerre s'est assoupie; il n'est pas excessif même de dire qu'elle semblait dormir tout à fait. Gracq, Le Rivage des Syrtes,1951, p. 248.
2. [Le suj. désigne une pers.] Devenir inactif, sans énergie comme par somnolence; s'engourdir au point de vue moral, intellectuel :
12. Antoine Arnault ne pensa pas qu'il pût continuer à vivre oisivement, à s'assoupir ainsi qu'il le faisait, entre les tendres cheveux et les mousselines nuancées de son amie. A. de Noailles, La Domination,1905, p. 54.
PRONONC. : (s') assoupir [asupi:ʀ], j'(e m') assoupi [ʒasupi]. Fér. 1768 souligne que le verbe ,,et ses dérivés s'écrivent avec deux ss mais [qu'] on n'en prononce qu'une``.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. xves. trans. « diminuer, atténuer les suites mauvaises de qqc. » (Juven. des Ursins, Chron. an 1380 ds Gdf. Compl. : Remerciant les dicts arbitres de ce que par leur bonne diligence les questions estoient assopies); d'où xvies. « calmer » (Ronsard, 744 ds Littré : Les vents sont assoupis, les bois dorment sans bruit); av. 1590 pronom. « diminuer, se calmer » (A. Paré, Œuvres, liv. I, c. 9 ds Dict. hist. Ac. fr.); 2. 1550 trans. « jeter dans le sommeil » (Ronsard, Od. IV, Œuvres, p. 400 ds Gdf. Compl. : Le mesme jour que le dernier trespas M'assoupira d'un somme dur, a l'heure Sous le tombeau tout Ronsard n'ira pas, Restant de luy la part qui est meilleure); 1610-27 part. passé adj. (Urfé, Astree, I, 12, ibid.); 1622 pronom. « s'endormir » (Caquets de l'accouchée, II ds Dict. hist. Ac. fr.). Réfection de assouvir* b. lat. *assopire « satisfaire, rassasier » d'apr. le lat. sopire « assoupir, endormir » (Cicéron, Div., 1, 115 ds Gaff.) d'où fig. « se calmer (d'un vent) » (Pline, Hist. nat., 2, 129, ibid.), d'une chose « diminuer d'intensité » (Cicéron, Cael 41, ibid.).
STAT. − Fréq. abs. littér. : 391. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 543, b) 595; xxes. : a) 692, b) 463.
BBG. − Bruant 1901. − Nysten 1814-20. − Timm. 1892.