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ASSONANCE, subst. fém.
A.− Au propre. [En parlant de deux ou plusieurs vocables] Fait de présenter le même timbre vocalique dans la syllabe accentuée. L'assonance de deux mots (plainte et atteinte, sombre et rompre sont des mots qui assonent).
1. LITT. En prose ou en poésie, retour, répétition, par recherche d'harmonie, du même timbre vocalique :
1. ... mais la rime, cette sévère rime française, comment s'arrangerait-elle du couplet suivant : La fleur de l'olivier − que vous avez aimé, − ... etc. Observez que la musique se prête admirablement à ces hardiesses ingénues, et trouve dans les assonances, ménagées suffisamment d'ailleurs, toutes les ressources que la poésie doit lui offrir. Nerval, Les Filles du feu,1854, p. 628.
2. Allez donc entendre du La Fontaine, du Racine, récité dans une école quelconque! La consigne est littéralement d'ânonner, et, d'ailleurs, jamais la moindre idée du rythme, des assonances et des allitérations qui constituent la substance sonore de la poésie n'est donnée et démontrée aux enfants. Valéry, Variété 3,1936, p. 280.
SYNT. Assonances de style; charme, séduction de l'assonance; user d'assonances; assonance parfaite, imparfaite.
Rem. Au xixes., dans une esthétique qui oppose systématiquement prose et vers, l'assonance est condamnée comme une négligence ou une inadvertance de la prose d'art : ,,L'assonance est un défaut que les bons écrivains ont soin d'éviter en prose`` (Dem. 1802) :
3. Voilà trois semaines que je suis à écrire dix pages! Je passe des journées entières à changer des répétitions de mots, à éviter des assonances! Flaubert, Correspondance,1853, p. 176.
2. Spéc., POÉT. Rime imparfaite reposant, comme dans l'épopée médiévale, sur l'homophonie de la voyelle finale accentuée du vers :
4. La poésie arabe, outre la rime, observe l'assonance qui se rapproche de la rime avec la différence que seules les voyelles comptent; ainsi deux lignes pourraient se terminer respectivement par les mots « maison » et « laiton ». L'assonance, qui aujourd'hui encore caractérise la poésie espagnole, ne s'est jamais répandue en anglais. Par contre, on la trouve chez les Mongols, les Turcs et les Finno-Ougriens. R.-H. Lowie, Manuel d'anthropol. culturelle,1936, p. 216.
B.− Au fig. Correspondance, affinité, harmonie :
5. Si je n'avais eu auparavant l'intuition et la peur d'un drame ignoré entre ma sœur et ma grand'mère, si Jean ne m'avait pas laissé entrevoir je ne sais quelles impressions pareilles ressenties par lui, il est très probable que j'aurais continué à être un petit garçon bien sage. Mais les enfants obéissent plus aux assonances de sentiments qu'à la raison. E. Estaunié, Le Silence dans la campagne,1925, p. 184.
6. Dès que des fins sont elles-mêmes mises en question, des qualités incomparables d'existence s'offrent à nous, dont chacune développe une ambiance, suscite des attitudes par affinité et assonance, selon un tact qui n'a pas de mesure rigoureuse. Ricœur, Philos. de la volonté,1949, p. 152.
PRONONC. ET ORTH. − 1. Forme phon. : [asɔnɑ ̃:s]. 2. Forme graph. − Ac. écrit assonance à partir de 1798. Littré fait la rem. suiv. : ,,Autrefois l'Académie écrivait assonnance [cf. p. ex. Ac. 1762], dissonnance, dissonnant, comme elle écrit aujourd'hui consonnance, consonnant, résonnance, résonnant. Tous ces dérivés et composés du substantif son devraient suivre la même orthographe; ces anomalies, que rien ne justifie, compliquent inutilement l'orthographe et devraient être rectifiées.``
ÉTYMOL. ET HIST. − 1690 rhét. et mus. (Fur. : Assonance. Quelques-uns se servent de ce mot en Musique pour signifier Consonnance [...] en termes de Rethorique & de Poësie, se dit d'une figure de mots qui ont même son ou terminaison, & qui ne riment pas richement). Empr. à l'esp. asonancia « accord des sons », attesté dep. 1625 (G. Correas, Acte de la lengua española castellana, ed. E. Alarcos García, Anejo LVI de la RFE, p. 448 ds G. Colón, Z. rom. Philol., t. 78, p. 62), dér. de asonar « être assonant » du lat. assonare « répondre en écho ». Le caractère de la versif. castillane est à l'orig. de cet empr. par les autres lang. (FEW t. 12, s.v. sonare, Bl.-W.5, G. Colón, loc. cit.).
STAT. − Fréq. abs. littér. : 55.
BBG. − Bach.-Dez. 1882. − Bouillet 1859. − Dagn. 1965. − Dem. 1802. − Gramm. t. 1 1789. − Mar. Lex. 1933. − Mar. Lex. 1961 [1951]. − Morier 1961. − Springh. 1962.