| ASSEOIR, verbe trans. I.− Emploi trans. A.− Asseoir qqn. 1. [L'obj. désigne un enfant, un malade, etc.] Placer quelqu'un sur un siège, ou sur quelque chose qui fait office de siège, dans la position d'appui sur le derrière. Asseoir qqn (un enfant, un malade) sur un siège, dans un fauteuil; asseoir (un enfant) sur ses genoux. Synon. mettre qqn sur son séant : 1. − Hein! Qu'a-t-il, le pauvre cher homme? ... Ah! Je vois, le sang lui a tourné dans le corps... Vite, asseyez-le sur une chaise. Mais la Frimat fut d'un avis contraire. Est-ce qu'on asseyait un homme qui ne pouvait se tenir? Le mieux était de l'allonger sur le lit d'une de ses filles.
Zola, La Terre,1887, p. 109. − Emploi factitif. [Le compl. désigne un invité ou un groupe d'invités] Asseoir son monde, ses hôtes, une dame, etc. Faire asseoir son monde, ses hôtes, etc. : 2. ... on assied les hôtes au chef de la table, avec le seigneur de l'hôtel, et ils ne s'assient point avant qu'ils aient lavé leurs mains. Après, on assied la dame et les filles, et la famille, chacun selon son état... etc.
Faral, La Vie quotidienne au temps de st Louis,1942, p. 164. − Littéraire : 3. Chaque soir une table, aux suaves apprêts,
Assoira près de nous nos belles adorées;
...
Chénier, Élégies,Amitiés, François de Pange,1794, p. 140. − P. métaph., littér. : 4. Je ne sais par quelle suite d'aventures étranges elle était venue asseoir ses derniers beaux jours dans le banc des marguilliers de notre paroisse, où elle avait apporté beaucoup plus des manières du régiment que de celles du cloître.
G. Sand, Histoire de ma vie,t. 2,1855, p. 351. − ÉQUIT. Asseoir un cheval; asseoir un cheval sur ses hanches, sur ses jambes. Dresser un cheval à exécuter les airs de manège ou à galoper en s'équilibrant sur l'arrière-main, la croupe étant tenue plus basse que les épaules. 2. P. métaph. ou au fig. a) Établir quelqu'un dans une dignité, dans une situation propre à lui faire honneur ou, plus rarement, à le mettre en désavantage. Asseoir qqn (au rang)... : 5. Tel peut être le sujet d'un poème immense qui achèverait l'œuvre du (sic) Dante et de Milton, continuée par Chateaubriand, c'est-à-dire la création des machines poétiques de l'ère chrétienne. Il y a là une belle place vacante pour asseoir un grand poète. Les gnomes, les sylphes, les fées, depuis l'homme jusqu'à l'ange, échelle d'êtres poétiques.
Vigny, Le Journal d'un poète,1823, p. 876. ♦ Asseoir qqn sur le trône. Lui donner la souveraineté, lui conférer l'autorité suprême. Synon. faire monter qqn sur le trône : 6. Si la fortune assied par hasard un prince remarquable sur le trône des sultans, il ne peut vivre assez longtemps pour changer les lois et les mœurs, en eût-il d'ailleurs le dessein.
Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe,t. 3,1848, p. 463. ♦ Asseoir qqn sur la sellette. Le mettre en position d'accusé, examiner sa personnalité, sa conduite, etc. Synon. mettre, tenir qqn sur la sellette.P. ext. Asseoir qqc. sur la sellette. Considérer, étudier quelque chose avec attention : 7. C'est toujours une chose incertaine, incomplète,
Trouble, que nous faisons asseoir sur la sellette.
Hugo, La Pitié suprême,1879, p. 137. ♦ Asseoir qqn sous la coupole de l'Institut. Faire entrer quelqu'un à l'Académie Française (par référence au siège et au fauteuil d'académicien) : 8. Mardi 21 mai. Renan entre à l'Académie, porté par le triomphe du parti démocratique. Taine s'y introduira peut-être par une espèce de revanche du parti conservateur. Il arrivera, alors, que le parti démocratique assoira sous la coupole de l'Institut l'homme au fond le plus rétrograde, le plus prêcheur du gouvernement des aristocraties, un homme dont le rêve est de faire de la savantocratie la théocratie d'autrefois, ...
E. et J. de Goncourt, Journal,1878, p. 1237. b) Occasionner chez quelqu'un un état émotionnel. ♦ Asseoir qqn ou qqc. dans + subst. abstr.Installer, plonger quelqu'un ou quelque chose dans... : 9. N'assois pas un misérable dans sa honte... Épargne celui qui a perdu sa force!
Bernanos, Une Nuit,1928, p. 34. 10. Tandis que l'hétéronomie de la peur et du plaisir jette le trouble et le changement dans l'âme, le courage asseoit celle-ci dans la tranquillité et l'ataraxie.
J. Vuillemin, Essai sur la signif. de la mort,1949, p. 228. ♦ [Le suj. est un subst. abstr.] Asseoir qqn.Abattre, accabler quelqu'un : 11. ... certaines natures, la contrariété les fait rebondir; d'autres elle les assied.
Gide, Journal,1916, p. 536. Rem. Noter un emploi abs. où le verbe prend la signif. : apaiser, tant physiquement que moralement : 12. Les verrières et les chants meublent les cathédrales. Les verrières du transept et du chœur. Ici une harmonie jaune, là toute bleue, là violette et puis un plus sombre univers. En nous se fait l'unité. Cette splendeur diaprée enveloppe, pacifie l'animal, laisse l'âme émerger, devenir toute sensible. Une douce hébétude assied... Nous ne sommes plus que deux ailes.
Barrès, Mes cahiers,t. 7,1908, p. 102. ♦ Fam. (surtout au passif). Asseoir qqn. Déconcerter quelqu'un au point de le rendre momentanément incapable de répondre, de parler. L'émotion l'avait assise par terre (Zola, Nouv. contes à Ninon,1874, p. 38).Réduire quelqu'un au silence (cf. clouer le bec à qqn, lui rabattre son caquet, lui river son clou) : 13. [MmeFranquetot à Michel.]
− ... Si ta Monique veut faire son déménagement, qu'elle vienne donc elle-même. Nous verrons à régler notre compte ensemble, et je te promets que je te l'assoierai, moi, ta voleuse...
P. Bourget, Monique,1902, p. 95. B.− Asseoir qqc. 1. [Le compl. désigne une chose concr.] a) Poser quelque chose d'aplomb et de manière durable sur une base solide. Asseoir un monument, des fondations (sur). Rem. S'emploie de façon privilégiée dans le domaine de la constr. : 14. L'auteur de René excelle à poser la tristesse de son héros, comme les Grecs savaient asseoir leurs monuments et les mettre en harmonie avec la nature.
Sainte-Beuve, Chateaubriand et son groupe littér. sous l'Empire,t. 1,1860, p. 367. − P. ext. : 15. ... le paysage de Savoie me satisfait tout particulièrement parce que son vallonnement, son caractère boisé, ses cultures, tout ce qui fait son charme et sa valeur se détache sur un fond de montagnes qui tout ensemble l'assoit et le stylise. Ce qui, dans les environs de Paris, me déçoit si souvent (...), c'est l'absence d'un fond auquel il [le paysage] s'adosse; et nul fond ne m'agrée mieux que la haute montagne, (...), à la distance où elle rehausse sans accabler, où elle constitue ce rappel adressé à l'esprit que Ruskin m'a appris à priser si fort : le rappel à la stabilité.
Du Bos, Journal,1926, p. 81. b) Emplois spéc., AÉRON. Asseoir l'appareil. Le poser d'aplomb sur le terrain, à l'atterrissage. MILIT. Asseoir un camp. Installer un camp. 2. P. métaph. ou au fig. [Le compl. est un subst. abstr.] Asseoir qqc. (sur qqc.).Établir solidement quelque chose (sur quelque chose), donner un fondement sûr à quelque chose, rendre ferme et stable quelque chose : 16. On fait des tentatives de tout genre toutes échouent : on tente d'asseoir les gouvernemens, de fonder les libertés publiques; on tente même des réformes religieuses; rien ne se fait, rien n'aboutit. Si jamais le genre humain a paru voué à une destinée agitée et pourtant stationnaire, à un travail sans relâche et pourtant stérile, c'est du 13eau 15esiècle...
Guizot, Hist. gén. de la civilisation en Europe,1828, p. 9. 17. Toutes les jouissances à quelques-uns, toutes les privations aux autres, c'est-à-dire au peuple; le privilège, l'exception, le monopole, la féodalité, naissent du travail même. Situation fausse et dangereuse qui assoit la puissance publique sur la misère privée, et qui enracine la grandeur de l'état dans les souffrances de l'individu.
Hugo, Les Misérables,t. 2,1862, p. 26. 18. La prophétie est à très long terme et a pour elle ce qui assoit la solidité des religions : l'impossibilité de faire la preuve.
Camus, L'Homme révolté,1951, p. 234. SYNT. Asseoir son jugement (Sainte-Beuve, Premiers lundis, t. 2, 1869, p. 298). − P. anal., rare. Asseoir un homme. L'établir dans la stabilité et lui donner de l'importance, le poser : 19. − Non, non, répéta M. Kahn, jamais Rougon ne serait assez fou! ... Il la dit très intelligente, et il la nomme en riant « Mademoiselle Machiavel ». Elle l'amuse, voilà tout.
− N'importe, conclut M. Béjuin, Rougon a tort de ne pas se marier... Ça asseoit un homme.
Zola, Son Excellence E. Rougon,1876, p. 22. − Spéc., FIN. Asseoir l'impôt. Établir, déterminer, fixer la base de l'imposition, l'assiette de l'impôt. II.− Emploi pronom. A.− [Le suj. désigne une pers.] Se mettre sur un siège, ou sur quelque chose qui fait office de siège, dans la position d'appui sur le derrière. Synon. se mettre sur son séant : 20. ... tout à coup, je ressentis une émotion si terrible, que je dus m'asseoir, ou plutôt, que je tombai sur une chaise! Puis, je me redressai d'un saut pour regarder autour de moi! Puis je me rassis, éperdu d'étonnement et de peur, ...
Maupassant, Contes et nouvelles,t. 2, Le Horla,1886, p. 1104. 21. Il demandait à l'un du feu, offrait à l'autre un cigare, puis au bout de quelques instants disait : « Mais, Argencourt, asseyez-vous donc, prenez une chaise, mon cher, etc. », ayant tenu à prolonger leur station debout, seulement pour leur montrer que c'était de lui que leur venait la permission de s'asseoir. « Mettez-vous dans le siège Louis XIV », me répondit-il d'un air impérieux et plutôt pour me forcer à m'éloigner de lui que pour m'inviter à m'asseoir. Je pris un fauteuil qui n'était pas loin.
Proust, Le Côté de Guermantes 2,1921, p. 554. SYNT. S'asseoir sur une chaise, sur/dans un fauteuil, sur un banc, sur un lit, sur les genoux de qqn; s'asseoir près du feu, par terre, devant la fenêtre, auprès de qqn; s'asseoir dans un coin, dans l'herbe; s'asseoir à l'ombre, à son bureau, à l'écart, à côté de qqn, à la place de qqn, au volant; s'asseoir lourdement; inviter qqn à s'asseoir; engager qqn à prendre la peine de s'asseoir; s'asseoir en tailleur, en amazone, à la turque; s'asseoir à cheval, à califourchon sur une chaise. Rem. Précédé du verbe faire avec valeur factitive, s'asseoir est gén. remplacé par la forme non pronom. : 22. Il passait parmi le vulgaire pour un exalté, pour un fou. Il accueillit le proscrit qui frappait à sa porte, il le fit asseoir à sa table, il l'écouta sous le manteau du foyer domestique, antique sanctuaire de la famille symbole de l'inviolable hospitalité.
G. Sand, Lélia,1839, p. 421. − S'asseoir aux pieds de qqn (en signe d'adoration, de contemplation ou de supplication) : 23. ... elle accourut, elle s'assit un instant par terre, à ses pieds, le suppliant : − Viens-donc voir les bêtes! ... Tu n'as pas encore vu les bêtes, dis! Si tu savais comme elles sont belles, maintenant!
Zola, La Faute de l'Abbé Mouret,1875, p. 1262. − S'asseoir à table. Synon. de s'attabler.S'asseoir à la table de qqn. S'y installer; y être invité, y être admis : 24. Tandis que mes frères, plongés dans les ténèbres de l'ignorance, gagnaient, à la sueur de leur front, le pain de chaque jour, nourrissaient leurs femmes, leurs enfants, et follement préoccupés de l'avenir qui n'appartient qu'à Dieu, se condamnaient à l'épargne, moi, je m'asseyais à leur table, et je payais largement mon écot en leur distribuant le pain de la vérité.
Sandeau, Sacs et parchemins,1851, p. 52. ♦ P. métaph. : 25. Laissez-moi quelquefois m'asseoir à la table des dieux et dire des systèmes « on sait ce qu'en vaut l'aune ». Dans le meilleur système il y a une part de charlatanisme, une part d'insincérité. Il y a des œillères.
Barrès, Mes cahiers,t. 9,1912, p. 297. − S'asseoir à une réunion (festin, banquet, conseil, etc.). Y être invité, admis; y participer : 26. ... du temps que j'étais écolier, chaque année, le 28 janvier, jour de la Saint-Charlemagne, un banquet réunissait les élèves qui avaient obtenu la première place en quelque matière. Élève de troisième, j'avais peu d'espoir de m'asseoir jamais à ce banquet des princes. J'étais trop loin de tenir la tête de ma classe.
A. France, La Vie en fleur,1922, p. 357. ♦ P. métaph. : 27. Tout serait un dans la nature; nous nous assiérions tous, êtres animés et inanimés, au même banquet de vie...
Pesquidoux, Le Livre de raison,1928, p. 28. − S'asseoir au milieu (d'un groupe de pers.), s'asseoir parmi (des pers.). Prendre place parmi, être admis dans : 28. ... c'est avec son corps, tout comme ses sœurs du lupanar et du trottoir, que cette créature gracieuse, et qui coupe avec un mignon couteau d'or les feuillets du livre à la mode, a gagné le droit de s'asseoir légalement dans ce milieu de luxe et de décence.
P. Bourget, Nouv. Essais de psychol. contemp.,1885, p. 33. − P. anal. ♦ [Le suj. est un oiseau] Se percher, se poser sur : 29. Les harpies vinrent s'asseoir dans les branches; ...
A. France, L'Île des pingouins,1908, p. 53. ♦ [Le suj. est une chose concr.] Reposer sur : 30. Là, parmi les argiles ferrugineuses, les sables striés de cailloux, les pierres sur lesquelles s'assied la couche arable, ils [les vieux ceps] absorbent âprement une sève puissante.
Pesquidoux, Chez nous,1921, p. 59. 31. ... il faut que (...) le fond de la bouteille soit bien régulier de façon à ce que celle-ci puisse s'asseoir correctement sur la table.
R. Brunet, Le Matériel vinicole,1925, p. 464. B.− Emplois métaph. ou fig. 1. [Dans des loc. où le siège (banc, fauteuil, trône, etc.) est le symbole d'une dignité, d'une fonction, d'une charge, d'une situation, etc.] S'asseoir sur le trône. Devenir roi (reine). S'asseoir sur les bancs de la pairie. Devenir pair. S'asseoir sur les bancs de la cour d'assises, s'asseoir au banc des témoins. Comparaître au banc des accusés, être accusé; comparaître au banc des témoins, témoigner : 32. Juge ou non, dans ce monde difficile, il faut juger avant de savoir tout. La science, si fière de savoir attendre, ne serait qu'un immense déni de justice. Mais heureusement il s'est trouvé quelquefois un physicien qui s'est dit : « À quoi bon toute cette préparation et toute cette patience si je ne m'assois pas enfin au siège de l'arbitre? L'esprit serait donc une si belle épée qu'on n'ose jamais s'en servir? »
Alain, Propos,1932, p. 1064. − JUST. [Le suj. désigne un magistrat] Quitter le parquet, appelé magistrature debout, pour entrer comme juge ou conseiller nommé, place inamovible, dans la magistrature assise (cf. assise) : 33. Quand un magistrat [du parquet] a eu la précaution de s'asseoir, pour employer une expression familière et technique, alors il est définitivement acquis à la magistrature.
J. O.,12 mai 1872, p. 3169, 3ecol. (Littré). 2. P. ext. a) [L'accent est mis sur la stabilité] − S'asseoir (sur, dans).S'établir solidement sur, dans quelque chose; s'installer dans : 34. Austère, scrupuleux en morale (...) désireux avant tout de s'asseoir dans une existence indépendante et rurale, M. de Sénancour se laissa dire, et se crut délicatement engagé...
Sainte-Beuve, Portraits contemp.,t. 1,1846-69, p. 155. 35. Pour s'asseoir solidement dans le pays, le nouveau royaume devait en effet se fonder sur une étroite association franco-syriaque. Ce fut le mérite de Baudouin Ierde l'avoir compris...
Grousset, L'Épopée des croisades,1939, p. 100. − S'asseoir sur.S'appuyer sur : 36. ... la vérité, c'est qu'il y a une science vitale, qui est le tout de l'homme, et que cette science a besoin de s'asseoir sur toutes les sciences particulières, qui sont belles en elles-mêmes, mais belles surtout dans leur ensemble.
Renan, L'Avenir de la sc.,1890, p. 229. b) [L'accent est mis sur l'arrêt d'un mouvement] − Prendre du repos, souffler : 37. On a voulu, à tort, faire de la bourgeoisie une classe. La bourgeoisie est tout simplement la portion contentée du peuple. Le bourgeois, c'est l'homme qui a maintenant le temps de s'asseoir. Une chaise n'est pas une caste. Mais, pour vouloir s'asseoir trop tôt, on peut arrêter la marche même du genre humain. Cela a été souvent la faute de la bourgeoisie.
Hugo, Les Misérables,t. 2,1862, p. 12. − S'arrêter, se fixer : 38. ... il faut choisir, et la première condition du goût, après avoir tout compris, est de ne pas voyager sans cesse, mais de s'asseoir une fois et de se fixer. Rien ne blase et n'éteint plus le goût que les voyages sans fin...
Sainte-Beuve, Causeries du lundi,t. 3,1851-62, p. 53. − Dépréc. Ne plus rien faire, cesser d'être agissant : 39. En somme je ne fais pas d'autres postulats généraux que ceux des mathématiques, et il faut bien en passer par là, ou s'asseoir. Je me permets, alors, des constructions comme on dit en géométrie. Au fond tout mon truc est là. Je crois énormément à la richesse de ce procédé qui passe par l'arbitraire et arrive à la démonstration.
Valéry, Correspondance[avec G. Fourment],1897, p. 142. 40. Le Christ appelle justement les pharisiens « sépulcres blanchis », parce que la vertu qui ne se dépasse pas, s'assoit et se complait en sa liberté, n'est autre chose qu'une mascarade de la mort.
J. Vuillemin, Essai sur la signif. de la mort,1949, p. 245. 3. Arg. ou pop. Allez-vous asseoir. Allez-vous-en; taisez-vous. S'asseoir sur qqn, sur qqc.; s'asseoir dessus. Ne faire aucun cas de quelqu'un ou quelque chose, le mépriser. − Proverbe. S'asseoir entre deux chaises (le cul par terre). Entre deux partis possibles, choisir finalement un moyen terme généralement malheureux et voué à l'échec : 41. Retiens bien ça, Robert : Il n'y a pas de régime intermédiaire possible. Il a voulu s'asseoir entre deux chaises, il est foutu. Tous ceux qui voudront lutter sur les deux fronts sont foutus d'avance, comme lui. On est capitaliste ou communiste, pas de milieu...
Abellio, Heureux les pacifiques,1946, p. 239. PRONONC. ET ORTH. − 1. Conjug. − a) Formes à double rad. − (Je m')assieds, assois; (tu t')assieds, assois; (il s')assied, assoit; (nous nous) asseyons, assoyons; (vous vous) asseyez, assoyez; (ils s')asseyent, assoient. (Je m')asseyais, assoyais, etc. Que (je m')asseye, assoie; (il s')asseye, assoie; (nous nous) asseyions, assoyions; (ils s')asseyent, assoient. Asseyant, assoyant. b) Formes triples. − (Je m')assiérai, asseyerai, assoirai, etc.; (je m')assiérais, asseyerais, assoirais, etc. c) Formes uniques. − (Je m')assis, etc.; assis, assise. d) À l'impér. l'usage tend à consacrer assieds-toi, asseyons-nous, asseyez-vous, plutôt que assois-toi, assoyons-nous, assoyez-vous. 2. Forme phon. (s')asseoir [aswa:ʀ] (je m')assieds [asje] ou (je m')assois [aswa]. Grammont Prononc. 1958 précise pour l'inf. asseoir qu'un ,,e devant une autre voyelle ne se prononce pas``. En ce qui concerne la forme conjuguée assied(s), Buben, 1935, pp. 23-24 signale que ,,Malgré une consonne finale muette (...) on prononce dans la langue correcte un e fermé dans les cas suivants : pied, sied, assied (...); l'action assimilatrice de l'i précédent est plus forte que l'influence de l'écriture et maintient l'e fermé malgré la consonne étymologique finale qui d'ailleurs n'a jamais été prononcée`` (cf. aussi Mart. Comment prononce 1913, p. 228). À comparer avec Id., ibid., p. 53 qui écrit : ,,la prononciation d'assied (...) paraît flotter entre l'e fermé de pied et l'e ouvert des mots en -et``. Il ajoute ,,Peut-être est-ce l's d'assieds qui est en cause; en tout cas l'e d'assieds-toi est plutôt moyen``. Buben 1935, p. 51 note enfin : ,,La graphie ey et l'analogie des formes fortes expliquent l'è ouvert protonique dans (...) asseyons, asseyez``. Dito pour (ils) asseyent. Enq. : /aswa/ (il s')assoit. 3. Forme graph. − a) e étymologique de asseoir : Besch. Conjug. 1961, p. 67 note que l'inf. asseoir s'orthographie avec un e étymologique, à la différence de l'ind. prés. (j'assois) et fut. (j'assoirai) qui s'écrivent normalement sans e (cf. aussi Clédat 1930, pp. 55-56). Grev. 1964, § 679 signale à ce sujet : ,,On constate une forte tendance à uniformiser la graphie des formes avec -oi- et à les écrire par -eoi- comme on fait à l'infinitif : On s'asseoit par terre ``(Flaub., Corr., t. I, p. 280)``, cf. aussi Rob. : ,,De bons auteurs écrivent -eoi- comme on fait à l'infinitif``. À noter que Gramm. Ac. 1932 écrit asseoir ou assoir. b) Le d étymologique de assied(s) : Clédat 1930, p. 64 souligne : ,,on fait reparaître une lettre latine qui n'existe nulle part ailleurs dans le verbe français, [que] s'il s'agissait d'éviter une graphie équivoque, il était bien simple d'écrire : tu t'assiés``. Cf. aussi Grev. 1964, § 679 qui rappelle également : ,,Le présent de l'indicatif j'assieds s'explique par les formes anciennes (la flexion de seoir était : sie, siez, siet, seons, seez, sieent); le futur j'assiérai est fait sur il assied``. À ce sujet, cf. Besch. Conjug. 1961, p. 67 : ,,Les formes j'asseyerai, tu asseyeras, etc., j'asseyerais, tu asseyerais, etc. sont actuellement sorties de l'usage.`` Néanmoins, Rob. admet encore au fut. : ,,j'assiérai ou j'asseyerai (vieilli)``. En ce qui concerne la conjug. j'assieds, Grev. 1964, § 679 précise : ,,aux deux premières personnes du pluriel, l'insertion d'un y a supprimé l'hiatus : de là, asseyons, asseyez``. Il note en ce qui concerne la conjug. j'assois : ,,le présent j'assois, etc., a été fait par analogie avec l'infinitif``. Il signale également que la conjug. assois, etc., est moins cour. et plutôt vulgaire (cf. Rob. : ,,Les formes en -oi, admises par l'Acad. cf. infra, sont jugées familières et même vulgaires par quelques grammairiens``). Pour Ortho-vert 1966, p. 95, cette conjug. s'emploie surtout au fig. : il assoit sa situation. 4. Hist. − Ac. 1798 ne donne que la 1reconjug. : j'assieds, etc. À partir de l'éd. de 1835, Ac. écrit : ,,on conjugue aussi quelquefois [...] j'assois, etc.`` Pour Lar. 19e, la 2emanière de conjuguer est surtout usitée dans le style noble. Pour Littré, elle est plus rare. Besch. 1845 suggère pour la 2econjug. : ,,Il nous semble qu'il serait plus convenable d'écrire j'asseois, j'asseoirai, etc.`` cf. aussi Littré : ,,L'Académie écrit j'assoirai sans e, mais je surseoirai avec un e. Il faudrait remettre la concordance entre ces deux verbes que rien ne doit séparer, afin de diminuer des exceptions qui compliquent inutilement l'orthographe``. ÉTYMOL. ET HIST.
I − Trans. 1. 950-1000 « placer solidement qqc. » (Passion, éd. Arco Silvio Avalle, 247-8 : corona prendent de las espines Et en son cab fellun l'asisdrent); 1119 « établir, fixer » (Ph. de Thaon, Comput, éd. Mall, 3305 ds T.-L. : En pentecuste asistrent La secunde [jeiunaisun]); ca 1165 en partic. « fixer une rente » (Chr. de Troyes, G. d'Angleterre, éd. W. Foerster, 3360-61 : Et as deux marcheanz assist Mil mars de rante a estrelins); 1405-49 asseoir a « soumettre à (un impôt) » (Journ. d'un bourg. de Paris, 1440, Michaud ds Gdf. : Apres celluy prest furent assis a tres grosses tailles, et cuidoit le peuple que on ne leur demandast rien, mais apres on commença la grant douleur au peuple d'icelle taille, car nuls ne nulle n'en eschappa, et tres grevement furent assis); 2. 1541 « fonder sur une base solide une opinion, un jugement » (Calvin, Inst., 501 ds Littré : Ils alleguent qu'on ne peut assoir un jugement, sinon que la cause soit cognue); 3. xiiies. « mettre sur un siège » (Rom. und Pastour., éd. Bartsch, II, 6, 37-38 : Entre mes biaus bras la pris, sor la fresche herbe l'assis).
II.− Pronom. mil. xies. « se placer sur un siège » (Alexis, xies., st. 30ods Gdf. Compl. : Del duel s'asist la medre jusque a terre).
Du lat. vulg. *adsedere, réfection du lat. class. adsidēre d'apr. sedēre; sedere « être assis » dep. Plaute (Capt. prol., 2 ds Forc.); « être arrêté, demeurer fixé » d'où (d'une chose) « être décrétée, établie » (cf. le sens I) (Pline, Hist. nat., II, 7, 5 [24], ibid.); lat. adsidere au sens de « être assis auprès de » (Plaute, Stich., 153 ds TLL s.v., 877, 37); au sens pronom. le lat. emploie également adsidere (Id., Bacch., 432, ibid., 879, 36). STAT. − Fréq. abs. littér. : 9 566. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 10 066, b) 14 741; xxes. : a) 16 164, b) 14 473. BBG. − Barber 1969. − Bél. 1957. − Bible 1912. − Bruant 1901. − Canada 1930. − Chesn. 1857. − Dem. 1802. − Dul. 1968. − Dupin-Lab. 1846. − Éd. 1967. − Esn. 1966. − Esn. Poilu 1919. − France 1907. − Grimaud (F.). Petit glossaire du jeu de boules. Vie Lang. 1968, p. 110. − Jal 1848. − Jossier 1881. − Lal. 1968. − Larch. 1880. − Larch. Suppl. 1880. − Marcel 1938. − Marshall (F. W.). Les Poésies de Blondel de Nesle. Une ét. du lex. d'après l'examen des mss, p. 33 (Thèse Univ. Paris, 1968). − Noter-Léc. 1912. − Pierreh. Suppl. 1926. − Plais. 1969. − Pope 1961 [1952], p. 171. − Remig. 1963. − Sandry-Carr. 1963. − Spr. 1967. |