| ASSIMILATEUR, TRICE, adj. et subst. I.− Adj. Qui assimile, qui est apte à opérer l'assimilation. A.− BIOL. et PHYSIOL. [En parlant des organes digestifs] Organes assimilateurs, forces assimilatrices : 1. Les veines altérées n'absorbent pas, dans le travail de la nutrition, tout le sang qui leur est donné. Une portion de ce liquide alimentaire, épurée, séjourne dans le cœur, s'y imprègne plus profondément d'une énergie assimilatrice; ...
Ozanam, Essai sur la philos. de Dante,1838, p. 127. B.− P. ext., au fig. [En parlant d'une pers. ou d'un de ses attributs] Capable d'intégrer un donné culturel : 2. ... nous serons plus haut dans l'échelle des êtres, c'est-à-dire, plus individualisés, mais, en même temps, plus interprétatifs et assimilateurs, c'est-à-dire que voyant tout ce qu'il y a de différences, nous verrons aussi qu'elles sont généralement extérieures. Plus on voit au fond de la vie, et plus on voit de ressemblance.
Michelet, Journal,1842, p. 405. 3. On peut suivre ici Rossolimo quand, à la suite d'un assez grand nombre de tests, il divise les intelligences en créatrices et assimilatrices, avec des degrés des unes aux autres.
Mounier, Traité du caractère,1946, p. 655. − P. anal. [En parlant d'un État] :
4. L'état moderne est assimilateur. Chaque fois que des conditions générales sont imposées à la rémunération du travail et aux prestations annexes, et que la différence des coûts régionaux de la vie n'y est pas intégrable, le travailleur est le bénéficiaire ou la victime d'une rente de localisation.
Perroux, L'Écon. du XXes.,1964, p. 204. II.− Substantif : 5. Au fond et derrière cela, un admirable assimilateur, qui prête aux lectures qu'il [Saint-Victor] a pompées, aux idées déjà formulées et publiées, une couleur qui les transfigure, des formules concrètes et frappantes, qui les font siennes.
E. et J. de Goncourt, Journal,1860, p. 802. PRONONC. : [asimilatœ:ʀ], fém. [-tʀis]. Harrap's 1963 donne également la possibilité d'une prononc. avec [ss] géminées : as/s/-. Pour [ss] cf. aussi Littré. ÉTYMOL. ET HIST.
A.− Adj. a) 1626 méd. [faculté] assimilatrice (G. Bachot, Erreurs pop. touchant la médecine et regime de Santé, B. Vincent, Lyon, pp. 21-22 : Je responds que par la coustume, qui est un temperament acquis par une longue habitude, fait que la nourriture se convertissant en la substance de la partie pervertit & bonifie la mesme trempe naturelle : ainsi les ladres changent de peau par l'usage des serpents & des viperes, & les Morphées par la bonté d'un meilleur aliment fortifiant l'assimilatrice [coutume ou faculté], remet le corps en une autre couleur), attest. isolée; b) 1827 philos. (P. S. Ballanche, Essais de palingénésie sociale, dédicace, publ. p. Ch. Dedeyan, Lettres romanes, t. VII, p. 227 ds R. Philol. belge Hist., t. 44, p. 989 : Oui, cette pensée intime, divinement assimilatrice puise sa substance et sa force dans tout ce qui a été, dans tout ce qui est, dans tout ce qui doit être).
B.− Subst. 1860 « celui qui assimile », supra ex. 5.
Dér. de assimiler*; suff. -ateur (-eur2*); suff. -atrice (-ice*). STAT. − Fréq. abs. littér. : 15. BBG. − Littré-Robin 1865. |