| ASSASSINAT, subst. masc. A.− DR. PÉNAL. Homicide volontaire commis avec préméditation ou guet-apens. Tout coupable d'assassinat, de parricide et d'empoisonnement, sera puni de mort (Code Pénal,art. 302). B.− Lang. cour. Action de faire périr injustement; crime inique : 1. Mais dans toutes ces constitutions, le droit de destituer le pouvoir exécutif flottait, pour ainsi dire, à la merci de quiconque s'en emparait, et celui qui s'en emparait le saisissait, non pour détruire, mais pour exercer la tyrannie. Il arrivait de là que le parti vainqueur ne se contentait pas de déposséder, il frappait; et comme il frappait sans jugement, c'était un assassinat, au lieu d'être une justice.
Constant, Principes de pol.,1815, p. 23. 2. Le maréchal, peut-être, n'était qu'une âme bornée et obéissante de soldat, grande dans son abnégation. Et l'empereur, qui ne commandait plus, attendait le destin. On leur demandait leur vie et la vie de l'armée : ils les donnaient. Ce fut la nuit du crime, la nuit abominable d'un assassinat de nation; car l'armée dès lors se trouvait en détresse, cent mille hommes étaient envoyés au massacre.
Zola, La Débâcle,1892, p. 120. ♦ P. exagér. : 3. le docteur. − Parce qu'il y aurait danger de mort pour elle à le faire; que l'exiger serait un assassinat, (...) La jeune personne que vous poursuivez vient d'accoucher il y a quelques minutes.
A. Dumas Père, Richard Darlington,1832, III, 16, p. 5. ♦ P. métaph. : 4. Viendrait-on (...) nous dire que nous méditons l'assassinat de la littérature ou, plus simplement, que l'engagement nuit à l'art d'écrire?
Sartre, Situations II,1948, p. 75. − P. ext., vx. Agression, acte de violence odieuse : 5. ... M. Tardif, le substitut du procureur général, a récemment aussi été victime d'un bien odieux assassinat. M. Tardif se porte à l'heure qu'il est mieux que vous et moi, mais cela n'empêche point qu'il ait reçu, pendant qu'il dormait, la nuit du 27 décembre dernier, une violente tape sur la tête, et sur la poitrine, vingt-quatre blessures, toutes constatées par M. le docteur Breschet.
Musset, Revue des Deux Mondes,1833, p. 329. − Au fig. 1. Acte fait dans le dessein de porter gravement préjudice, de faire du mal : 6. ... le cinquième acte est à Waterloo, et la dernière scène du cinquième acte à l'arrivée sur le roc de Sainte-Hélène avec la vision prophétique des six années de tourments, de vexations basses et d'assassinats à coups d'épingles, exécutés par sir Hudson Lowe.
Stendhal, Racine et Shakspeare,t. 2,1825, p. 153. 2. Acte profondément nocif; destruction, ruine morale : 7. Trouvant enfin une oreille ouverte à tout ce qui depuis longtemps surchargeait son cœur exaspéré d'ennui, il nous exposa longuement toutes les misères du soldat, les dégoûts de la caserne, les exigences taquines de l'étiquette, toutes les cruautés de l'habit, l'arrogance brutale des sergents, l'humiliation des obéissances aveugles, l'assassinat permanent de l'instinct et de la volonté sous la masse du devoir.
Flaubert, Par les champs et par les grèves,1848, p. 247. 8. C'est un assassinat que d'ôter à une jeune personne tous ses moyens en lui refusant ses robes, ses chapeaux.
Balzac, Le Faiseur,1850, I, 3, p. 183. 9. ... quelle besogne accomplissait-il [Armand] depuis sa jeunesse? Et tout cela pour finir par l'assassinat moral d'une femme qui avait cru en lui! ...
P. Bourget, Un Crime d'amour,1886, p. 280. PRONONC. : [asasina]. ÉTYMOL. ET HIST. − xvies. (Carl., X, 4 ds Gdf. Compl. : Pour violements et voleries nocturnes avecques assassinats); 1547 (Jourdan, Decrusy, Isambert, Recueil gén. des anc. lois fr., dep. l'an 420 jusqu'à la Révolution de 1789, vol. 13, 27 d'apr. Höfler ds Z. rom. Philol., t. 83, p. 59).
Dér. du rad. de assassiner*; suff. -at*; cf. 1560. assassin « assassinat » (E. Pasquier, Recherches, I, 15 ds Hug. : Qui jettera encores l'œil sur les meurtres et assassins que les Princes faisoient faire de leurs favoris et mieux aimez, sans connoissance de cause) − 1616 (D'Aubigné, Les Tragiques, VII, éd. Réaume et Caussade, IV, 297, ibid.). L'hyp. d'un empr. à l'ital. assassinato (Wind, p. 54; FEW t. 19, p. 69a; Bl.-W.5; Dauzat68) fait difficulté, ce dernier mot n'étant attesté que comme adjectif. STAT. − Fréq. abs. littér. : 909. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 559, b) 1 309; xxes. : a) 1 243, b) 1 084. BBG. − Bach.-Dez. 1882. − Barr. 1967. − Blanche 1857. − Bouillet 1859. − Bruant 1901. − Cap. 1936. − Dupin-Lab. 1846. − Lacr. 1963. − Lafon 1969. − Lemeunier 1969. − Olivier (R.). Ein Beispiel vergleichender deutsch-französischer Synonymik. Z. fr. Spr. 1958, t. 68, pp. 247-248. − Réau-Rond. 1951. − St-Edme t. 1 1824. |