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ASPHYXIE, subst. fém.
A.− MÉD. et MÉD. VÉTÉR. [En parlant d'une pers., d'un animal ou d'une partie du corps] Ralentissement grave ou arrêt de la respiration pouvant entraîner la mort, provoqué par des facteurs externes ou internes (défaut d'oxygène, noyade, strangulation, absorption de gaz toxiques, etc.). Asphyxie lente, mourir d'asphyxie, tomber en asphyxie (Ac. 1798-1878) :
1. En même temps que le corps devient livide, soit dans l'asphyxie subite, soit dans l'espèce d'asphyxie lente qui tient à quelque défaut d'organisation, il ne tarde point à devenir froid. Cuvier, Leçons d'anat. comp.,t. 4,1805, p. 299.
2. − Les goujons, disait Tancogne, les black bass; les ides... dépêchons! C'étaient des espèces fragiles, que la vase menaçait d'une asphyxie mortelle. Genevoix, Raboliot,1925, p. 18.
Asphyxie des nouveau-nés. Mort apparente de certains enfants à la naissance. (Attesté ds la plupart des dict. gén. du xixeet du xxes.).
Asphyxie locale ou symétrique des extrémités. Ralentissement ou arrêt de la circulation capillaire dans les doigts, les orteils etc., souvent accompagné de cyanose. (Attesté ds la plupart des dict. gén. du xixeet du xxes.).
SYNT. Asphyxie par la chaleur, par compression du thorax, par électrocution, par la foudre, par le froid, par pendaison, par le vide.
P. hyperb. :
3. − Puis la lune s'est levée dans le ciel purifié et nous avons pu respirer, à longue haleinée, pour la première fois depuis que nous sommes dans cette asphyxie perpétuelle qu'on a ici pour atmosphère. Barbey d'Aurevilly, 4eMemorandum,1858, p. 112.
P. anal., BOT. Dépérissement d'une plante par manque d'oxygène indispensable à sa respiration, en raison de la raréfaction de l'air :
4. Mais, pour paradoxale que l'affirmation paraisse, cette végétation folle, et d'une telle richesse qu'il faut évoquer la forêt tropicale pour en avoir quelque image, est toujours guettée par l'asphyxie ou la dessication; le niveau du sol qui la porte est, en effet, étrangement variable : ... E. Schneider, Le Charbon,1945, p. 287.
P. métaph. :
5. C'était une de ces paix étouffées de fin d'acte, lorsque toute la troupe enlève sur la scène le vacarme assourdissant de quelque finale, tandis que le foyer vide s'endort dans un bourdonnement d'asphyxie. Zola, Nana,1880, p. 1202.
B.− Au fig.
1. Affaiblissement ou perte de certaines facultés intellectuelles, morales, affectives, en raison notamment du milieu de vie :
6. Le fait est que je me sens étranger ici et que je n'ai pu prendre racine dans mon pays natal. Mon milieu m'ennuie et me nuit. J'y souffre d'inanition morale et d'asphyxie spirituelle. Amiel, Journal intime,1866, p. 446.
2. ÉCON. et POL. Paralysie plus ou moins totale de certaines activités d'un pays sous l'action de facteurs extérieurs :
7. ... la France, jour après jour, est en train de mourir. De mourir matériellement, physiquement, par asphyxie administrative et économique. L'Œuvre,18 janv. 1941.
Rem. On rencontre dans la docum. le néol. asphyxiation, subst. fém. (Mmede Chateaubriand, Mémoires et lettres, 1847, p. 224; suff. -ation, -tion*). Ensemble des conditions amenant à l'état d'asphyxie (sans doute morale, pour faire oublier certaines misères) : ,,J'espère que M. Joubert tient toujours à son abonnement de dix francs comme moi je tiens à leur [aux vieux pensionnaires de l'Infirmerie de Marie-Thérèse] former une bibliothèque de livres propres à l'asphyxiation, comme, par exemple, Solème Coloquin qui vient de paroître et d'être envoyé à M. de Chateaubriand.``
PRONONC. : [asfiksi]. Enq. : /asfiksi/.
ÉTYMOL. ET HIST. − [1741, Col de Villars, Dict. frçs. lat. des t. de medecine et de chirurgie ds Quem.]; 1752 (Trév. : Asphyxie. C'est une privation subite du pouls, de la respiration, du sentiment et du mouvement, ou un abattement considérable et subit de toutes les forces du corps et de l'esprit, en sorte qu'on reste comme si on étoit mort [...] Col de Vilars). Empr. du gr. α ̓ σ φ υ ξ ι ́ α « arrêt du pouls » (Galien ds Bailly).
STAT. − Fréq. abs. littér. : 119.
BBG. − Blanche 1857. − Bouillet 1859. − Brard 1838. − Duval 1959. − Garnier-Del. 1961 [1958]. − Lar. méd. 1970. − Lar. mén. 1926. − Littré-Robin 1865. − Méd. 1966. − Méd. Biol. t. 1 1970. − Nysten 1824. − Plais.-Caill. 1958. − Pomm. 1969. − Porot 1960. − Privat-Foc. 1870.