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ASCÉTIQUE, adj. et subst.
MOR. RELIG.
A.− Emploi adj.
1. [En parlant d'une doctrine, d'une morale] Qui concerne l'ascétisme en tant que règle de vie :
1. ... si l'ordre biologique semblait peu compatible avec l'idéal de pureté et de bonté proposé à l'homme pour la vie future, et même dès ce bas monde autant que possible, on avait d'abord recours à la morale ascétique; ... Renouvier, Essais de crit. gén.,3eessai,1864, p. 173.
2. Pas d'idéal ascétique : libre essor de toutes les facultés, de tous les instincts. Jaurès, Études socialistes,1901, p. 142.
3. Même pour qui considère ainsi l'existence de Dieu comme douteuse, la prière appartient à l'ordre du « Devant Dieu ». Mais un Dieu présent est autre chose qu'un regard. L'exaucement. − Bref, la prière n'est pas moins passive qu'active : la fin de l'entreprise ascétique est l'abandon, l'accueil, l'oubli de soi. Les spirituels s'accordent à avouer que finalement, dans la vraie prière, Dieu fait tout et l'homme rien, que la prière elle-même est un don. Philos., Relig.,1957, p. 3609.
PHILOS. [En parlant des philosophes] Qui enseigne l'ascétisme :
4. En comparant mon état actuel, le même que j'éprouve tous les hivers, avec celui où je me trouve quand la belle saison revient, j'ai pensé qu'il y avait un certain degré de vie physique, nécessaire pour que la vie intellectuelle et morale puisse s'exercer et n'est-ce pas de vie physique dont les philosophes ascétiques, comme les stoïciens, font toujours abstraction dans leur morale spéculative? Maine de Biran, Journal,1821, p. 305.
2. [En parlant des manifestations concr. de l'ascétisme] .
a) [L'accent est mis sur les pratiques de l'ascétisme] :
5. J'ai connu une jeune fille riche et belle qui, pour expier un crime qu'elle savait avoir été commis par son père, s'est condamnée à une vie d'austérités ascétiques et d'active charité. Tu peux blâmer, comme une erreur, cette expiation volontaire d'une faute qui n'est pas la sienne; moi, j'admire cette âme pure abritant une âme souillée dans un pan de sa robe blanche. Ménard, Rêveries d'un païen mystique,1876, p. 204.
SYNT. Dévotion, discipline, mortification, règle, rigueur ascétique.
b) [L'accent est mis sur les signes phys. extérieurs de l'ascétisme] Une maigreur, un visage ascétique :
6. L'homme vêtu d'une blouse blanche cherche son image dans l'eau toute ridée par la bourrasque. Ce n'est pas la contemplation de Narcisse. Ni complaisance, ni langueur. Est-ce vraiment cette figure-là que le méditant aurait choisie s'il avait jamais pu choisir? Ce qu'il aurait voulu, c'était une longue face pâle, un peu osseuse, presque ascétique, et non pas ce masque charnu, mâchoire carrée, nez bref et fort, et non pas ces joues pleines dont, chaque matin, le rasoir décape le cuir à gros grain. G. Duhamel, Chronique des Pasquier,Le Combat contre les ombres,1939, p. 8.
B.− Emploi subst.
1. Au fém., MOR. L'Ascétique. La morale ascétique, l'Ascétique chrétienne (cf. également la Mystique) :
7. ... il ne me reste plus qu'à prendre position sur mon humilité, recourbé comme ces victimes, jadis, que l'on présentait à l'autel liées par les quatre membres. Puissent nos facultés, puissent les pieds et les mains de notre esprit, tout ce qui en nous est capable de distraction et de vagabondage à droite et à gauche, être ainsi liés pour quelques heureux moments et réduits à l'impuissance! Les traités d'ascétique nous disent que cela ne suffit pas et que, comme le montre l'exemple d'Élie sur le Carmel... Claudel, Un Poète regarde la Croix,1938, p. 287.
2. Au masc.
a) Celui qui pratique l'ascétisme. Synon. ascète :
8. C'est une âme de poète frémissante et qui va se coucher dans le génie humain tout entier pour s'y perdre, s'y cacher, mais aussi pour le faire frémir comme un personnage de drame. C'est un chrétien. − Il n'était pas un ascétique, mais un chrétien. Il était arrivé à se détacher de la volupté. Barrès, Mes cahiers,t. 7,1908-09, p. 193.
PARAD. Anton. aventurier, bon vivant, sensuel, viveur.
b) Celui qui écrit des ouvrages d'ascétique :
9. Ma bibliothèque était composée en grande partie de livres sur la jurisprudence et sur l'histoire de France; un de mes oncles, qui était évêque, m'avait laissé une collection complette des procès-verbaux du clergé, qui était alors d'un grand prix; un missel mozarabe et une bible de Mayence, qui lui avaient coûté deux cents louis; enfin une multitude d'ascétiques, de théologiens, de controversistes, de sermonnaires. Cette partie de ma bibliothèque, à quelques volumes près de sermons éloquens, n'avait pas plus de prix à mes yeux, que les dossiers de livres faits pour remplir des espaces vides. Sénac de Meilhan, L'Émigré,1797, p. 1749.
P. méton. Traité d'ascétique. Les Ascétiques de Saint Basile (Ac.1798-1878).
DÉR.
Ascétiquement, adv.détermine le plus souvent un verbe. Selon la doctrine des ascètes ou à la manière d'un ascète : ,,Bernard, blessé arrêta brusquement son récit et, se privant ascétiquement d'un grand plaisir, resta muet jusqu'à la fin du dîner.`` (Proust, À l'ombre des jeunes filles en fleurs,1918, p. 775).1reattest. 1808 (Cabanis, Rapports du physique et du moral de l'homme, p. 122); suff. -ment2*.
PRONONC. − 1. Forme phon. : [asetik]. Barbeau-Rodhe 1930 donne la possibilité d'une prononc. avec [ss] géminées: as/s/-. Harrap's 1963 transcrit uniquement [ss] (pour [ss], cf. aussi Land. 1834, Littré et DG; à ce sujet, cf. ascendance1). 2. Homon. : acétique.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. Subst. a) 1673 masc. « qui traite de l'ascétisme (d'un ouvrage) » (Hermant, Les ascétiques ou Traittez spirituels de St. Basile ds Quem.); b) av. 1719 id. « personne qui mène une vie ascétique » (L'Abbé Genest ds Trév. 1740 : Tel que l'Hermite Paul, ou l'ascétique Antoine, J'étais dans un désert affreux, Le disputant au plus austère Moine, Fut-il Camaldule ou Chartreux); c) 1838 fém. (Ac. Compl. 1842 : Ascétique, partie de la morale, qui traite de la pratique de la vertu); 2. adj. a) 1718 « qui traite de l'ascétisme (d'un ouvrage) » (Ac.); b) 1740 « qui a rapport aux exercices ascétiques » (Trév.). Empr. au lat. chrét. asceticus, cf. forme substantivée ascetica [vita] « vie ascétique » (Evagrius d'Antioche, Anton., 91 ds Blaise); cf. gr. médiév. α ̓ σ κ η τ ι κ ο ́ ς, milieu xiies., au sens 1 a (Jean, Patriarche d'Antioche, Liber de Charisticariis, num. 5 ds Du Cange, Gloss. ad script. mediae et infimae graecitatis, s.v. α ́ σ κ η σ ι ς = α ̓ σ κ η τ ι κ α ι ́... β ι ́ ϐ λ ο ι, Libri ascetici).
STAT. − Fréq. abs. littér. : Ascétique. 176. Ascétiquement. 3.
BBG. − Bach.-Dez. 1882. − Bouyer 1963 (s.v. ascèse). − Foi t. 1 1968. − Foulq.-St-Jean 1962. − Marcel 1938. − Miq. 1967 (s.v. ascèse). − Théol. cath. t. 1, 2 1909.