| ASCENSION, subst. fém. Action de monter, de s'élever. I.− [En parlant de choses] Force, mouvement d'ascension : 1. Au moment où la garde prit les armes pour saluer comme de coutume le pavillon à son ascension ou à sa chute, toute conversation cessa sur le pont.
Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe,t. 3,1848, p. 580. 2. Dans le système de la chaîne pendante, une chaînette (...) se déroule du treuil cylindrique d'extraction durant la première partie de l'ascension de la benne pleine...
J.-N. Haton de La Goupillière, Cours d'exploitation des mines,1905, p. 1384. − AÉRON. [En parlant d'un aérostat, d'un ballon, d'un avion, etc.] Action de s'élever dans les airs. Ascension libre, mécanique : 3. Pour une ascension de longue durée, il convient de partir avec un ballon entièrement gonflé soulevant la plus grande quantité de lest possible.
L. Marchis, Leçons sur la navigation aérienne,1904, p. 140. − SC. NAT., PHYS. Montée d'un fluide, d'un liquide à l'intérieur d'une tige, d'un canal, d'une pompe, etc. : 4. La force osmotique semble donc capable par l'ordre de grandeur auquel elle atteint, d'expliquer l'ascension de l'eau.
L. Plantefol, Cours de bot. et de biol. végétale,t. 1,1931, p. 253. II.− [En parlant de pers.] A.− Action de gravir, particulièrement une montagne, une paroi rocheuse : 5. Nous sommes deux races sur la terre. Ceux qui ont besoin des autres, que les autres distraient, occupent, reposent, et que la solitude harasse, épuise, anéantit, comme l'ascension d'un terrible glacier ou la traversée du désert, et ceux que les autres, au contraire, lassent, ...
Maupassant, Contes et nouvelles,t. 2,1890, Qui sait? p. 1187. 6. La course en terrain accidenté, l'ascension des montagnes, la lutte, la natation, les travaux des bois et des champs en même temps que l'exposition aux intempéries, et une certaine dureté de vie, produisent l'harmonie des muscles, du squelette, des organes et de la conscience.
Carrel, L'Homme, cet inconnu,1935, p. 372. 7. Nous avancions péniblement sur les flancs desséchés du djebel Tebaga. La nuit commença de tomber comme nous arrivions au sommet. La mule avait bronché, puis trébuché vingt fois pendant l'ascension de cette assez petite montagne.
G. Duhamel, Chronique des Pasquier,Suzanne et les jeunes hommes,1941, p. 180. SYNT. Ascension dure, hardie, mouvementée, pénible, téméraire; première ascension; faire, risquer, tenter une ascension. − P. plaisant. : 8. ... Lord Pimkins (...) pendit par sa crosse d'argent sa canne d'ébène au bord du comptoir d'acajou, puis entreprit l'ascension d'un haut tabouret.
Hamp, Vin de Champagne,1909, p. 222. 9. Lorsque, lassé, je l'[Dindiki] isole dans la baleinière des boys, il passe de l'une à l'autre sur le câble qui les relie. Il fait l'ascension de mon fauteuil, par derrière, sournoisement et, par jeu, du haut du dossier, me tire les cheveux ou l'oreille; cela veut dire : « Joue avec moi. »
Gide, Feuillets d'automne,1949, p. 1117. B.− THÉOL. Ascension. Élévation mystérieuse de Jésus-Christ dans le ciel. ,,Quand il y monta (...) par sa propre puissance, en présence de ses disciples, le quarantième jour après sa résurrection`` (Bible1912) : 10. Ainsi donc, si Dieu lui-même n'était descendu pour le racheter, nul autre n'eût pu accomplir l'œuvre de cette rédemption. Nous avons été régénérés par sa naissance, lavés par son baptême, guéris par ses blessures, relevés par sa résurrection, glorifiés par son ascension, ...
Thierry, Récits des temps mérovingiens,t. 2,1840, p. 321. − P. ext. Fête liturgique annuelle célébrant (40 jours après Pâques) ce mystère. Fête de l'ascension; jour de l'ascension; jeudi de l'ascension : 11. Je remarquai que tous ceux qui se serraient autour de nous observaient religieusement la loi de l'abstinence. Nous étions à la veille de l'Ascension, et ces braves gens, dont le plus innocent avait au moins un homme sur la conscience, n'auraient pas voulu charger leur estomac d'une cuisse de poulet.
About, Le Roi des montagnes,1857, p. 76. C.− Au fig. Le fait de s'élever à un niveau supérieur : 12. Mon séminaire était encore ce qu'il y avait de plus chaud. Il me semblait distingué, affectueux, intellectuel. Historiquement, philosophiquement, moralement, il était ce qui se faisait de mieux, jusqu'à ce que j'aie vu autre chose, là aussi. J'avais, dans ce séminaire, le sentiment d'une ascension sociale et morale à la fois, une promotion dans tous les ordres de Dieu...
Malègue, Augustin,t. 2,1933, p. 264. − Notamment dans le domaine moral : 13. ... c'est avec cette mélodie que Guérin souhaite de se retrouver en accord, c'est dans « ce flux et ce reflux de la vie universelle » qu'il éprouve le désir de se baigner à nouveau. Atteint par la mort d'un être cher, il fera de son deuil le point de départ d'une ascension spirituelle : ...
Béguin, L'Âme romantique et le rêve,1939, p. 352. − Ou dans le domaine social : 14. Ce n'est qu'un idéal bourgeois que, de nos jours, propose le bourgeois à l'ascension du prolétaire.
Gide, Journal,1933, p. 1177. PRONONC. : [asɑ
̃sjɔ
̃]. Demi-longueur sur la 2esyll. du mot ds Passy 1914 et Barbeau-Rodhe 1930. Possibilité d'une prononc. avec [ss] géminées : as/s/- ds Barbeau-Rodhe 1930. Pour [ss], cf. aussi Fél. 1851, Littré et DG (à ce sujet, cf. ascendance1). ÉTYMOL. ET HIST. − 1. Fin xiies. relig. « montée miraculeuse de Jésus-Christ au ciel » (Naissance du Chevalier au cygne, 624 ds Gdf. Compl. : Al jor d'Asention vausis el ciel monter); 1172-75 « fête anniversaire de ce miracle » (Chr. de Troyes, Chevalier Charrette, éd. W. Foerster, Halle, 1899, 31-33 : A un jor d'une Asçansion Fu venuz devers Carlion Li rois Artus); 2. [1520 (date de compos. 1363), Guy de Chauliac, La Grande Chirurgie ds Fr. mod., t. 33, p. 202, sans attest.]; 1620 chim. (Jean Beguin, Les Elemens de Chymie, ibid., t. 14, p. 285 : Ascension et descension); 3. 1690 astron. (Fur. : l'ascension droite d'une étoile est le point de l'Equateur qui se trouve en même temps que cette étoile au Méridien); 4. 1700 phys. « mouvement par lequel un corps s'élève » (Dodart, Acad., 1700 Mém., p. 53, 55 ds Trév. 1752 : Les fibres des racines les plus exposées à l'ascension des vapeurs de la terre); cf. fin xviiies. « id. (d'un liquide) » (Laplace, Exp., IV, 17 ds Rob.); 5. 1796 astronaut. « action de s'élever dans les airs » (Id., Ibid., I, 16, ibid. : L'ascension la plus utile aux sciences a été celle de Gay-Lussac, qui s'est élevé à sept mille seize mètres au-dessus du niveau de la mer, hauteur la plus grande à laquelle on soit encore parvenu) [5 juin 1783, première ascension de montgolfière à Annonay d'apr. Rambaud, Hist. de la Civil. fr., t. II, p. 481, 1921, ibid.]; 6. 1845-46 « action de gravir la pente d'une montagne » (Besch. : La première ascension au mont Blanc a été faite par de Saussure [en 1786, Rob.]); d'où fig. 7. av. 1848 « montée vers une réussite, progrès » (Chateaubriand ds Lar. 19e).
Empr. au lat. ascensio, « action de monter » (Plaute, Rud., 599 ds TLL s.v., 759, 20); 1 lat. chrét. (Irénée, 1, 10, 1, ibid., 759, 29); au sens de « fête anniversaire de l'ascension du Christ », lat. médiév. (Concilia Aevi Merovingici [511-695], p. 8, 10 ds Mittellat. W. s.v., 1019, 5); 2 alchim., lat. médiév., xiies. (Tractatus Micreris, p. 97, ibid., 1019, 44); 4 phys. (St Augustin, Gen. ad litt. imp., p. 18 Vind. ds TLL s.v., 759, 49); 7 fig. « progrès » (Cicéron, Brutus, 137, ibid., 759, 52). STAT. − Fréq. abs. littér. : 759. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 433, b) 1 143; xxes. : a) 996, b) 1 646. BBG. − Allmen 1956. − Archéol. chrét. 1924. − Baulig 1956 (s.v. ascendant). − Bible 1912. − Bible Suppl. t. 1 1928. − Bouillet 1859. − Bouyer 1963. − Chass. 1970. − Chesn. 1857. − Darm. Vie 1932, p. 54. − Dheilly 1964. − Duch. 1967, § 48. − Foi t. 1 1968. − Goug. Mots t. 1 1962, p. 181. − Guilb. Aviat. 1965. − Guyot 1953. − Jossier 1881. − Lacr. 1963. − Lar. comm. 1930. − Le Roux 1752. − Littré-Robin 1865. − Marcel 1938. − Mar. Lex. 1933. − Muller 1966. − Nysten 1814. − Plais.-Caill. 1958. − Privat-Foc. 1870. − Sc. 1962. − Schwarz-Hadik 1966. − Théol. bibl. 1970. − Uv.-Chapman 1956. |