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ARÉOPAGE, subst. masc.
A.− ANTIQ. Colline consacrée au dieu Arès, à Athènes, située à l'ouest de l'Acropole, et choisie comme lieu de réunion de l'aréopage. Les bancs de l'aréopage.
P. méton. Conseil et tribunal d'Athènes qui siégeait sur cette colline, réputé pour sa compétence, son intégrité et sa sagesse. Être de l'aréopage, apparaître devant l'aréopage :
1. ... chaque nouvel élu subissait un examen, soit devant le Sénat, soit devant les magistrats sortant de charge, soit enfin devant l'aréopage; non que l'on demandât des preuves de capacité ou de talent; mais on faisait une enquête sur la probité de l'homme et sur sa famille; ... Fustel de Coulanges, La Cité antique,1864, p. 431.
B.− P. ext. Assemblée plus ou moins solennelle de personnes réunies, pour débattre d'affaires relevant de leur compétence :
2. ... j'ai rassemblé mes souvenirs, j'ai consulté les hommes qui, par état, sont investis de plus de confiance individuelle; je les ai réunis en comité, en tribunal, en sénat, en sanhédrin, en aréopage, et nous avons rendu la décision suivante pour être commentée par les littérateurs du vingt-cinquième siècle. Brillat-Savarin, Physiol. du goût,1825, p. 99.
3. Dans la salle à manger, l'aréopage était au complet. Papa occupait le centre. Notre mère tenait sa droite et le révérend fumait la pipe, à sa gauche. Au bas bout de la table, était plantée, toute raide, MlleLion. À l'autre, Alphonsine. H. Bazin, Vipère au poing,1948, p. 45.
SYNT. Aréopage de philosophes, de ministres, de généraux, de gens de lettres, des cinq « grands »; docte aréopage, président de l'aréopage.
P. iron. et péj. Groupe dénué de compétence ou de conscience. Aréopage d'imbéciles, de voleurs :
4. Devant moi, je le sais bien, je trouverai au long de ma route tous les groupements, toutes les écoles, tous les aréopages, ranimés et hostiles à mesure que le péril s'éloignera. Il n'y aura pas une routine ou une révolte, une paresse ou une prétention, un abandon ou un intérêt, qui ne doivent, d'abord en secret, plus tard tout haut, se dresser contre mon entreprise de rassembler les Français sur la France et de bâtir un état juste et fort. De Gaulle, Mémoires de guerre,1956, p. 322.
PRONONC. ET ORTH. − 1. Forme phon. : [aʀeɔpa:ʒ]. 2. Forme graph. − Les textes imprimés présentent parfois la forme fautive Aéropage, qui représente soit un lapsus, soit une réfection par fausse étymol. (tribunal en plein air), en relation avec l'habitude qu'avait ce tribunal de siéger la nuit.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. 1495 ariopage « tribunal d'Athènes qui siégeait dans un lieu consacré à Mars » (J. de Vignay, Mir. hist., 9, 98 ds Quem. : Adonc Paul estant au meillieu de l'ariopage dist); 1588 aréopage « id. » (Montaigne; Essais II, 12 ds Fr. mod. t. 23, p. 299); 2. p. ext. iron. 1714-19 « assemblée de savants » (La Motte, Fab. Fromage ds DG : Un singe, maître clerc du bailli du village ... Parut à nos deux chats tout un aréopage); 1762 « assemblée de juges, magistrats, etc. » (Ac.). Empr. au lat. areopagus (< gr. Α ρ ε ι ο ς π α ́ γ ο ς « la colline d'Arès », d'où « tribunal qui siégeait sur cette colline », Démosthène, 505, 10 ds Bailly), au sens 1 Varron, Ling. 7, 19 ds TLL s.v. Arès, 507, 5.
STAT. − Fréq. abs. littér. : 56.
BBG. − Bible 1912. − Bouillet 1859. − Dheilly 1964. − Lavedan 1964. − Marcel 1938. − Perraud 1963. − Pol. 1868. − Ritter (E.). Les Quatre dict. fr. Rem. lexicogr. B. de l'Inst. nat. genevois. 1905, t. 36, p. 351. − Spr. 1967. − St-Edme t. 1 1824.