| ARTIMON, subst. masc. MAR. Mât d'un bateau, placé devant le gouvernail et en arrière du grand mât : Le navire avait mis en panne vent dessus vent dedans; ce qu'indiquaient le petit hunier coeffé et le vent laissé dans le grand hunier; il avait bordé l'artimon et orienté le perroquet de fougue au plus près, de façon à contrarier les voiles les unes par les autres, et à avoir peu d'arrivée et moins de dérive.
Hugo, Les Travailleurs de la mer,1866, p. 175. SYNT. Brigantin, corne, flèche, foc d'artimon. − Arg. Passe derrière border l'artimon! ,,Commandement indiquant aux matelots qu'on va leur faire une distribution d'eau-de-vie`` (Lar. 19e). Roidir l'artimon. ,,Boire une double ration d'eau-de-vie, accordée à l'équipage et aux gens de quart lorsqu'ils sont fatigués par de rudes manœuvres`` (Lar. 19e). PRONONC. : [aʀtimɔ
̃]. ÉTYMOL. ET HIST. − 1. 1246 « la plus grande voile d'un navire gréé en voiles latines; elle se hissait au mât avant » (Champollion-Figeac, Doc. hist. inéd., Mél., t. 2, 2e, p. 62 ds Jal2[traduction fr. d'un acte d'affrètement de navire, écrit à Gênes] : item ladite nave doit avoir VII voiles de coton de Marseille, ou autre si vaillant, et seront des mesures dessous escrites, s'est a savoir : I voile pour l'artimon de LXVI goues, un tercerol de LXII goues, item un voile de LX goues. [Texte lat. d'apr. Vidos, Parole, p. 215 : Item quod habeat dicta navis vela VII cotoni de Marsilia vel equivalentia mensuram infrascriptarum, videlicet, pro artimono, velum unum cubitorum LXVI, tercelorum unum cubitorum LXII Item velum unum cubitorum LX]); cette forme se maintient au xviies.; 2. 1384 « nom du mât qui porte la voile d'artimon » (Bréard, Compte du clos des galées de Rouen au XIVes., p. 51, 1382-84 ds Jal2: de vieulx arbres pour galeez appeles artimons).
Prob. issu du b. lat. de Gênes artimonus « voile du mât », supra, du lat. class. artemo au sens de « petite voile » (Sénèque, Contr. 7, 1, 2 ds TLL s.v., 685, 61); au sens de « mât d'artimon » (Vitruve, 10, 2, 9 ds Ern.-Meillet); le lat. de Gênes est bien attesté au xiiies., supra et aussi, Procuration donnée par le podestat de Gênes à Guillaume de Varagine pour traiter avec les commissaires du roi Saint-Louis (13 septembre 1246) ds Champollion-Figeac, op. cit., II, 52 ds Vidos, Parole, 215 sqq. La forme artemon est directement empr. au lat. artemon; l'hyp. d'un empr. direct de la forme artimon au lat. (FEW t. 1, s.v. artemon, DG, Dauzat68) n'est pas acceptable du point de vue phonét.; celle d'une orig. génoise est corroborée par la localisation de la 1reattest. et le fait que le -e- protonique passe régulièrement à -i- en ancien génois (Vidos, loc. cit.). L'ital. artimone est issu du génois, et n'est pas à l'orig. du fr. (Sain. Lang. Rab. I, 119). STAT. − Fréq. abs. littér. : 12. BBG. − Bach.-Dez. 1882. − Barber. 1969. − Bonv. 1969. − Bouillet 1859. − Gruss 1952. − Jal 1848. − Le Clère 1960. − Mots rares 1965. − Soé-Dup. 1906. − Will. 1831. |