| ARTILLEUR, subst. masc. A.− Militaire versé dans l'arme de l'artillerie : 1. Au milieu du préau s'étalaient une douzaine de canons avec ou sans affûts, et des artilleurs étaient assis ou couchés à l'entour; des djelodârs ou écuyers tenaient des chevaux, dont les croupes satinées étaient en partie couvertes de housses à fonds cramoisis et à broderies bigarrées; ...
Gobineau, Nouvelles asiatiques,Histoire de Gambèr-Aly,1876, p. 148. 2. Les premiers jours, là où nous passions, il y avait trop peu de temps qu'on avait cessé de se battre pour que le terrain fût déjà nettoyé : si bien que nous trouvions encore les cadavres à leur place. Je revois ces deux artilleurs, à la sortie de Raon-l'Étape, frappés en même temps que leur pièce et morts à côté du canon éclaté, recroquevillés, les mains au ventre;...
Ambrière, Les Grandes vacances,1946, p. 32. B.− Argot 1. Ivrogne, homme qui boit beaucoup de canons (cf. A. Delvau, Dict. de la lang. verte, 1866, p. 13). 2. Chauffeur de taxi qui s'assure de grosses moyennes (cf. Esn. 1966) : 3. C'est le « coq » du garage, deux cent cinquante francs de compteur à la moyenne − menace de quitter la cabane (...) Le patron du garage pâlit à la pensée qu'un pareil artilleur puisse le quitter.
A. Simonin, J. Bazin, Voilà taxi!1935, p. 48. Rem. Dans l'emploi arg. 1, on pourrait aussi penser qu'il s'agit d'un synon. de canonnier (non-attesté), d'après canon de fusil « gosier »; l'emploi 2 semble se rattacher à une ext. de sens d'artillerie ,,moyens puissants dont on dispose dans une épreuve sportive`` (Esn. 1966), sans doute pour tirer dans les buts de l'adversaire. PRONONC. : [aʀtijœ:ʀ]. ÉTYMOL. ET HIST. − 1334 « celui qui fabrique des armes » (Actes normands de la Chambre des Comptes, 71, Delisle ds Quem. : Pour deux colombes mises en l'uisserie de la maison a l'artilleur); encore attesté au xiveet xves., Du Cange s.v. artillator et Gdf. Compl.; repris au xviiies., 1751 (Encyclop. t. 1 : Artilleur. C'est un officier quelconque attaché au corps de l'artillerie); 1798 plus gén. (Ac. : Artilleur. Celui qui sert dans l'artillerie).
Dér. du rad. de l'a. fr. artillier, début xiiies. « équiper, pourvoir d'engins » (Chev. au Barizel, 5, Méon, Rec., I ds Gdf.); suff. -eur2*. STAT. − Fréq. abs. littér. : 244. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 109, b) 412; xxes. : a) 459, b) 446. BBG. − Bruant 1901. − Esn. 1966. − France 1907. − Larch. 1880. − Larch. Suppl. 1880. − Sain. Lang. par. 1920, p. 36. |